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Quoi de neuf sur la vitamine K ?

 

La première version de notre page sur la vitamine K a été réalisée suite à la parution d'un article de synthèse sur la vitamine K paru dans le Life Extension Magazine de janvier 2009 "Protection Against Arterial Calcification, Bone Loss, Cancer, and Aging!" (traductions Gestion Santé) " [La vitamine K] pour se protéger contre la calcification artérielle, la perte osseuse, le cancer et le vieillissement". Le LEM avait aussi abordé le sujet en 2008 avec "Protecting Bone and Arterial Health with Vitamin k2". Nous avions complété notre information par différentes sources, en particulier une interview de Dr. Leon Schurgers par Richard A. Passwater (part. 1 et part. 2).

Dans le cadre d'une nouvelle réécriture de cette page, un article très utile aura été : " ‘K’ is for ‘Konfusion’ Menatetrenone: The Right K for Bone, Heart, and More! " du magazine  Advances de aor.com. Nous avons également consulté plusieurs articles du magazine en ligne Longevity Medecine Review que nous avons découvert à cette occasion :"Vitamin K2: Optimal Levels Essential for the Prevention of Age-Associated Chronic Disease", Vitamin D and Vitamin K Team Up to Lower CVD Risk: Part I, (Part II), Vitamin K2, but not Vitamin K1, is Helpful for bone Density. Un lecteur m'a également signalé l'excellente page de la Weston A. Price Foundation sur la vitamine K2. Price, qui avait mené à partir des années 1930 d'importantes recherches d'anthropologie interculturelle sur les rapports entre nutrition et santé, avait mis au point un test identifiant un "Activator X" (on a découvert dans les années 1970 qu'il était spécifique de la vitamine K) et il donnait des répartitions d'Activator X correspondant remarquablement à la répartition nutritionnelle de la vitamine K2 dans les produits d'origine animale. Price avait aussi décrit de nombreux effets santé de la vitamine K2 actuellement confirmés. Une remarquable confirmation du sérieux du travail de Price que des critiques malveillants tentent aujourd'hui encore de faire passer pour un charlatan (lire la mise au point dans la section "Quack Watch on Dr. Price" à la fin de la bio de Price).

Je dois avouer au lecteur que j'ai réécrit plusieurs fois cette page avec des conseils changeants sur la forme la plus utile de K2 a utiliser en complémentation. En effet, c'est la vitamine K2 qui est la plus intéressante en complémentation, mais il en existe plusieurs formes dont l'utilité relative fait l'objet de débats relativement animés dans les cercles spécialisés. Les prises de positions contradictoires dans les documents que nous avons consulté explique en partie nos propres changements de position sur la question. Il nous a donc fallu examiner la question en profondeur et faire un gros travail de lecture et de réflexion pour parvenir à une position que nous espérons cette fois solidement étayée.

La recherche sur la vitamine K, notamment la K2 est encore en pleine évolution, et il reste beaucoup à découvrir dans ce domaine. Les débats sur la meilleure forme de K2 et l'évolution des connaissances sur la K2 nous a donc amené à réécrire entièrement cette page, très largement complétée, afin de passer en revue les bénéfices connus de la vitamine K en particulier sous sa forme K2 pour différentes fonctions organiques et problèmes de santé sur lesquels la vitamine K2 a des effets probables.

Comme pour tous les nutriments que nous évoquons sur Gestion Santé, il ne s'agit pas de vous inciter à vous complémenter en vitamine K2, mais de vous aider à le faire le plus intelligemment possible si vous êtes intéressés par cette approche santé.

Les différentes formes de vitamine K : La K1, la K2 naturelle et synthétique et la K3, sources alimentaires et endogènes
Sécurité d'utilisation de la vitamine K
Vitamine K et gamma-carboxylation, le recyclage de la vitamine K

Intérêt relatif de la K2 sous forme de menaquinone-7 par rapport à la menaquinone-4
La menaquinone-7 menaquinone)
La menaquinone-4 (menatetrenone)
Disponibilité en terme de médicaments et de compléments
Conséquence en terme de complémentation, choix de la forme de vitamine K, dosages
La vitamine K2 et la calcification
Le tissu osseux
Protection contre la calcification des tissus de différents organes et notamment des parois des vaisseaux sanguins
Tissus pulmonaires
Calcium, vitamine D et vitamine K2
Cancérologie : normalisation cellulaire et apoptose sont influencés par la vitamine K2
Effets neurologiques
Affinité de la menatetrenone pour le cerveau
Les sphingolipides
Les céramides
Protection contre les anomalies mitochondriales de la maladie de Parkison
Effets sur les ovaires et les testicules et la fonction reproductrice
Conclusion



Les différentes formes de vitamine K : La K1, la K2 naturelle et synthétique et la K3, sources alimentaires et endogènes

La vitamine K ne figure pas dans les produits combinés "tout en un" multivitamines / multiminéraux des principaux fabriquants, ceci afin d'éviter tout risque d'accident, compte tenu de ce que cette vitamine est contre indiquée chez les personnes prenant des médicaments anticoagulants qui sont des consommateurs potentiels importants de multivitamines.

Il existe 3 formes de vitamine K disponibles en supplémentation, la K1 et 2 formes principales de la K2 . Une autre forme synthétique, la vitamine K3, a une toxicité potentielle qui fait qu'elle est réservée à certaines applications thérapeutiques en cancérologie et est interdite en complémentation (sauf chez l'animal, lire ici ou encore ici).

Il existe deux formes principales de la vitamine K, la vitamine K1 et la vitamine K2, la plus intéressante du point de vue de la santé, qui possède elle-même plusieurs formes chimiques.

La phylloquinone (vitamin K1) est la forme alimentaire principale de la vitamine K que l'on trouve exclusivement dans les plantes et notamment dans les légumes verts.

Les formes les plus connues de la K2 sont la menaquinone-4 (MK4) des produits carnés et la menaquinone-7 (MK7) extraite du natto, le soja fermenté. Il existe d'autres valeurs de MKn allant de 5 à 14 correspondant à des formes moins courantes de K2 que l'on trouve le plus souvent dans le fromage fermenté. On pourra lire sur la distribution des formes de vitamine K et notamment de la K2 dans l'alimentation : "Vitamin K Contents of Meat, Dairy, and Fast Food in the U.S.Diet" ainsi que "Dietary intake of vitamin K and risk of prostate cancer in the Heidelberg cohort of the European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC-Heidelberg) notamment la "table des apports moyens".

La menaquinone-4  (MK4) et les autres menaquinones (MKn allant de 5 à 14) se trouvent dans la viande, les oeufs, les laitages et les fromages. La teneur quantitative des produits en MK4 et leur teneur relative en différentes formes de K2 est variable, celle-ci dépendant de l'alimentation des animaux et du niveau de complémentation de ceux-ci en K3, un précurseur direct de la MK4 chez l'animal et l'homme. L'aliment occidental qui contient le plus de MK2 sous forme de menatetrenone MK4 est le foie gras d'oie. Il est difficile de construire des tables d'apport fiables en vitamine K2 dans l'alimentation et les apports retrouvés sont variables d'une étude à l'autre.

Dans l'alimentation occidentale, les niveaux de K2 alimentaire sont plus faibles que les apports en K1 des légumes verts riches en vitamine K1. Dans l'étude de Heidelberg précitée, les apports se situaient pour la K2 (MK4 à 14) à 1/3 des apports de K1. Pour la forme MK4, l'apport représentait 10% de la K1 + K2 totale. En occident les apports en MK7 sont si faibles qu'ils ne sont pas individualisés et sont comptés globalement dans les formes MK5 à 9. Dans l'étude de Heidelberg les apports en fromage et produits laitiers étaient élevés. Il est donc probable que cette étude donne des résultats plutôt élevés de MK2 par rapport aux habitudes de consommation occidentale. Cela d'autant plus qu'on assiste à une diminution de la consommation de fromage et à la substitution du beurre frais par des pates végétales pour de pseudo raisons diététiques.

