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Le deuxième Congrès national d’"Alliance pour la Santé"
Une analyse de Jacques Valentin (http://gestionsante.free.fr) et de Jean-Daniel Metzger (http://silicium.blogspirit.com)
Nous avons tous deux une connaissance ancienne des médecines complémentaires et naturelles, au développement desquelles nous sommes favorables, tout en ayant des parcours et expériences forts différents. Nous sommes sans conflits d'intérêts. Compte tenu de nos réserves et de nos inquiétudes partagées portant tant sur les objectifs que peut se fixer Alliance pour la Santé que sur le parcours de certains de ses dirigeants il nous a semblé utile de mettre en commun nos analyses sur cette question afin de leur donner plus de poids et d'en assurer une plus grande diffusion.
Alliance pour la Santé : Une association en plein développement
Le 16 et 17 octobre 2010 s'est tenu le 2e Congrès national d’Alliance pour la Santé. Il s’agit d’une organisation assez récente qui semble avoir le vent en poupe. Que vaut-elle et qui la dirige ?
De nombreuses associations, des particuliers et des praticiens de santé rejoignent ces temps derniers une nouvelle structure dénommée « Alliance pour la Santé » de création récente qui vient de tenir son deuxième congrès, qui suit celui de sa fondation fin 2009. L’Alliance est également fortement soutenue par plusieurs titres de la presse santé ou écologique, comme en témoigne la plaquette support du dernier Congrès :
http://www.alliance-pour-la-sante.com/pdf/Programme_congres_APS_2010.pdf
Des responsables de revue sont même dans les instances dirigeantes,
comme Alexandre Imbert, directeur de la publication des revues «
Pratiques de Santé », « Plantes & Santé », «Quelle Santé » et
«Principes de Santé» et Pierre Andrillon éditeur de Votre Santé.
Il n'existe pas vraiment d'organisation fédérative représentative dans le domaine des médecines complémentaires et des pratiques de santé naturelles en France et il est évidemment très tentant de regrouper les efforts pour peser efficacement et donc de rejoindre une telle organisation. Mais il faut évidemment bien savoir à qui on a affaire avant de s'engager dans ce type de regroupement. Diverses associations sérieuses risquent de vouloir adhérer à Alliance pour la Santé et nous avons donc jugé important d'évaluer cette nouvelle organisation.
Le rôle de Jean-Marc Governatori dans le lancement d’Alliance pour la Santé
Cela ne commence pas bien car un certain Jean-Marc Governatori a été étroitement associé au lancement d'Alliance pour la Santé. C'est un ancien chef d'entreprise recyclé dans la politique avec un programme centré sur la santé alternative et l'écologie (après une première orientation plutôt poujadiste, cf. Wikipedia), thèmes qu'il tente d'utiliser pour relancer sa carrière personnelle. C'est un personnage à l'ego considérable qui a coutume de profiter des gens bénévoles et qui essaie de ratisser large.
Ce personnage ne nous est pas inconnu. Il avait cherché à embaucher un des rédacteurs de cet article [Jean-Daniel Metzger de http://silicium.blogspirit.com] comme
"nègre" dans le cadre d'un contrat aidé pour produire l'un de ses
bouquins. Lequel a refusé tout net ! Ce comportement est typique de ces
personnages sans idées personnelles bien définies et qui se font faire
des programmes clé en main par des bénévoles plus compétents qu'eux
qu'ils vont ensuite vendre aux élections avec un bagou de représentant
de commerce. On a bien tort d'être ensuite surpris de leur versatilité
en terme de stratégie ou même de programme, au gré des opportunités
politiques.
La trajectoire politique de GOVERNATORI est déjà bien remplie et nous ne reprendrons que quelques épisodes récents.
Aux élections législatives de 2007, il présente des candidats à peu
près partout en France avec son parti La France en action en tentant de
s'appuyer sur le mouvement de la santé alternative. Les milieux
politiques dirigeants français, probablement inquiets à l'idée qu'il
s'implante durablement dans le paysage politique français en obtenant
plus de 1% des voix et le remboursement de ses frais de campagne, font
monter à l'assaut contre lui le député Georges Fenech, un représentant
de la droite dure, importateur des concepts de la droite sécuritaire
américaine sur la "Tolérance zéro", qui s'est fait autrefois comme
magistrat une réputation dans la lutte contre les sectes, ce qui lui
sert à masquer ses véritables idées politiques réactionnaires (il était
membre de l'APM dissoute suite à des "dérapages" antisémites et qui se finançait dans le conseil et le contrôle non officiel pour les élections des présidents - dictateurs en Afrique). Fenech accuse le
parti de Governatori d'avoir des liens avec divers mouvements
sectaires. Lancée dans les derniers jours de la campagne, pour empêcher
toute contre-attaque, l'accusation, reprise avec zèle dans tous les
médias, fait mal et fait certainement perdre nombre de voix aux
candidats de La France en action, et en tout cas le mouvement fait moins
des 1% nécessaires pour se faire rembourser sa campagne. Plus que
d'accointances sectaires proprement dites, c'est le "ratisser large" de
Governatori dans les milieux écologiques et santé alternatifs les plus
divers qui lui aura fait du tort. Mais le coup tordu organisé contre son
parti ne doit pas pour autant le faire passer pour un personnage
recommandable.