La menaquinone-7  (MK7) provient surtout du natto, un aliment populaire au Japon, produit à partir de la fermentation des haricots de soja. Les études épidémiologiques sur les relations alimentaires entre K2 et santé osseuse ont été menées au japon, car les différences d'apport en K2 suivant la consommation ou non de natto permettent de construire facilement des groupes d'apport faibles ou élevés de K2. Mais les études cliniques menées aussi au Japon ont utilisé la MK4.

Pour les occidentaux, le fromage est une source notable de K2. En plus de la forme MK4 venant du lait, les  fromages fermentés contiennent des quantités variables des autres formes MKn. Cette teneur dépend de l'efficacité de la souche bactérienne, laquelle varie beaucoup selon le type de fromage. Le gouda (ou la mimolette en France), le brie et l'emmental figurent parmi les fromages dans lesquels on trouve des niveaux élevés de MKn. Le kéfir de lait pourrait être une bonne source de K2, si toutefois les bactéries du kéfir favorisent bien la synthèse de K2, ce dont je  n'ai pas réussi à m'assurer. Quantitativement le fromage n'est toutefois pas une source de K2 aussi efficace que le natto.

Une certaine quantité de MKn est également produite par les bactéries du gros intestin. Contrairement à ce que l'on a longtemps cru (et que l'on trouve encore couramment dans la littérature sur la vitamine K), ces bactéries ne sont pas une source alimentaire efficace de K2 : d'une part la K2 reste liée à l'intérieur des bactéries et d'autre part, l'assimilation de la vitamine K s'effectue en amont dans l'intestin grèle via la captation de corps gras riches en vitamine K.

Il existe également une synthèse cellulaire endogène de vitamine K2 sous la forme exclusive de MK4 à partir de la vitamine K1, variable selon les tissus de l'organisme. Celle-ci à un rendement variable suivant les organes et plafonne rapidement même en cas de complémentation en K1 (lire K’ is for ‘Konfusion p.12/15). Elle tend à diminuer avec l'âge, de façon variable selon les organes. Cette biosynthèse endogène constitue une source importante de K2 de plusieurs organes.

Sécurité d'utilisation de la vitamine K

Mis à part la contre indication classique par rapport à la prise d'anticoagulants, la vitamine K est un nutriment très sûr et on ne connait pas d'effets toxiques aux doses habituellement proposées, lire la section What are toxicity symptoms for vitamin K? :

"Même à des dosages élevés, les formes naturelles de vitamine K n'ont pas mis en évidence de phénomènes de toxicité. Pour cette raison, l'institut de médecine de l'Académie Nationale des Sciences a décidé de ne pas établir de valeurs maximales de Tolérance [Tolerable Upper Limit (UL)] pour la vitamine K lorsqu'elle a révisé ses recommandations de santé publique pour cette vitamine en 2000. Le fait de consommer plus que ce que le corps a besoin grâce à l'alimentation n'entraîne pas un risque plus élevé de coagulation sanguine chez les personnes en bonne santé. Toutefois, cela ne signifie pas qu'il n'existe aucun risque potentiel d'effets négatifs résultant d'apports élevés.
Des doses élevées de la forme synthétique, la vitamine K3, peuvent entraîner l'oxydation du glutathion et son excrétion. Le glutathion est l'un des antioxydants endogènes produit par le corps humain qui protège les cellules des dommages provoqués par les radicaux libres. La forme synthétique a aussi entrainé des cas de jaunisse et d'anémie hémolytique chez des enfants. C'est pourquoi la Food and Drug Administration américaine n'autorise pas l'utilisation de cette forme chimique dans les suppléments nutritionnels."

Uniquement sous supervision médicale (avec un suivi individualisé de la coagulation), il est possible d'envisager pour les personnes sous warfarine ou analogues la prise de petites quantités de compléments de vitamine K2 sous forme de MK4 ou de MK7. Il faut des apports sensiblement plus élevés de K2 que de K1 pour activer les facteurs de coagulation, ce qui permet d'envisager d'utiliser la K2 pour éviter le développement de pathologies liées à l'inhibition de la vitamine K par la warfarine sans inhiber son efficacité thérapeutique. Il s'agit d'une intervention qui demande un suivi individualisé du malade afin d'ajuster la complémentation avec des niveaux modestes de K2 qui soient sans risque pour celui-ci.

Précisions aussi en ce qui concerne la coagulation chez la personne en bonne santé qui ne prend pas d'anticoagulants, qu'il n'y a aucun risque de "surcoagulation". En effet une fois que la vitamine K a activé, comme il est souhaitable, la totalité des protéines de coagulation sanguine (la prothrombine), par gamma-carboxylation, ce qui demande un niveau relativement modeste de vitamine K1, l'excès de vitamine K n'a plus aucune action sur la coagulation et est donc sans aucun danger à ce niveau.

Vitamine K et gamma-carboxylation, le recyclage de la vitamine K

Un grand nombre des mécanismes d'action de la vitamine K1 et K2 passent par la gamma-carboxylation. La menatetrenone MK4 (mais probablement pas la MK7) semble toutefois agir également au niveau cellulaire en activant différents gènes, selon des mécanismes indépendants de la gamma-carboxylation. On sait par exemple que le coeur a une grande affinité pour la vitamine K, notamment sous la forme MK4 alors qu'il ne s'effectue pas de corboxylation dans cet organe.

Comme le rappelle la page de wikipedia sur la vitamine K (notes et liens omis),

"La vitamine K est impliquée dans la carboxylation de certains résidus protéiques de glutamates pour former des résidus de gamma-carboxyglutamate. Les résidus de gamma-carboxyglutamate sont essentiels pour l'activité biologique de toutes les protéines gamma-carboxyglutamate connues.

Actuellement, 14 protéïnes gamma-carboxyglutamate ont été découvertes : elles jouent un rôle dans la régulation de trois processus physiologiques : la coagulation ; le métabolisme des os ; la biologie vasculaire."

Comme le rappelle Longevity Medecine Review, "K1 est préférentiellement utilisée dans la carboxylation de facteurs de coagulation dans le foie. K2 est surtout utilisée dans le reste du corps pour carboxyler les autres Gla-protéines, dont l'ostéocalcine (qui est essentielle pour la santé de l'os et qui est surtout synthétisée dans l'os) et la protéine matrix-Gla (MGP) (qui prévient la calcification des tissus mous, [par ex., le tissu vasculaire, le myocarde, les seins et les reins] et qui est surtout synthétisée dans le cartilage et la paroi des vaisseaux. La vitamine K2 est aussi trouvée à de hautes concentrations dans le cerveau, où elle contribue à la production de myéline et d'autres composants importants."

Compte tenu de ce que les apports nutritionnels de vitamine K sont limités par rapport aux fonctions de gamma-carboxylation des protéines que doit effectuer la vitamine K, celle-ci est efficacement recyclée de façon à être utilisée à plusieurs reprises avant d'être éliminée de l'organisme. Selon l'article précité,

"Le corps utilise très efficacement la vitamine K en recyclant ce nutriment dans une interconversion cyclique appelée le cycle de la vitamine K. Dans ce cycle, la forme quinone de la vitamine K [la forme nutritionnelle] est réduite par l'enzyme à base de FAD la DT-diaphorase (c.a.d. la. NAD (P) H:quinone oxidoreductase) en vitamine K hydroquinone (KH2), qui sert alors de cofactor pour la carboxylation par la vitamine K des Gla-protéines et, ainsi, elle est oxydée en vitamine K epoxide. La Vitamine K epoxide est alors recyclée à nouveau en sa forme quinone par l'enzyme vitamine K epoxide reductase (VKOR), en complétant ainsi le recyclage. Au niveau moléculaire, la vitamine K expoxide est réduite en deux étapes : d'abord en quinone par VKOR, ensuite en vitamine K hydroquinone (KH2) par la DT-diaphorase."