Pour la petite histoire l'élection de Fenech a été invalidée et il a
été déclaré inéligible pour un an, les comptes de campagne de cet ancien
magistrat n'étant pas conforme à la loi... Vraiment pas de chance !
Pour le caser quelque part après ce fiasco, on n'a rien trouvé de mieux
que de le nommer... à la Miviludes le bras armé de l'Etat dans la lutte
contre les sectes ! Fort logique comme récompense, en tout cas selon les
critères du marigot politique français, au vu de son récent fait
d’arme. Lire les bios de Fenech et Governatori sur Wikipedia pour plus
de détails.
Suite à un nouveau virage politique de Governatori, destiné probablement
à le sortir de l’isolement politique, celui-ci a rapproché son
organisation de celle des écologistes d'Antoine Waechter du Mouvement
écologiste indépendant et de Génération Ecologie au sein de L'Alliance
écologiste indépendante dont il est devenu un des trois co-présidents.
Cette mouvance est politiquement proche du centre droit par opposition
aux écologistes proche du parti socialiste (lesquels sont beaucoup plus
puissants politiquement). C’est dans cette mouvance que Borloo s’est
donné une image écologique via Génération Ecologie et qu’Antoine
Waechter a appelé à voter pour François Bayrou aux dernières
présidentielles. Bref une feuille de vigne écologiste en réserve pour la
droite comme les écologistes de gauche le sont pour les socialistes.
Nos trois compères "réfléchissent" ensemble en ce
moment à mettre une personnalité "de poids" sur orbite politique pour
les prochaines présidentielles. Peut-être Brigitte Bardot ? Mais
d’autres « vedettes » seraient aussi en lice. On voit qu'à
l'Alliance Ecologiste Indépendante ça cogite dur :
http://www.alliance-ecologiste-independante.fr/brigitte-bardot-envisage-de-se-presenter-a-la-presidentielle-2012.html
Selon Le Figaro du 8/11/2010, cette brillante proposition aurait été
annoncée sans concertation par M. Governatori. Du coup Génération
Ecologie a quitté l'Alliance écologiste indépendante qui perd ainsi une
de ses trois composantes :
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/11/08/97001-20101108FILWWW00464-generation-ecologie-quitte-laei.php
Inquiétudes diverses sur le rôle de Governatori dans Alliance pour la Santé
Tout cela est assez pitoyable, mais revenons à Alliance pour la Santé.
Tout le monde ne souhaite pas rejoindre le mouvement, ou plutôt
certains l'ont déjà quitté. Jean-Marie Mora, le président de la Ligue
Nationale Pour la Liberté des Vaccinations qui a la tête sur les épaules
et beaucoup d'expérience, a publié une mise en garde à propos de
Governatori et d'Alliance pour la Santé qu’il a quitté avec quelques
autres peu de temps après sa création :
http://www.infovaccin.fr/mise_au_point.html
Ces mises en garde vont bien dans le sens de ce que nous venons d'écrire sur Governatori.
Bien
que Governatori soit actuellement en retrait, en tout cas en terme de
communication, sur le site d'Alliance pour la Santé, où il apparaît
modestement en tant que membre consultatif dans l'organigramme,
http://www.alliance-pour-la-sante.com/organigramme.html
il était très présent au colloque de lancement en 2009 comme l'illustre le compte rendu de Votre Santé et de l’AGNVS:
http://www.votre-sante.com/suite.php?dateedit=1259145599
http://www.alliance-pour-la-sante.com/la-lettre-de-lagnvs-du-7-decembre-2009.html
Le journaliste indépendant Jean-Luc Martin-Lagardette qui a une bonne
connaissance des questions de santé alternatives s’est posé des
questions assez similaires aux nôtres sur les liens entre Governatori et
Alliance pour la Santé. Il a écrit récemment : « si ce
nouveau réseau se veut « citoyen et apolitique », comment
expliquer le soutien que lui apporte J.-M. Governatori, président
d’un parti politique ? Est-ce de sa part un soutien passager, le
temps que le mouvement acquière son autonomie ? Ou est-ce pour
M. Governatori un tremplin pour rebondir en utilisant une vague
porteuse après ses échecs électoraux, comme le lui reprochent notamment
la Ligue nationale pour la liberté de vaccination (LNLV), le docteur
homéopathe Martine Gardénal et l’écrivain Sylvie Simon, qui l’avaient
accompagné un moment ? »
http://www.carevox.fr/sante-naturelle-57/article/alliance-pour-la-sante-un
Il faudrait prendre du temps pour cerner le profil de certains autres membres d'Alliance pour la Santé, mais outre Governatori il est à craindre que l'organisation comporte d'autres personnages tout aussi opportunistes et que tout cela puisse se payer assez cher à la première difficulté où dès qu'il faudra défendre des positions de principe.
Des personnes provenant de la MILCT (Mouvement international pour le libre choix thérapeutique) font partie des instances dirigeantes d’Alliance pour la Santé :
La MILCT est une association ancienne et à priori sérieuse... L’adhésion
de membres d’une association à une autre plus importante et plus
efficace n’a rien de critiquable en soi, c'est en fait un des buts
d'Alliance pour la Santé que d'effectuer ce type de regroupement, mais
mérite néanmoins que l’on s’y arrête du fait de certains positionnements
de la MILCT que nous allons évoquer et de la présence de certains
membres ou proches dans le cercle dirigeant d'Alliance pour la Santé.
Provenant de la MILCT on trouve d'abord Pierre-Yves Maignan (président de la MILCT, au comité de pilotage d’Alliance pour la Santé) et Isabelle Robard une avocate spécialisée de longue date dans la défense des médecines alternatives (très souvent citée en relation avec la MILCT), qui est membre consultatif et une des porte-paroles d’Alliance pour la Santé. On pourra lire son portrait en 2003 par Biocontact repris par un autre site avec une référence appuyée à la MILCT : http://www.coordiap.com/press15.htm
On trouve aussi des interviews audio vidéo
récentes qui s’en tiennent le plus souvent à des généralités sur le
libre accès aux médecines non conventionnelles en France et à
l’étranger :
http://www.lepost.fr/article/2010/03/04/1971041_medecines-non-conventionnelles-maitre-isabelle-robard-donne-un-carton-rouge-aux-politiques.html
Lors d’un débat sur l'alimentation et la
restauration où elle évoque un ouvrage qu’elle a co-écrit en 2004 avec
Thierry Souccar, un spécialiste reconnu et respecté de la nutrition et
de la complémentation, « Santé, Mensonges et
Propagande » :
http://www.dailymotion.com/video/xc3bcv_maitre-isabelle-robard-specialiste_news
Son apparition lors du dernier Congrès d’Alliance pour la Santé pour quelques propos très généraux :
http://www.ouvertures.net/portail/l_id.asp?doc_id=388
L'un des rédacteurs de cet article
[Jacques Valentin de Gestion Santé]
se souvient avoir découvert avec intérêt, il y a plus d'une dizaine
d’année, les analyses juridiques d’Isabelle Robard dans un magazine
santé où elle tenait rubrique. L’absence de culture juridique dans les
milieux de la santé alternative était flagrante et cet éclairage,
nouveau à bien des égard à l’époque, semblait aussi utile que
pertinent. Mais il a du déchanter en ce qui concerne Me Robard au fur
et à mesure que ses propres connaissances augmentaient sur différents
sujets santé et que le discours de Me Robard restait à bien des égards
figé et de plus en plus en décalage par rapport au développement de la
législation notamment au niveau européen. Elle donne encore
aujourd’hui, par exemple, une importance qui nous semble vraiment
démesurée à une résolution du parlement européen de 1997, alors que ce
type de vote contrairement aux directives européennes n’a aucune valeur
contraignante ou structurante et alors que de nombreux autres textes
d’une toute autre importance et très dangereux pour les médecines
complémentaires ont été votés par l’Europe :
http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=138.
Nous ignorons si Me Robard a fait partie du bureau de la MILCT a été simple adhérente ou expert juridique extérieur… mais elle est visiblement un expert juridique reconnu pour la MILCT et Maignan la cite régulièrement comme faisant autorité sur les questions juridiques en rapport avec les médecines complémentaires et le droit de la santé qui s’y rapporte.
La MILCT n’ayant pas de site Internet et faute d’avoir en main leurs brochures d’informations, il est difficile de savoir si d’autres membres en vue de la MILCT figurent dans les nouvelles instances dirigeantes d’Alliance pour la Santé. La brochure n°11 que nous avions consulté il y a quelques années annonçait une diffusion gratuite, qui nous avait semblé énorme, auprès d’un millier de leaders d’opinion ! Peut-être une exagération, mais qui reflétait probablement un financement par de généreux donateurs, dans ce cas en général des entreprises, plutôt que par les cotisations des adhérents, la brochure sans être luxueuse étant de qualité professionnelle. Curieusement il ne reste pas grand chose de ce glorieux travail d’information sur Internet mis à part un travail intéressant sur la légalisation de l’ostéopathie et des prises de position ultra discutable sur les compléments alimentaires.
La MILCT semble en effet avoir fait un
travail utile dans le domaine de l'ostéopathie même si nous n'avons pas
d'information de première main sur leur action pour en évaluer la
pertinence et l’utilité en toute certitude :
http://www.cnosteo.com/usagers/milct.html
Cette précision sur l’ostéopathie pour ne pas avoir l'air de noircir
délibérément et comme à plaisir le tableau, compte tenu de ce qui suit
où nous sommes très critiques à l'égard de la MILCT.
En effet dans un autre domaine, qui a une énorme incidence dans le
domaine des médecines complémentaires, les prises de position de la
MILCT se sont révélées particulièrement néfastes, il s'agit de la
réglementation européenne des compléments alimentaires.
Un rappel historique s'impose sur les évènements et les polémiques
ayant entouré la directive européenne de 2002 sur les compléments
alimentaires. Cela va nous faire remonter jusqu’en 1994 pour vraiment
situer les enjeux et perspectives ainsi que les positions des uns et des
autres sur ces questions fondamentales.
Le site de l'un d'entre nous Gestion Santé a
souvent évoqué la directive européenne de 2002 sur les compléments
alimentaires et le coup terrible qu’elle a porté à la libre mise à
disposition de compléments alimentaires de qualité et à la circulation
des compléments alimentaires en Europe et entre l’Europe et USA.