La DT-diaphorase est une enzyme vitamine B2 dépendante, aussi, outre des apports suffisants de K1 et de K1, le cycle est optimisé par des apports adéquats de vitamine B2 et l'ensemble du cycle peut être perturbé par le stress oxydatif, d'où la nécessité d'apports suffisants en antioxydants pour fournir des facteurs de réduction au cycle.

Des doses relativement faibles de vitamine K1 normalement couvertes par l'alimentation permettent de carboxyler la totalité des protéines gamma-carboxyglutamates liées aux facteurs de coagulation. Par contre la carboxyation des autres protéines est en général incomplète du fait d'apport insuffisants en vitamine K notamment sous sa forme K2. La vitamine K1 même au-delà des apports recommandés ne se transforme pas suffisamment en K2 pour carboxyler l'ensemble des gamma-carboxyglutamates. Dans une population en bonne santé, on constate que 20 à 30% de l'osteocalcine (calcification osseuse) ou du GMP (protection contre la calcification des tissus mous) ne sont pas carboxylées. Ceci est à l'origine de problèmes de santé variés en particulier au cours du vieillissement, notamment, mais pas exclusivement, liés à la calcification des tissus mous et la déminéralisation des tissus osseux. Par ailleurs la vitamine K2 sous sa forme MK4 semble avoir des effets positifs sur les tissus ayant une forte affinité pour elle. Ces tissus synthétisent d'ailleurs eux-mêmes une partie de leur vitamine K2 MK4 à partir de la vitamine K1. Il s'agit notamment du coeur, du cerveau, des reins ainsi que des testicules et des ovaires.

Intérêt relatif de la K2 sous forme de menaquinone-7 par rapport à la menaquinone-4

On distinguera seulement dans cette section la MK4 de la MK7. Les MKn (MK5 à 14) sont chimiquement proches de la MK7 par leurs effets biologiques et il n'existe que des formes alimentaires d'apport.

Pendant longtemps le monde de la complémentation ne s'est guère intéressé à la vitamine K. Puis il y a eu de nombreuses recherches et découvertes dans les 15 dernières années qui ont progressivement attiré l'attention sur la vitamine K, notamment ses formes K2. Auparavant et bien que la vitamine K2 MK4 soit disponible de longue date et utilisée par exemple pour les nouveaux nés au japon à la place de la K1, très peu de personnes ne s'y intéressaient. Aujourd'hui peu de personnes prenant des compléments alimentaires savent qu'il existe deux versions de la K2 proposés en complémentation, la MK-7 et la MK-4 et que leur intérêt respectif fait débat. Un des enjeux de cette page est de clarifier les éléments du débat à ce sujet.

La menaquinone-7 (Menaquinone) : En supplémentation les extraits de natto ont deux utilisations principales distinctes, la fabrication de nattokinase une enzyme fibrinolytique régulatrice de la coagulation (lire l'article de Nutranews) et comme source de vitamine K2 sous forme de menaquinone-7 (MK-7). Les extraits de nattokinase sont traités de façon à obtenir soit de la nattokinase sans vitamine K, soit de la MK-7.

Comme je l'ai écrit en introduction, j'ai cru à un moment donné que la MK-7 était la forme à recommander et que la MK-4 devait être évitée. J'avais trop fait confiance à une interview  du Dr. Leon Schurgers par Richard A. Passwater. Malheureusement le dr. Leon Schurgers surestime à mon avis la MK-7, mais il n'est pas le seul et les articles de Longevity Medecine Review que j'ai utilisé pour préparer cette page font la même analyse.

Les études épidémiologiques menées au Japon sur la vitamine K2 ont montré un effet positif sur la santé osseuse des consomatrices de natto riche en  K2, sous la forme MK-7. En ce qui concerne la carboxylation par la vitamine K des Gla-protéines liés au métabolisme osseux du calcium et la protection des tissus contre la calcification, la forme MK7 donne des résultats tout à fait satisfaisant à des dosages de l'ordre de 300mcg.

Mais si les japonais se sont rendus compte des effets protecteurs de la MK7 sur la santé osseuse à partir d'études épidémiologiques sur les consommatrices de natto et donc de MK7. les recherches cliniques effectivement menées au japon l'ont été avec des doses élevées de MK4. Des chercheurs hollandais ont de leur côté démontré l'efficacité de la MK7 seulement comme facteur de carboxylation des Gla-protéines. Mais il n'y a pas eu d'étude avec la MK7 prouvant une efficacité sur la minéralisation de l'os jusqu'à très récemment. Bien au contraire, une étude norvégienne menée pendant un an avec des niveaux adéquats de MK7 (360 μg ce qui permet une carboxylation complète des gamma-carboxyglutamates) a été un échec. Une autre étude, sur 3 ans, a donné de meilleurs résultats, mais l'échantillon est très réduit. Telle que je la comprend cette étude montre que la MK7 nécessite des durées de prise plus importante que la MK4 pour être efficace.

La menaquinone-4 (Menatetrenone) : Comme nous l'avons expliqué dans une section précédente, la MK-4 est la forme que l'on trouve le plus souvent dans les viandes et dans les laitages et les fromages (qui contient aussi des formes MK7 à 9) avec des teneurs qui sont toufois bien inférieures aux apports de K1 alimentaires. La MK-4 fait aussi l'objet d'une biosynthèse cellulaire à partie de la K1 dans différents organes.

La MK-4 des compléments est fabriquée de façon synthétique, mais c'est une copie exacte de la MK-4 d'origine animale. Le fait que les tissus fabriquent spécifiquement la forme MK4 fait penser que c'est elle qui a les effets les plus variés et les plus utiles. Dans le cerveau la MK4 participe à la fabrication de lipides complexes et dans les os, c'est la MK4 qui régule les facteurs de croissance des ostéoblastes. L'efficacité de la MK7 dans ce domaine est inconnue. En fait il est maintenant démontré que la MK7 n'active pas les facteurs les plus importants par lesquels la MK4 active les ostéoblastes. Un bon article "Are the MK-4 and MK-7 Forms of Vitamin K2 Equivalent?" le confirme :

"Je suis toujours à l'affût d'études qui peuvent faire la lumière sur la question de savoir si la MK-4 et la MK-7 sont équivalentes. (...) Aujourd'hui, j'ai trouvé une autre différence entre la MK-4 et la MK-7. J'étais en train de lire un article sur les effets spécifiques de la vitamine K2 sur l'expression des gènes via le SXR [steroid and xenobiotic receptor - des gène activant la détoxification]. Les chercheurs ont découvert que le MK-4 active fortement  la transcription de deux gènes spécifiques des cellules ostéoblastiques. Les ostéoblastes sont les cellules qui créent le tissu osseux. Les gènes sont GDF15 et STC2 et ils sont impliqués dans la formation de l'os et du cartilage. Ils ont testé la K1 et la MK-7, et à l'opposé de la MK-4, ces formes n'avaient aucun effet sur la transcription de ces gènes. Cela montre que le MK-4 a des effets sur l'expression des gènes dans le tissu osseux que la MK-7 ne possède pas.
J'ai tendance à penser qu'il y a de bonnes raisons pour lesquelle les animaux synthétisent la MK-4 plutôt que d'autres formes de vitamine K2. La vitamine K2 MK-4 semble être en mesure d'effectuer toutes les fonctions de la vitamine K, y compris l'activation des protéines Gla, la participation à la synthèse de la sphingomyéline [lipide cérébral complexe utilisé par la myéline], la capacité de liaison au SXR, et l'activation de la transcription par la protéine kinase A. C'est ce que vous attendez de l'animal qui a évolué en sorte de pouvoir utiliser sa propre forme de vitamine K2. Les chercheurs n'ont pas testé si la MK-7 est capable d'effectuer toutes ces fonctions, mais apparemment il y a au moins une qu'elle ne peut pas effectuer.
Je suis prêt à parier mon dernier dollar qu'il y a d'autres fonctions importantes de la MK-4 qui n'ont pas encore été identifiés, et des fonctions dont la pleine importance n'a pas encore été appréciée."

Je partage tout à fait l'avis de cet auteur qui démontre clairement que la balance penche fortement en faveur de l'utilisation préférentielle de la menatetrenone MK4.

Disponibilité en terme de médicaments et de compléments

En Occident (par opposition au Japon), on ne trouvait jusqu'à récemment que de la vitamine K sous forme de vitamine K1.

L'Union Européenne a autorisé la MK-7 en 2009 dans les suppléments alimentaires autorisés dans l'UE à la suite d'un interminable chemin de croix bureaucratique (lire communiqué du fabricant ayant effectué la demande). Cette procédure lourde, coûteuse et complexe n'est pas destinée à protéger le consommateur mais à verrouiller le marché et à grever le prix des suppléments de frais administratifs d'un coût insupportable pour la plupart des fabricants et dont la charge financière finit par retomber sur des consommateurs rançonnés par des frais de gestion inutiles.
A ma connaissance la MK-4 a priori plus utile n'est pas autorisée faute de demandeur en position de monopole ou de semi-monopole de distribution du produit susceptible d'initier une demande d'inclusion dans la liste des produits autorisés.

Sur ces questions complexes de régulation administrative des suppléments alimentaires au sein de l'UE, vous pouvez consulter le dossier de synthèse très clair (en anglais) conçu par l'Alliance for Natural Health (ANH).

Conséquence en terme de complémentation, choix de la forme de vitamine K, dosages

Pour résumer la situation, la vitamine K2, sous ses formes MK-7 et MK-4 remplit les fonctions de la K1 sur la coagulation et peut se substituer à celle-ci même si la K1 est beaucoup plus efficace pour induire la coagulation. D'ailleurs au Japon on utilise la vitamine K2 MK4 pour protéger les nourrisons du risque hémoragique à la place de la vitamine K1. Il est très possible que les nouveaux-nés japonais en tire des bénéfices importants dans le domaine neurologique par exemple.

La MK-7 peut remplir certaines autres fonctions comme lier le calcium pour aider à le fixer de façon préférentielle dans les os. Toutefois il manque à la MK-7 plusieurs des fonctions d'activation des ostéoblastes qui rendent laMK-4 spécifiquement efficace pour le remodelage osseux. Il manque probablement aussi à la MK-7 plusieurs autres fonctions de la MK-4 dans les cellules des organes ayant une affinité pour celle-ci, bien que des recherches complémentaires restent à mener pour le démontrer. Par ailleurs la K1 peut se transformer en MK-4 dans les cellules de certains organes. La MK-7 peut aussi probablement se transformer en MK-4 mais on ignore l'efficacité de cette transformation chez l'être humain. Dans ces conditions seule la complémentation avec la vitamineMK-4 est en mesure d'assurer l'ensemble des effets cellulaires actuellement identifiés pour la vitamine K.

Un autre argument du débat entre MK4 et MK7 concerne les dosages efficaces. Les partisans de la MK4 font valoir qu'il est possible d'obtenir des dosages de 5mg de MK4 pour quasiment le même prix que 100mcg de MK7 alors qu'il faut 360mcg par jour de MK7 pour carboxyler efficacement toutes les protéines VK dépendantes. Les partisans de la MK7 répondent que les études sur la MK4 ont utilisé des dosages pharmacologiques de 45mg par jour qui ne sont pas utilisés en complémentation alors que les dosages efficaces de MK7 (de l'ordre de 360mcg) sont plus proches des apports alimentaires des consommateurs de natto pour lesquels une efficacité de la MK7 a été mise en évidence dans les études épidémiologiques.

Un autre argument évoqué est lié à la circulation plasmatique. La vitamine K1 et la MK4 disparaissent du plasma en quelques heures, alors que la MK7 a une beaucoup plus longue persistance plasmatique. Mais cette disparition de la MK4 est probablement liée à une capture cellulaire importante, comme le montre les tables de capture par organe, plutôt qu'à une élimination rénale. La persistance plasmatique de la MK7 n'est donc pas le signe d'une quelconque supériorité.

Les recherches menées sur le rat avec des apports croissants de K1 et de MK4 (résumées par aor.ca p. 12/15) montrent une élévation marquée du statut de vitamine K2 dans différents organes pour un apport de MK4 équivalente au RDA (apports journaliers recommandés qui sont de 80ug pour l'homme adulte). L'augmentation devient vraiment très importante avec 10 fois les RDA. Il y a donc tout lieu de penser que des apports supranutritionnels de K2 MK4 de l'ordre de 1mg à 5mg seraient très efficaces et qu'il n'est probablement pas nécessaire de viser les dosages pharmacologiques de 45mg des études menées sur la santé osseuse chez les femmes japonaises.

Une des raisons de ces dosages très élevés de vitamine K2 utilisés pour la santé osseuse sont liées à deux faits : l'os est relativement "résistant" à l'apport de MK4 et le taux tissulaire passe de 2.9 ng/g de tissus avec un apport de MK4 au niveau du RDA (au lieu de 2,2 sans complémentation, à 15 à 10X le RDA puis à 121 à 100X le RDA. Les études sur la santé osseuse étant très longues est extrèmement coûteuses, et comme le remodelage osseux met un temps assez long avant d'être mesurable, les chercheurs ont choisi de maximiser le dosage pour pouvoir identifier un effet thérapeutique dans une fenêtre de temps raisonnable. Mais ces résultats ne s'appliquent pas nécessairement à une complémentation au long cours visant à une optimisation plus générale de l'état de santé et des effets plus préventifs que curatifs.

Pour l'acheteur, les dosages proposés pour la MK-7 en complémentation sont de l'ordre de 100mcg pour un prix d'environ 13$ les 60 unités (chez Now), pour les produits les moins chers, ce qui reste coûteux, pour des dosages relativement limités sachant qu'une étude hollandaise a atteint 100% de carboxylation avec 360mcg par jour de MK7.

En ce qui concerne la MK4 : On trouve aux USA des dosages de MK-4 menatetrenone à 1 mg (Thorne) à 5mg (chez Carlson Labs et Nature's Life), et à 15mg chez aor.ca ou chez Thorne. Les japonais utilisent ce dosage de 15mg trois fois par jour (45mg) en traitement de l'ostéoporose dans le médicament Glakay, avec de bons résultats. En complémentation Gestion Santé conseille de rester dans des apports de 1 à 5mg par jour. Nous avons référencé les marques d'après des recherches sur les sites américains référencés par Gestion Santé.

Ces dosages de menatetrenone pris au long cours sont probablement très largement suffisant pour optimiser les  effets cellulaires de la menatetrenone en dehors d'une utilisation thérapeutique comme la prévention des fractures chez les personnes à risque ou pour la cancérologie.

Le dosage de 1000 mcg (1mg) de MK4 qui me semble intéressant pour une complémentation au long cours n'est disponible sur le marché de la complémentation que chez un seul fabriquant Thorne Research, qui propose 30ml de vitamine K2 MK4 en gouttes, à un prix très correct autour de 62€, avec 1mg par goutte (560 gouttes environ par flacon), ce qui est très pratique pour prendre de 1 à 3mg par jour (à répartir sur plusieurs repas si on prend plus d'1mg). On peut aussi se rabattre, pour une forme non liquide, sur un dosage en tablette à 5mg et de le fractionner en 4 ce qui est un peu laborieux, les comprimés étant minuscules, mais que l'on peut néanmoins réaliser avec la menatetrenone de Nature's Life avec 60 tablettes à 5000 mcg soit environ 15€ pour 240 jours de complémentation après section des comprimés en 4. Si on vise un dosage à 5mg, il est possible d'utiliser Carlson Labs, Vitamin K2, Menatetrenone, 5 mg, 180 Capsules pour environ 37€, produit qui a ma préférence..