Avant la directive chaque pays avait sa législation, allant de très
libérale à très répressive, avec évidemment la France comme championne
de la répression, on s'en serait douté ! Mais la libre circulation des
produits en Europe permettait progressivement, notamment via Internet,
aux européens et aux français de se fournir partout en Europe, les pays
les plus libéraux (Angleterre et Irlande en particulier) servant de porte d'entrée aux produits venant
des USA. Aux USA le marché était parvenu à maturité bien avant
l'Europe, suite à la mise en place du "Dietary Supplement Health &
Education Act" de 1994 qui a libéralisé le secteur qui s'est alors très
fortement développé. Cela a permis d'avoir des produits à la pointe
de l'innovation dans tous les domaines, avec des dosages adéquats en
composants actifs utiles à la santé et avec un remarquable rapport
qualité - prix, le marché étant très concurrentiel. En terme de santé
publique, le résultat est excellent, il y a très peu d'accidents, les
compléments alimentaires sont des produits très surs qu'il n'y a pas
besoin de sur-réglementer, on a maintenant 16 ans de recul pour en
témoigner.
Dans tout autre secteur économique les américains auraient mis une
pression énorme pour que les européens adoptent des dispositions copie
conforme de la législation américaine pour pouvoir y exporter leurs
produits et bénéficier de la maturité de leur marché par rapport à celui
des européens. Ce n'est pourtant pas ce qui s’est produit, car rien
n'est simple dans le domaine des compléments alimentaires. Les
multinationales américaines et européennes du médicament n'ont en fait
jamais accepté la législation américaine de 1994 qui fait peser une
énorme menace sur leur système de profitabilité. Ce sont des mastodontes
économiques par rapport auxquelles les plus grosses sociétés de
compléments sont des lilliputiens. Les firmes pharmaceutiques tremblent à
l'idée que la complémentation nutritionnelle ne soit intégrée à terme
dans la pratique médicale courante et ne vienne désintégrer les
pratiques de prescription dans le domaine des pathologies chroniques et
dégénératives qui mettent en avant des médicaments hors de prix et
souvent mal évalués, lesquels provoquent de nombreux effets secondaires,
sans avoir le plus souvent un intérêt thérapeutique évident. Une
utilisation générale et bien conduite de la complémentation alimentaire
selon des protocoles ad hoc balayerait du marché une bonne partie des
médicaments actuels, souvent parmi les plus lucratifs. Pour l'instant
les firmes pharmaceutiques, qui façonnent très largement les pratiques
médicales et les règles de prescription au niveau international, ont
réussi à cantonner la complémentation dans le champ d'une pratique de
santé privée, en automédication, ou préconisée par des naturopathes et
quelques médecins innovants mais pour l'hôpital et dans le domaine des
préconisations générales en matière de soins pour la population, le
verrouillage reste quasi complet au profit des médicaments
traditionnels.
La législation US de 1994 a été obtenue
suite à un heureux concours de circonstance, en profitant de la brève
parenthèse "libérale" du début de règne de la première présidence de
Bill Clinton avant que celui-ci ne s'aligne sur les dictats des
multinationales. Depuis les multinationales de la santé redoublent de
vigilance et surveillent de près la réglementation internationale pour
bloquer autant que possible toute libéralisation des compléments
nutritionnels et elles cherchent à remettre en question l'équilibre
existant chaque fois qu’une opportunité le permet.
La directive européenne de 2002 (qui ne concerne sous sa forme
actuelle que les vitamines et les minéraux) en porte la marque. Elle est
diamétralement opposée aux dispositions américaines de 1994 car les produits européens pour être autorisés doivent être inscrits sur une "liste positive". Une
"liste positive" est une liste restrictive listant nominativement les
éléments minéraux et vitaminiques autorisés et les formes chimiques sous
lesquels ils peuvent se présenter (c.a.d. les types d'extraits, les sels chimiques autorisés, etc.). Tous
ce qui n'est pas sur la liste est interdit de commercialisation (avec
une date limite de retrait fixée au 31/12/2009 pour les produits non
conformes existant en 2002) ! La liste initiale de 2002 était pleine
d'omissions. Il aura fallu 8 ans pour avoir une liste qui intègre à peu
près toutes les vitamines et des minéraux existant, mais très
incomplète encore pour les formes chimiques autorisés, alors que nous
avons dépassé la date limite de retrait des formes précédemment en
circulation. C'est l'inverse quasi parfait de la législation US où tous les produits naturels et les extraits standardisés, avec des dosages libres,
sont autorisés à priori et assimilés à des produits alimentaires. Les
règles de sécurité sont fondées sur les connaissances traditionnelles
accumulées concernant les produits. Les interdictions doivent être
fondées sur la preuve d'une toxicité amenée par la Food and Drug
Administration. Cette inversion de la preuve est fondamentale,
car elle permet de mettre sur le marché une multitude de produits et de
dérivés de ceux-ci et elle limite au maximum les frais de dossiers pour les
fabricants qui peuvent donc réagir rapidement en terme d'innovation.
Cela permet aussi à de nombreuses PME innovantes de se lancer sur le
marché et de créer un marché animé et concurrentiel et une baisse
régulière des prix.
Avec une liste positive c'est vraiment la catastrophe. Tout
lancement d'une simple nouvelle formule chimique prend des années, les
frais de dossiers sont ruineux, et l'entreprise lançant le produit paye
pour ses concurrents (en l'absence de protection par le brevet en
matière de compléments alimentaires), les délais sont interminables, les
décisions sont marquées par l'arbitraire, etc. Par ailleurs la
directive initiale ne prévoyait pas de procédure de demande bien définie
pour l'enrichissement de la liste positive et les procédures concernant
les dosages (qui ne sont toujours pas finalisées) s'annoncent également
très restrictives, selon le pseudo principe de sécurité du
consommateur. On risque donc d’avoir des dosages se rapprochant de ceux
qui peuvent être obtenus par l’alimentation, autrement dits très faibles
(en particulier pour de nombreuses vitamines ou des effets santé intéressants
nécessitent des prises à plusieurs fois le dosage des apports alimentaires).