Pour ceux qui voudraient faire un compromis et avoir quand même de la MK7 en plus de la MK4, Life Extension propose Super K avec 200mcg de MK7, 1000mcg de MK4 et 1500mcg de K1. Le prix est correct compte tenu du prix de la MK7 avec pour 90 softgels, 22€ environ, mais je trouve le dosage de K1 inutilement élevé : 250 mcg aurait été très largement suffisant.

Dans ces conditions, pour faire simple, efficace et le moins coûteux possible, je propose d'utiliser les gouttes de Thorne ou bien Carlson Labs, Vitamin K2, Menatetrenone, 5 mg si on souhaite un dosage élevé en gélule. Il me semble inutile et trop coûteux de prendre de la MK7 en complément et inutile de prendre de la K1, les apports alimentaires étant largement suffisants pour couvrir les besoins.

Nous avons référencé les marques, dosages et produits d'après des recherches très complètes menées sur les sites américains référencés par Gestion Santé.

La vitamine K2 et la calcification 

Le tissu osseux

Selon ce site médical, l'ostéocacine, également dénommée BGB (Bone Gla Protein) "est, après le collagène, la 2ème protéine de l’os. C’est un marqueur de la formation osseuse. Elle est exclusivement synthétisée par les ostéoblastes sous l’action du calcitriol (métabolite actif de la vitamine D). Sa synthèse dépend également de la vitamine K.
La majeure partie de l’ostéocalcine est incorporée à l’os. La demi vie de l’ostéocalcine native et brève. Elle est rapidement métabolisée par le foie et dans le rein par protéolyse."

Le rôle de la vitamine K, est de carboxyler la BGB qui fait partie des protéines gamma-carboxyglutamate. L'activation par la vitamine K2 permet au BGB de se lier au calcium, à défaut la protéine est inactive et donc dépourvue d'efficacité. La vitamine K2 se retrouve à des niveaux particulièrement élevé dans les zones de l'os faisant l'objet des remaniements les plus importants.

En sus, la forme MK4 menatetrenone de la vitamine K2 (mais pas la MK7) a des effets d'activation génétique, indépendants de la carboxylation, favorisant les facteurs de croissance osseux comme l'optimisation des populations entre les ostéoblastes (qui créent les os) dont elle favorise le développement et les ostéoclastes (qui les détruisent), dont elle inhibe le développement excessif.

La MK4 menatetrenone  a un effet spécifique sur la qualité de l'os (lire : "Évaluation de la qualité osseuse en pratique quotidienne et en recherche clinique" pour un aperçu du problème) en sus de la reminéralisation proprement dite que permet l'activation des BGP. Cela a pour effet que la diminution des fractures liées à la prise de MK4 dans les études cliniques est beaucoup plus importante (diminution des 2/3 des fractures en deux ans avec des doses de 45mg de MK4) que l'effet attendu par rapport au seul critère de la minéralisation osseuse.

Protection contre la calcification des tissus de différents organes et notamment des parois des vaisseaux sanguins

La Matrix Gla-protein (MGP) est une autre protéine vitamine K dépendante. Au niveau de l'os, elle régule la quantité de minéraux déposés en inhibant la précipitation excessive de sels minéraux. Elle exerce également cette fonction dans de nombreux tissus et organes, notamment l'ensemble du système cardiovasculaire, qu'elle protège de la calcification quand elle est correctement activée par des niveaux adéquats de vitamine K2. On estime que le tiers de la MGP n'est pas activée dans la population occidentale en bonne santé du fait de taux insuffisants de vitamine K2.

Cette carboxylation insuffisante pourrait expliquer une bonne partie de la calcification tissulaire au cours du vieillissement et la vitamine K2 en complémentation serait de nature à protéger contre ce phénomène clé du vieillissement.  On sait par exemple que presque tous les centenaires présentent une calcification aortique massive, mais le phénomène concerne tous les vaisseaux sanguins et peut atteindre même les viasseaux de la microcirculation sanguine et les tissus veineux qui eux aussi sont très sensibles au déficit en vitamine K2.

La MGP, qui est notamment produite par les cellules musculaires lisses vasculaires, si elle est correctement activée par la vitamine K2, à un effet inhibiteur sur l'activité de la Bone Morphological Protein-2 (BMP-2) un facteur qui active l'expression de gènes qui poussent à la transformation des cellules musculaires lisses des vaisseaux (VSMC) en des cellules ressemblant aux ostéoblastes, lesquels initient la formation de la calcification vasculaire.La vitamine K2 favorise aussi une élasticité normale des vaisseaux sanguins en protégeant l' élastine de l'action délétère des dépots calciques.

La calcification artérielle étant un biomarqueur important du vieillissement et du risque de mortalité cardiovasculaire, on comprend l'importance de la vitamine K2 dans ce domaine, parmi d'autres facteurs de protection contre le vieillissement vasculaire. L'article de LEF cité en introduction explique dans sa section "Far Greater Absorption of Vitamin K2 Into Cells" (ma traduction - les notes n'ont pas été reprises) : "La plus grande absorption de la vitamine K2 par les cellules" que :

"Une étude a comparé l'absorption et le contenu en vitamine K1 et K2 des paroies artérielles. Cette étude est importante du fait de l'important corpus de données épidémiologiques montrant des réductions significatives du risque d'attaque cardiaque chez ceux qui ingèrent des quantités importantes de vitamine K2.
Les résultats de cette étude ont montré que les cellules vasculaires absorbent préférentiellement la vitamine K2 comparée à la vitamine K1. La médiocre absorptionde K1 dans les cellules vasculaires aide à expliquer pourquoi la K1 ne protège pas de façon significative contre les maladies cardiaques.
Les scientifiques qui menaient cette étude ont ensuite évalué l'effet de la K2 absorbée dans les cellules des muscles lisses vasculaires. Leurs découvertes ont démontré que la K2 permet la formation de muscle vasculaire lisse dépourvu de nodules, de tels nodules pouvant faire saillie à l'intérieur de l'endothélium et contribuer au blocage artériel et à l'artériosclérose." [l'endothélium est la couche artérielle directement en contact avec le flux sanguin]

Suivant des mécanismes similaires, la vitamine K2 contribue à la protection contre la calcification d'autres organes. Selon wikipedia, "Les petits vaisseaux de la peau, du cerveau, du pancréas, du rein, du corps thyroïde sont plus souvent atteints." Au niveau du cerveau la vitamine K2 pourrait constituer un outil de protection contre la calcification des vaisseaux et de certaines structures comme la calcification de la glande pinéale, un phénomène relativement fréquent dès l'âge adulte.

Tissus pulmonaires

A l'occasion de la pandémie, l'utilité de la vitamine K a été évoquée par des chercheurs des Pays-Bas spécialiste de l'étude de cette vitamine. "L'équipe de Schurgers a utilisé l'analyse de sang pour tester le statut en vitamine K, et l'a fait en mesurant la protéine Gla ... (... inversement liée au statut en vitamine K) et le taux de dégradation de l'élastine en mesurant la desmosine.
L'élastine est une protéine qui constitue un élément clé du tissu conjonctif, dans la peau, les poumons et ailleurs. Une étude réalisée en 2019 en Belgique a montré qu'un faible statut en vitamine K est associé à une augmentation de la dégradation de l'élastine chez les patients souffrant de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). (...)
Les chercheurs ont découvert que la carence en vitamine K pourrait être suspectée d'être associée à de moins bons résultats COVID-19"

En maitenant le statut en élastine dans les poumons, la vitamine K pourrait limiter la gravité des formes pulmonaires du Covid-19. C'est la vitamine K2 beaucoup plus efficace pour carboxylerles protéines qui serait efficace dans cette intention.

La vitamine K2 pourrait donc être une approche préventive intéressante pour minorer la gravité des formes pulmonaires du Covid-19. Les observations prélimnaires évoquées sont en relation avec le statut initial de la vitamine K2 au moment de l'infection et correspondent à une approche préventive. Comme pour d'autres vitamines, minéraux et nutriments qui pourraient être protecteurs selon diverses études observationnelles, on ignore si une approche curative après le déclechement des symptômes pourraient être également efficace.

Calcium, vitamine D et vitamine K2

Plusieurs études montrent que les compléments en calcium (souvent prescrits par les médecins pour lutter contre l'ostéoporose) ou des niveaux élevés d'apport en calcium  ont des effets contrastés. Il semble par exemple que le calcium pourrait diminuer certains cancers (à l'exception decelui de la prostate), comme celui du sein et du colon, de façon probablement synergique avec la vitamine D. Mais il n'est pas exclu que l'effet protecteur soit surtout lié à la prise de vitamine D (lire "Vitamin D and Calcium Combat Cancer").

Il a par contre été démontré un effet négatif important de la prise de compléments de calcium sur le risque cardiovasculaire à partir d'une analyse d'une section des participants à la European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC). Le risque était augmenté de 86% pour les compléments combinés riches en calcium et de 100% pour ceux comportant uniquement du calcium. Par contre il n'y a pas de relation claire entre apport en calcium et risque cardiovasculaire lorsque les apports sont uniquement alimentaires.

Gestion Santé n'a jamais conseillé la complémentation en calcium (voir nos remarques dans notre page sur la vitamine D et la santé osseuse), les apports alimentaitres liés à une alimentation équilibrée nous paraissant le plus souvent suffisant. La fixation du calcium est étroitement liée à d'autres facteurs minéraux (par ex. le bore et la silice) et vitaminiques. Pour les vitamines, la vitamine D et K2 sont parmi les plus importantes.

Les niveaux des apports en vitamine D chez les personnes à risque d'ostéoporose complémentées en calcium sont souvent mals suivis et les compléments de vitamine D proposés souvent insuffisamment dosés, ce qui rend la prise de calcium inutile voire dangereuse pour la santé cardiovasculaire. Une grande partie de la population est carencée en vitamine D et c'est encore plus le cas des personnes présentant une perte osseuse. L'absence de complémentation adéquate en vitamine D empêche outre qu'elle rend la complémentation en calcium inefficace empêche de bénéficier des effets avérés de la vitamine D sur le risque cardiovasculaire.

Ceci étant dit, la vitamine K2 en augmentant l'effet de la vitamine D sur la synthèse osseuse et en  empêchant la calcification des tissus notamment du système cardiovasculaire apparaît comme un cofacteur majeur de la prise, en toute sécurité, de niveaux relativement élevés de vitamine D. Cela permet de viser des fenêtres d'apport de vitamine D plasmatique dans une fenêtre de 40 à 60 ng/ml qui sont de plus en plus conseillés par les spécialistes des effets santé de la vitamine D, en évitant tous les dangers de l'accumulation inadéquate de calcium dans d'autres tissus que ceux de l'os.

Sur les interactions entre vitamine D, K2 et vitamine A on pourra aussi consulter la page précitée de la Weston A. Price Foundation, sections "Synergy with Vitamins A and D" et "Interactions between Vitamins A, D, and K2".

Cancérologie : normalisation cellulaire et apoptose sont influencés par la vitamine K2

Diverses études soit en mesurant le niveau moyen des apports nutritionnels en vitamine K2, soit menées sur des cultures de cellules de différentes lignées cancéreuses et une petite étude au long cours sur le risque ce cancer du foie post hépathite virale montrent que la vitamine K2 a probablement des effets anticancéreux significatifs.

En ce qui concerne les recherches sur les apports nutritionnels, des études récentes, citées par Longevity Medicine Review (LMR notes retirées) "indiquent que la  K2 (sous la forme des menaquinones à longue chaines, MK7, MK-8, MK-9; mais pas la MK-4 [note Gestion Santé : car la MK4 alimentaire dans l'étude concernée n'était pas très élevée]) pourraient jouer un rôle hautement protecteur contre le cancer. En 2008, Nimptsch et al. ont analysés les données de la cohorte EPIC-Heidelberg et découvert que les hommes dans le quartile le plus élevé de vitamine K2 alimentaire (46 mcg/jour) avaient une incidence de cancer de la prostate et de mortalité de ~50% inférieure comparée à ceux qui se situaient dans le quartile inférieur d'apport en K2. Aucune association n'a été trouvée entre l'apport en K1 et le cancer de la prostate. Comme indiqué précédemment, le fromage qui apporte les formes à longue chaine desmenaquinones (MK-8 and MK-9), est la source principale de K2 alimentaire dans cette population. Encore plus récemment dans un article publié en 2010, Nimptsch et al. ont étendu leurs analyses des donénes de l'étude EPIC-Heidelberg à d'autres cancers et ont trouvé que toutes les formes principales de cander, à l'exception du cancer du sein étaient inversement associés avec les apports en K2."

En laboratoire, la vitamine K2 induit l'apoptose de nombreux types de lignées cellulaires cancéreuses (Vitamin K2-mediated apoptosis in cancer cells: role of mitochondrial transmembrane potential).La vitamine K2 semble agir au niveau des mitochondries pour faciliter une apoptose normale. Chez les bactéries, la vitamine K2 participe au métabolisme énergétique dans l'équivalent mitochondrial de leur chaine énergétique. Il semble qu'il en soit de même dans le règne animal où la K2 semble protéger le fonctionnement mitochondrial (cf. section effets neurologiques).

Au niveau du cancer de la prostate et peut-être d'autres cancers, la vitamine K2 et divers dérivés de la vitamine K semblent limiter la surexpression de l'interleukin-6 (IL-6), qui est un facteur d'inflammation et de prolifération des cellules cancéreuses prostatiques.

Toujours selon LMR, "Deux protéines vitamine K dépendantes, la Tgfbi et la périostine, toutes deux impliquées dans le maintien de la stabilité du génome lors de la division cellulaire , pourraient expliquer les effet protecteurs de la K2 à l'égard du cancer."

aor.ca, dans Menatetrenone Gives Hope Against HCC Liver Cancer! souligne de son côté l'efficacité de la vitamine K2 sous sa forme menatetrenone MK-4 pour activer l'apoptose des cellules cancéreuses :
"La menatetrenone enclenche un programme de suicide cellulaire au niveau de l'expression des gènes, agissant apparemment via sa chaîne latérale. La phylloquinone [K1] a quelques effets contre les cellules de cancer dans quelques modèles, mais ses effets sont beaucoup moins puissants que ceux de la menatetrenone : dans les lignées cellulaire de tumeur orales et dans celles des cellules de leucémie, par exemple, la menatetrenone est dix fois plus efficaces que la K1, alors que dans les cellules de cancer du cerveau la menatetrenone inhibe la croissance des cellules, alors que la phylloquinone est complètement inefficace. Certains des effets les plus remarquables ont été observés dans les cellules de la leucémie, où il a été constaté que pour ces cellules cancéreuses, la menatetrenone ne détruit pas forcément les cellules, elle induit souvent aussi la différentiation - elle "incite" les cellules du cancer à revenir à leur structure fonctionnelle normale, celle des cellules en bonne santé." 

Dans un article du LEM, "The Remarkable Anticancer Properties of Vitamin K", l'auteur note l'intérêt de la vitamine K2 pour les différentes formes de cancer du poumon qui sont très difficiles à soigner et où la K2 induit l'apoptose via une "protéine suicide". Dans les études cliniques, la K2 potentialise les molécules anticancéreuses. Des effets marqués ont été notés pour les cancers de la vessie et du foie. L'article mélange parfois les effets de la K3 (uniquement utilisée en cancérologie chez l'homme) avec la K2 MK-4 mais montre néanmoins l'intérêt de cette dernière en cancérologie.