Les tentatives de contestation de la directive de 2002
Faute d'organisation des consommateurs, des praticiens et des
entreprises dans le domaine du complément alimentaire au niveau européen
avant 2002, les réactions ont été tardives. Des regroupements comme
l'ANH, Alliance for Natural Health (http://www.anh-europe.org),
se sont néanmoins créés en Angleterre pour tenter de faire barrage à la
directive en l'attaquant en justice. C'est une procédure rare car
coûteuse et surtout utilisée par les Etats et les grosses entreprises,
pour des raisons financières. Cela montre qu'ANH avait dépassée une
masse critique en terme d'organisation et de moyens financiers.
L'annulation de la directive aurait rétabli la situation initiale :
chaque pays aurait eu sa législation spécifique et les produits
américains auraient continués à bénéficier de portes d'entrée sur le
marché via les pays les plus libéraux. Les consommateurs mieux organisés
au niveau européen, auraient pu peser de tous leurs poids sur une
nouvelle rédaction de la directive et obtenir une version beaucoup plus
libérale, surtout après le camouflet d’une annulation de la directive
dans un tel contexte. Malheureusement l’ANH n’a pu obtenir que des
adaptations, dont certaines très importantes, de la directive à
l’occasion du jugement.
La MILCT monte au créneau pour décourager consommateurs et fabricants de soutenir la position de l'ANH
Or cette stratégie a rencontré à l’époque un virulent contre-feu en
France qui visait clairement à ce que les consommateurs et les
fabricants français ne s'alignent pas sur les positions d'Alliance for
Natural Health.
Et devinez qui s'est chargé de
s'extasier devant la directive européenne et de défendre l'indéfendable ?
Tiens ! c'est Pierre-Yves Maignan en tant que président de la
MILCT !
http://www.naturemania.com/naturo/compalim.html
Maignan concluait son article par "En conséquence de tout cela, vous constaterez que non seulement les compléments alimentaires ne sont actuellement aucunement menacés par l'Union européenne
mais qu'en plus l'Europe communautaire est un formidable levier pour
contraindre la France à enfin tenir compte des compléments alimentaires
ne bénéficiant pas actuellement de textes adaptés et aboutissant à un
terrorisme juridictionnel qu'elle fait subir aux fabricants,
distributeurs et même aux magasins de diététique." (notre souligné)
Au vu de nos explications précédentes concernant la différence entre
le marché US et le marché Européen régulé par la directive de 2002, on
comprend ce que valait la prise de position de Maignan qui visait à cautionner le principe de la liste positive.
Des français, dont l'un de nous [Jacques Valentin] organisés dans
l'ADSNB, une association de défense de l'accès aux compléments,
aujourd'hui disparue, ont tenté à l'époque de faire changer de position
la MILCT en lui signalant l'incohérence de ses positions. Nous espérions
encore dans une démarche constructive pouvoir regrouper nos forces avec
celles de la MILCT pour aller dans le bon sens et peser utilement :
http://gestionsante.free.fr/milct.htm
Mais Maignan n’a pas cherché à rapprocher les positions et a au
contraire décidé de contre-attaquer montrant qu'il défendait des
positions diamétralement opposées aux nôtres et que sa
prise de position initiale ne constituait en rien une maladresse :
http://www.naturemania.com/naturo/compalim2.html
Il nous y répondait "point par point" disait-il... sans nommer ses
adversaires ni permettre de lire leur argumentaire (on n'est jamais trop
prudent)...
Maignan s'est fait dans ce second texte l'avocat de la liste
positive des compléments alimentaires, des modalités prévues pour la
compléter et ne s'inquiétait absolument pas des limites supérieures de
sécurité qui seraient fixées pour les vitamines et minéraux. Non
vraiment pour lui tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
On lui avait d’ailleurs confirmé « en haut lieu » le
caractère libéral de la directive et vraiment il ne fallait rien
redouter de la bureaucratie et de la paperasserie européenne. Il fallait
faire confiance et voir venir :
"Cette liste limitative de vitamines et minéraux annexée à la directive
du 10 juin 2002 est une liste limitative provisoire puisqu'elle peut
être enrichie à partir de requêtes spécifiques en vue de l'insertion de
nouvelles substances à l'annexe II de la même directive. En
conséquence, cette liste sera régulièrement mise à jour sur la base des
demandes formulées par les parties intéressées. Encore faut-il que des
dossiers aient été déposés afin de savoir s'il y a de réelles
difficultés ! (...) En conséquence, comment est-il possible
d'affirmer que les coûts de ces demandes sont très élevés alors qu'aucun
dossier n'a été déposé, y compris par les plaignants, et qu'il nous a
été confirmé officiellement que les coûts n'avaient rien d'exorbitants ?