Effets neurologiques

Affinité de la menatetrenone pour le cerveau

Comme nous l'avons indiqué précédemment, la vitamine K2 est trouvée à de hautes concentrations dans le cerveau, où elle contribue à la production de myéline et d'autres composants importants. Le cerveau fait partie des organes qui peuvent transformer la K1 en K2 sous sa forme menatetrenone MK-4. Des apports en menatetrenone en complémentation augmentent très fortement les niveaux tissulaires de vitamine K2 avec des effets de seuil importants à partir de 10 fois les AJR (lire K’ is for ‘Konfusion p.12/15).

Les sphingolipides

Au niveau cérébral, la vitamine K2 intervient dans le métabolisme de certains lipides structuraux (biosynthèse des sphingolipides). Les sphingolipides comprennent les sphingomyélines, les cérébrosides et les gangliosides. Selon cette étude, "Les sphingolipides sont impliqués dans les événements cellulaires importants comme la prolifération des cellules, la différentiation et la survie. Les fortes associations que nous avons trouvé entre le niveau de MK-4 du cerveau et les sphingomyelines, les sulfatides et les gangliosides suggèrent que cette vitamine pourrait jouer un rôle important dans le cerveau."

Les sphingomyélines sont les constituants fondamentaux de la gaine de myéline des nerfs, la gaine améliorant la conduction nerveuse. Les cérébrosides sont des lipides membranaires, notamment présent dans le tissu nerveux et cérébral. Les gangliosides existent dans la membrane plasmique de la plupart des cellules, et sont abondants dans celle des neurones. Les sulfatides sont une classe chimiquement spécifique de sphingolipides associés à la myéline.

La biosynthèse des sphingomyélines se fait soit en associant un céramide avec la CDP-choline (voie de Kennedy), soit en amidifiant une sphingophosphorylcholine avec un acyl-CoA [dérivé de la forme coenzymée de la vitamine B5] à très longue chaîne (voie de Brady) (source). Lire aussi "Biochimie des lipides - sphingolipides".

"Une étude récente montre ... que des patients au stade précoce de la maladie d’Alzheimer consomment deux fois moins de vitamine K que des individus sains témoins (Presse et al., 2008). Des rats âgés maintenus avec une alimentation pauvre en vitamine K tout au long de leur vie développent des déficits cognitifs aussi bien que des changements au niveau du métabolisme cérébral des sphingolipides comparables à ce qui est observé chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer (Han, 2005). (...) 'Un traitement à la warfarine [qui inhibe la vitamine K], tout comme une baisse de l’apport de vitamine K par l’alimentation, pourrait alors être un facteur de risque pour la maladie d’Alzheimer ou pourrait accélérer la progression de cette maladie." (source, p. 113)

Les céramides

Les céramides sont des lipides qui sont des constituants de base des lipides cérébraux complexes dans lesquels ils sont incorporés, mais ils jouent aussi un rôle fondamental dans la peau qui a la même origine embryologique.

La Life Extension Foundation a récemment introduit  des céramides par voie orale sur le marché américain de la complémentation (Skin Restoring Ceramides with Lipowheat, 30 Liquid Capsules pour environ 17€), comme régénérateur cellulaire des cellules de la peau, suite à des études japonaises démontrant leur efficacité. Le produit est utilisé depuis une dizaine d'année avec succès au Japon (lire Unique Plant Lipids for Skin Rejuvenation and Hydration). Les céramides contribuent à la formation de  sphingolipides qui sont essentiels pour la peau. L'apport de céramides permet au derme de conserver une couche superficielle de la peau bien hydratée, fonctionnelle et protectrice des agressions externes.

Les céramides pourraient se révéler également très intéressants pour la synthèse des lipides cérébraux en utilisant des cofacteurs comme la CDP-choline (Cytidine-5'-diphosphate choline, parfois appelée citicoline), un dérivé de la choline qui passe très bien la barrière hémato-encéphalique. Selon LEM, "La CDP-choline, un complément alimentaire dont le prix est raisonnable, agit comme un intermédiaire dans la synthèse des membranes des neurones, comme facteur de promotion de la qualité structurelle et fonctionnelle des membranes des cellules du cerveau. La CDP-choline limite les dépôts d'amyloide-béta, la protéine pathologique trouvée dans le cerveau des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. La recherche humaine suggère que la CDP-choline soutient la libération du neurotransmetteur essentiel norepinephrine, tandis que les études animales montrent que  la CDP-choline augmente les niveaux de neurotransmetteurs clé du cerveau, dont la dopamine et la serotonine." La CDP-choline ramène aussi la libération d'hormone de croissance chez le sujet âgé vers des niveaux que l'on peut trouver chez la personne plus jeune. 

Associée aux céramides, la CDP-choline favorise la synthèse des sphingolipides. L'apport de vitamine B5 ou de sa forme coenzymée la pantéthine comme précurseur de la coenzyme A à des doses supranutritionnelles, avec les autres vitamines du groupe B, des acides aminés soufrés comme la cystéine (ou la SAMe) en quantité suffisante et des cofacteurs minéraux comme le magnesium devraient aussi favoriser la synthèse des autres voies de production des sphingolipides et des lipides cérébraux essentiels. La CDP-choline ou citicoline se trouve aux USA chez Jarrow, à 250 mg les 120 Capsules pour 30€ environ (1 capsule par jour).

La vitamine K2 apparaît dans ce contexte comme un cofacteur essentiel de la synthèse des ces différents éléments et des sulfatides. Selon la page de la Weston A. Price Foundation sur la vitamine K2, "La concentration de vitamine K2 est plus grande dans les régions du cerveau qui sont myélinisées que dans celle qui ne le sont pas (...) et elle est corrélée avec la présence de lipides importants comme la sphingomyéline et les sulfatides. La petite quantité de K1 [qu'on trouve aussi dans le cerveau], est par contraste distribuée de façon plus homogène, suggérant qu'elle ne joue pas un rôle fonctionnel aussi important. Ces lipides font partie d'une classe plus large de composants appelés sphingolipides qui jouent un rôle essentiel dans le cerveau en tant que constituants structuraux des membranes, facteurs de signalisations et promoteurs de la survie cellulaire. La Vitamine K2 soutient l'activité de l'enzyme qui catalyze la réaction initiale pour la production  de toutes les sphingolipides ainsi que que celle de l'enzyme qui catalyse l'étape finale de la synthèse des sulfatides. (...) En sus de la production des sulfatides et des autres sphingolipides, la vitamine K2 joue au moins deux autres rôles importants dans le cerveau. La protéine vitamine K dépendante gas6 [Gestion Santé : voir aussi section suivante] favorise la survie des cellules nerveuses et les vitamines K, par l'intermédiaire d'un mécanisme inconnu protègent efficacement de la mortalité due au stress oxydatif  les cellules qui synthétisent la myéline. Tant un excès de glutamate qu'une déficience de cystine peuvent provoquer ce type de mortalité cellulaire. Bien que la K1 et la K2 protègent aussi efficacement contre la toxicité du glutamate, la K2 est quinze fois plus efficace que la K1 pour contrebalancer les effets néfastes de la carence en cystine."

Les études menées sur les premiers stades de la maladie d'Alzheimer mettent en évidence des niveau anormalement élevés de céramides et des niveaux bas de sulfatides. Cela indique non pas une toxicité des céramides mais l'importance de cofacteurs comme la vitamine K2 pour assurer que les céramides participent correctement à la biosynthèse des composés moléculaires lipidiques plus complexes. D'ailleurs, même sans vitamine K2, une étude de 2019 montre que chez les neurones de souris, les céramides favorisent la création de vésicules et l'évacuation des débris protéiques toxiques, lespeptides β-amyloïde qui participent à l'apparition de la maladie d'Alzheimer.