Concernant les dosages de vitamines et minéraux en question, comment
peut-on affirmer que "les dosages des limites supérieures pourront être
fixés de façon discrétionnaire et probablement à des niveaux très bas",
alors que ces dosages ne sont toujours pas fixés à ce jour et qu'ils
le seront sur la base également des dossiers présentés par les
laboratoires concernés par la fabrication des compléments alimentaires." (les soulignés sont de Maignan)
En réalité les frais pour ajouter un produit à la liste sont élevés
car il faut présenter diverses études de toxicologies, des études
concernant l'assimilation du produit, etc. Donc des frais de recherches
dans certain cas, payer des spécialistes, compiler les données, les
présenter au mieux et c'est le fabricant qui présente le dossier qui
finance l'entrée du produit sur le marché pour la concurrence. Super
motivant comme on peut l'imaginer, surtout pour des PME ! Quand aux
limites supérieures de dosages contraignantes, si elles ne sont pas
toujours fixées au niveau européen, il est important de savoir que ANH,
précédemment cité, lutte pied à pied pour faire changer les
méthodologies de définition du risque qui en l'état actuel nous annonce
des dosages faméliques pour les compléments alimentaires :
http://www.anh-europe.org/campaigns/risk-assessment
L’existence même du principe qu'il faut
fixer des limites de sécurité a déjà permis au gouvernement français de
fixer, en attendant les règles européennes et en toute légalité, des
limites supérieures dérisoires pour de nombreuses vitamines qui obligent
à reformuler les produits spécifiquement pour le marché français pour
les fabricants qui souhaitent rester dans la légalité. Quel beau résultat en terme d'accès aux compléments et de libre circulation, 8 ans après le vote de la directive !
Et encore, heureusement que suite au procès mené par ANH la Cour
Européenne de Justice a quasiment réécrit une partie de la directive
pour prévoir les modalités d'enrichissement de la liste positive pour la
rendre transparente, augmenter les produits éligibles et limiter au
maximum les coûts de dépôts des dossiers et imposer toutes ces modalités
à la Commission Européenne. Tout cela a limité la casse. Si on était
resté en l'état initial de la directive, c'était la catastrophe !
http://gestionsante.free.fr/recours%20CEJ.htm
La directive sur le médicament de 2004.
Vers cette époque l'ANH et les français de
l'ADSNB étaient également montés au créneau, en 2003, sur une autre
question, pour tenter de faire modifier une nouvelle directive
européenne sur le médicament car celle-ci brouillait gravement la
frontière entre médicaments et compléments alimentaires et risquait de
faire basculer à nouveau les compléments dans les médicaments et
d’aboutir à de nouvelles interdictions :
http://gestionsante.free.fr/PEStrasbourg_gf2.htm
Comment Maignan se positionnait-il par rapport aux menaces que la
Directive sur le médicament faisait peser sur les compléments
alimentaires ? Et bien pour lui il n'y avait aucune menace et tout
allait à nouveau pour le mieux dans le meilleur des mondes :
"Nous confirmons qu'un seul et unique texte réglemente les compléments
alimentaires. Ce qui était différent auparavant puisque seul le droit
relatif à la définition du médicament s'appliquait étant donné qu'il n'y
avait pas de textes spécifiques du complément alimentaire. Le code
communautaire du médicament a été modifié avec une nouvelle définition
du médicament qui permet justement d'éviter les conflits de textes en
permettant à un produit entrant dans le champ juridique du complément
alimentaire de ne pas tomber dans celui du médicament. L'objectif
est d'éviter du contentieux au niveau communautaire à ce sujet, compte
tenu du grand nombre de plaintes déposées à Bruxelles sur ce thème."
(les soulignés sont de Maignan).
Nous avons aujourd'hui un peu de recul et nous pouvons donc mieux évaluer les capacités prophétiques de Maignan. Or justement Gestion Santé
a fait récemment le point sur l'évolution catastrophique de la
réglementation sur les compléments alimentaires en France à nouveau
étranglés... grâce à la directive européenne sur le médicament
transposée telle quelle en droit français :
http://gestionsante.free.fr/journal_de_bord_0510.htm#23_05_10
"Il en ressort que la Cour de Cassation exigerait désormais une
application extrêmement pointilleuse de la notion de médicament par
fonction et de médicament par présentation sans tenir compte du fait que
le produit figure ou non par ailleurs dans la liste positive de la
directive européenne sur les compléments alimentaires sur les vitamines,
minéraux et oligo-éléments ou dans le décret de 2008 autorisant la
vente de nouvelles espèces de plantes médicinales en dehors des
pharmacies."
Vraiment de bon conseil ce M. Maignan. Tellement perspicace que quand
il vous indique la droite vous pouvez tourner à gauche sans quasiment
risquer de vous tromper !
Et voyons maintenant les plantes.
M. Maignan donne d'abord une information exacte en disant à propos d'une directive du 31 mars 2004 que :
"cette directive récente sur les plantes concerne les AMM allégées en
matière de plantes bénéficiant d'un usage traditionnel compris entre 15
et 30 ans. Ce texte européen est le pendant de la réglementation
française sur les AMM allégées datant de 1982."
Autrement dit, elle concerne le secteur des médicaments et pas celui
des compléments alimentaires. Mais au lieu de s'inquiéter de ce que
cette nouvelle directive risque de médicaliser les plantes en les
sortant du domaine du complément alimentaire pour les faire entrer via
une procédure simplifiée dans celui du médicament et que cette directive va à terme entrer en collision frontale avec la distribution des plantes en compléments alimentaires, Maignan écrit au contraire immédiatement après :
En conséquence, cette directive plantes n'a strictement rien à
voir avec les compléments alimentaires. Pour votre information, une
directive probablement spécifique ou qui viendrait compléter la 2002/46
devrait être prise en vue d'intégrer les plantes dans les compléments
alimentaires mais n'ayant rien à voir avec celle dont vous parlez. (les soulignés sont de Maignan).
Evaluons une nouvelle fois les capacités prophétiques de M. Maignan.
Justement Jean-Daniel Metzger s'est tout récemment inquiété de cette
même directive sur les plantes :
http://silicium.blogspirit.com/archive/2010/10/17/fausse-alerte-a-propos-de-l-interdiction-des-plantes-medicin.html
Il en ressort que cette directive va avoir deux effets : 1) bloquer l'entrée des pharmacopées étrangères
(ayurvédiques et chinoises notamment) dans l'Union Européenne car elles
ne pourront revendiquer un usage traditionnel ancien en Europe pour
passer en procédure simplifiée dans la pharmacopée et 2) étouffer à terme le marché des compléments alimentaires car
toutes les plantes autorisés auront de toute façon un statut légal
renforcé en tant que médicament et seront pourchassées par les pouvoirs
publics si elles sont vendues comme compléments. C'est déjà le cas en France
où la Cour de Cassation (voir nos remarques ci-dessus) vient de facto
d'annuler l'extension réglementaire de la liste des plantes pouvant être
vendus en dehors des pharmacies, qui était intervenue en 2008. Quand
à l'ajout des plantes dans la liste des compléments alimentaires de la
directive européenne, rien n'est prévu dans ce domaine contrairement à
ce qu'indiquait le toujours si rassurant et si bien informé M. Maignan
il y a quelques années...
Rien d'étonnant à cela, car la Commission
Européenne ne veut surtout pas que la directive de 2002 repasse au
parlement européen, alors qu'il serait logique de l'étendre à de
nouvelles catégories de produits en dehors des vitamines et minéraux. En
effet les consommateurs nettement mieux organisés qu'à l'époque
risqueraient d'obtenir des députés une version plus libérale de la
directive initiale à l'occasion de son réexamen !
Donc voilà le portrait de Pierre-Yves MAIGNAN qui est aujourd'hui un des "pilotes" de Alliance pour la Santé.
Comment comprendre ses prises de position sur la directive sur les
compléments alimentaires ? Il faut revenir au passage de sont texte que
nous avons déjà cité :
"... en plus l'Europe communautaire est un formidable levier pour
contraindre la France à enfin tenir compte des compléments alimentaires
ne bénéficiant pas actuellement de textes adaptés et aboutissant à un
terrorisme juridictionnel qu'elle fait subir aux fabricants,
distributeurs et même aux magasins de diététique. C'est pour cette
raison que la France prépare une réforme en faveur des compléments
alimentaires."
En fait Maignan se positionne en défenseur des intérêts à court
terme des fabricants et des distributeurs français de compléments dont
il se faisait le porte parole. Les fabricants et des distributeurs
français ont eu les reins brisés par des décennies de harcèlement
administratif mené par l'Etat au bénéfice des intérêts de l'industrie
pharmaceutique. Ils sont aux abois et terrifiés par l'Europe et encore
plus par les USA dont les fabricants vont leur tailler des croupières si
le marché se libère sur la base des critères US. Ils distribuent leurs
produits sous-dosés aux prix de l'épicerie de luxe pour se faire de
l'argent rapidement dans un marché instable et plein de chausse-trapes,
particulièrement dissuasif pour les stratégies d’investissement à long
terme. Mais voilà M. Maignan qui leur promet grâce à l’Europe la
stabilité et la légalité qu’ils attendaient tant et dans un cadre qui va
peu changer leurs habitudes et la nature des produits qu'ils
distribuent déjà !
Mais il faut aussi le dire clairement, les fabricants et distributeurs français de compléments alimentaires et leurs représentants défendent des intérêts qui ne sont malheureusement en rien ceux des consommateurs ! Les intérêts des consommateurs sont en fait contradictoires à leurs intérêts, car défendre le consommateur en autorisant la libre circulation de compléments alimentaires de qualité sur un marché unifié intégrant Union Européenne et USA, c'est faire le jeu de puissants concurrents étrangers et risquer de détruire une bonne partie de l'industrie nationale des compléments. Alors les fabricants choisissent des positions attentistes à court terme et celles que défend M. Maignan sont taillées sur mesure pour eux.
Voici donc les positions du président de
la MILCT, s’exprimant en tant que tel et jamais contredit publiquement
par d’autres membres ou amis de la MILCT et je pense ici notamment à Me
Robard précédemment évoquée, experte supposée de ces questions et qui
campe sur les mêmes positions, ainsi de ce texte où elle présente la
transposition en droit français de la directive de 2002 comme « Une
bonne leçon pour la France désormais obligée de respecter le libre
choix nutritionnel et thérapeutique. » :
http://www.lanutrition.fr/communaute/opinions/point-de-vue/isabelle-robard-complements-alimentaires-la-france-a-enfin-une-reglementation.html
Les positions de la MILCT ne
correspondaient absolument pas aux intérêts à court, moyen ou long terme
du citoyen français ou européen qui souhaiterait disposer de
compléments biens dosés à un prix compétitif. C'est là pour nous
l'essentiel. La situation du marché français où l'on paie des
compléments sous-dosés couramment 3 fois plus cher qu'aux
USA (je n'exagère malheureusement pas l'échelle multiplicative) et là
pour en témoigner.
Voilà en tout cas une présentation pas franchement rassurante du rôle
joué ces dix dernières années par la MILCT dans le domaine des
compléments alimentaires. Or plusieurs têtes pensantes de la MILCT se
retrouvent, semble-t-il, maintenant parmi les "pilotes" d'Alliance pour
la Santé. Bref, gare au naufrage !
Le congrès qui vient de se dérouler le WE dernier a été ouvert aux "professionnels" qui assurent visiblement le financement.
http://www.alliance-pour-la-sante.com/congres-national-2010-de-lalliance-pour-la-sante.html
A voir si l'indépendance peut-être préservée dans ces conditions... sachant que ces professionnels sont notamment les distributeurs de compléments alimentaires dont nous avons vu que, pour diverses raisons, leurs intérêts pouvaient être à certains moments en contradiction flagrante avec celles de leurs concitoyens en matière de santé. Certaines revues partenaires d'Alliance pour la Santé sont également en symbiose avec les fabricants du fait de l'importance financière souvent énorme qu'occupe la publicité dans ces revues. Certains praticiens ont également des relations plus ou moins étroites avec certains fabricants. Loin de moi, l'idée de dire "tous pourris" mais il faut quand même être réaliste sur l'importance des phénomènes de dépendances économique et financières et tenter de cerner leur influence et surtout chercher à s'en dégager afin qu'il ne viennent pas polluer le processus de réflexion et de décision. L'adage populaire dit « qui paie commande » nous verrons à l'usage ce qu'il en est...
Il n'y a évidemment pas que les compléments alimentaires qui relèvent des médecines complémentaires et du droit à la santé naturelle, mais c'est quand même un très gros morceau et il est très structurant pour le présent comme pour l'avenir. On nous dira probablement que tout cela remonte à plusieurs années, que les positions des uns et des autres ont pu évoluer, que des errements dans un domaine ne préjugent pas toujours du comportement dans d'autres, que la direction d'Alliance pour la Santé sera démocratique et consensuelle, que plusieurs responsables sont au-dessus de tout soupçon, que les nouveaux arrivants vont "relever le niveau", etc. etc.
N'oublions pas néanmoins qu’en matière de santé les questions sont d'une redoutable complexité et s’inscrivent dans la durée, l'aperçu – forcément très partiel malgré sa longueur – que nous avons fait à propos des compléments alimentaires en donne une idée. Mais le problème c'est que tous les sujets santé que devra prendre en charge Alliance pour la Santé renvoient le plus souvent à un même niveau de complexité, avec à chaque fois l'imbrication de questions juridiques, économiques, sociales, politiques, etc. s’inscrivant dans la durée. Il y a donc de fortes chances que les mêmes errements se reproduisent si les leçons du passé ne sont pas tirées et si des intervenants, dont les orientations passées sont indéfendables, et qui n'ont jamais fait la moindre autocritique, sont aux leviers de commande.
Nous devons vivre dans le monde tel qu’il est, mais nous devons nous battre pour le monde tel qu’il devrait être. Sinon quel est l’intérêt de se regrouper dans des structures comme Alliance pour la santé ? Certes, il ne s’agit pas de défendre des projets utopiques et fumeux mais à certains moments de véritables choix de société se dessinent comme pour les compléments alimentaires. Dans ce cas, et lorsqu’un modèle alternatif et fonctionnel au mode de régulation européen est pleinement opérationnel aux USA, que fait-on lorsque l’on défend au nom d’un pseudo réalisme un modèle sclérosé et bureaucratique comme celui que tente de nous imposer l’Europe ? On ne défend pas la santé alternative, on l’étrangle !
Alliance pour la Santé est doté d’une charte :
http://www.alliance-pour-la-sante.com/une-charte-pour-lalliance.html
Celle-ci est respectable et suffisamment générale pour satisfaire tout le monde et faire consensus. Par contre l’alliance ne s’est dotée d’aucun programme et il n’y a pas de stratégie d’action définie sur un quelconque sujet à ce jour.
On imagine ce que pourrait donner un débat sur le programme à défendre en matière de compléments alimentaires au vu des informations que nous avons fournies dans ce qui précède. Jean-Marie Mora de la Ligue Nationale Pour la Liberté des Vaccinations pense aussi que la composition d’Alliance pour la Santé ne permettrait pas de défendre les positions de son association en matière de vaccination. Certes la LNPLV ne détient pas la vérité révélée, mais la remarque de la LNPLV souligne l’absence de programme au sein de l’Alliance et annonce les difficultés probablement insurmontables pour arriver à un consensus sur de nombreux sujets importants.
Et que va-t-il se passer en 2012, c'est-à-dire demain, quand il faudra se positionner pour la présidentielle puis les législatives et que Governatori et l'Alliance Ecologiste Indépendante vont se faire plus présents et plus insistants (avec une « mise en orbite » d'un candidat pour la présidentielle sur des bases de pur marketing, reprenant les pires travers des partis politiques traditionnels) ?
Bon courage quand même, aux nouveaux arrivants à Alliance pour la Santé et bon courage surtout à ceux qui seront chargés des questions de programme et de stratégie !
Sujets liés :
Actions citoyennes et défenses des consommateurs de compléments alimentaires
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Créé le 8/12/10. Dernière modification le 8/12/10.