Lire aussi "Rôle de la vitamine K dans la fonction cérébrale".

La protéines K dépendante GAS6 (Growth arrest specific gene 6) et la protéine S

Ces deux protéines qui s'expriment au niveau cérébral et sont γ-carboxylées par la vitamine K2 se retrouvent dans de nombreux tissus, dont le cerveau (et la rétine) où elles semblent jouer un rôle important dans la régulation de la croissance neuronale, et dans la régulation du système immunitaire cérébral (nettoyage des déchets cérébraux), probablement suivant des mécanismes de régulation croisés. Dans le cerveau et dans d'autres tissus (rétine, testicule), la phagocyose est partiellement ou en totalité effectuée par des cellules non spécialisées faisant partie des tissus de soutien qui semblent très sensible aux protéines GAS6 et S et "la régulation de la phagocytose serait le dénominateur commun par lequel la protéine Gas6 et la protéine S réguleraient un grand nombre de processus physiologiques." (...) "Un déficit du processus d’apoptose et de phagocytose exercerait un rôle majeur dans les pathologies cancéreuses, les syndrômes de déficience immunitaire, les maladies autoimmunes et les phénomènes de neurodégénérescence". GAS6 "favoriserait l’interaction cellule apoptotique/phagocyte", et l'élimination optimisée des débrits cellulaires issus de l'apoptose (mort cellulaire).GAS6 protègerait également les cellules d'une apoptose excessive. "L’expression des protéines S et Gas6 ainsi que de leurs récepteurs varient au cours du développement et sont différentes selon l’organe ou le type cellulaire considéré. ( source, p.35-36, 103)

La GAS6 et la S agissent parfois de façon complémentaire, comme dans l'activation de la phagocytose, parfois de façon antagoniste. La GAS6 semblant plutôt un facteur de croissance et de migration, notamment sur les cellules de type souche et la protéine S étant plutôt un facteur d'inhibition, mais leur interelation est très complexe et contribue probablement à une différentiation et une migration cellulaire fonctionnelle au cours du processus de renouvellement cérébral (voir aussi "La vitamine K contre les maladies du cerveau"). Les recherches en sont au début dans ce domaine et on ignore encore l'effet de la carboxylation plus ou moins complète des protéines GAS6 et S par la K2 sur la neurogenèse et sur le risque de tumeurs ou cancers cérébraux en dehors des effets protecteurs sur la dégénérescence cérébrale qui semblent bien établis.

Il faut aussi savoir que l 'activation de la biosynthèse des sphingolipides est indépendante de la carboxylation des protéines GAS6 et S et de leurs effets sur le remodelage cérébral et que les effets conjugués de ces deux phénomènes agit certainement de façon positive pour assurer un remodelage cérébral fonctionnel.

Protection contre les anomalies mitochondriales de la maladie de Parkison

Chez les bactéries, la vitamine K2 participe au métabolisme énergétique dans l'équivalent mitochondrial de leur chaine énergétique. Il semble qu'il en soit de même dans le règne animal où la K2 pourrait participer au fonctionnement mitochondrial.

Dans la maladie de Parkinson, les neurones des régions touchées semble présenter un dysfonctionnement important des mitochondries. Lire  "Dans la maladie de Parkinson, les cellules nerveuses du cerveau abandonnent leurs mitochondries". Une étude récente (Vitamin K2 Is a Mitochondrial Electron Carrier That Rescues Pink1 Deficiency, présentée par sciencedaily) a été menée sur des drosophiles chez lesquelles avait été induite une mutation génétique défectueuse (dans PINK1 ou Parkin) reproduisant certaines anomalies propres à la maladie de Parkinson. Les mouches présentaient ensuite des anomalies mitochondriales similaires à la maladie de  Parkinson diminuant la capacité énergétique des cellules et rendant les mouches incapables de voler. "Quand les mouches ont reçu de la vitamine K2, la production d'énergie dans leurs mitochondries a été restaurées et la capacité des insectes à voler améliorée. Les chercheurs ont aussi été capable de déterminer que la production d'énergie a été restaurée parce que la vitamine K2 avait amélioré le transport électronique dans les mitochondries. Cela a, à son tour, amélioré la production d'énergie." Ces résultats sont récents et il n'y a pas encore eu d'étude clinique sur l'utilisation de la K2 dans la maladie de Parkinson.

La vitamine K2 semble donc fonctionner comme un protecteur mitonchondrial important et participer au transport de l'énergie au niveau des mitochondries. Cela pourrait aussi expliquer, selon nous, l'affinité étonnante de la vitamine K2 pour le coeur, alors que cette organe ne possède pas de protéines γ-carboxylées. Mon hypothèse est que la vitamine K2 pourrait avoir un effet positif sur les mitochondries du coeur, où ces organites sont les plus nombreuses dans les cellules avec celles des cellules neuronales.

Effets sur les ovaires et les testicules et la fonction reproductrice

Les testicules sont séparés du reste de l'organisme par la barrière hémato-testiculaire. "Les cellules de soutien de Sertoli sont des cellules qui se trouvent au sein des tubes séminifères et dont la fonction essentielle est la formation de la barrière hémato-testiculaire et la nutrition des futurs spermatozoïdes." (source) Par ailleurs, "le processus de spermatogenèse génère des cellules apoptotiques et des corps résiduels qui sont normalement phagocytés par les cellules de Sertoli (...)" (source p.33)

Il semble qu'au niveau du testicule la vitamine K2 joue le même rôle dans la stimulation de la phagocytose via les protéines GAS6 et S qu'au niveau cérébral ou rétinien et participe par ce biais au fonctionnement normal de la spermatogenèse.

Par ailleurs une étude récente montre que la MK4 (mais pas la K1) stimule la production de testostérone de façon dose dépendante (source).

Le rôle de la vitamine K2 sur les ovaires semble moins documenté, si ce n'est que les ovaires féminins sont un des organes qui stocke de façon préférentielle la vitamine K2 de façon similaire aux testicules masculins.

Conclusion

Les recherches sur la vitamine K, notamment la forme K2 sont en plein développement et d'importantes découvertes sont probables dans les prochaines années. Notamment on peut s'attendre à des résultats dans le domaine du fonctionnement mitochondrial, de la cancérologie, de la protection du système nerveux et d'autres organes, comme le coeur, le pancréas ou le système reproductif qui stockent préférentiellement la MK4.

La vitamine K est un produit très sur hormis qu'elle ne doit pas être utilisée par les personnes prenant des anticoagulants comme le coumadine (warfarine) sauf éventuellement pour des dose faibles de K2 pour limiter les effets néfastes de la prise de warfarine et sous étroite supervision médicale.

Nous avons essayé de "départager" l'intérêt comparé de la complémentation en MK4 et MK7 de façon aussi équitable que possible. Après un examen approfondi de la question, compliqué par les prises de positions contradictoires des sources que nous avons consulté, la MK4 nous semble avoir un intérêt nettement supérieur à la MK7, tout en ayant l'avantage d'être beaucoup moins chère. Pour des raisons de semi-monopole dans la distribution des produits, on risque de voir un peu plus d'études concernant la MK7 dans les prochaines années, mais je ne pense pas que cela modifie beaucoup les choses.

Une complémentation avec des apports compris entre 1000mcg et 5000mcg de MK4 pourrait présenter un intérêt important pour la santé. Mais actuellement, à ma connaissance, seule la vitamine K1 est disponible en pharmacie en France et probablement en Europe. La directive européenne sur les compléments alimentaires a autorisé la MK7 ce qui permet d'obtenir pour un prix élevé une saturation des protéines gamma-carboxylées, par contre la MK4 qui obtient les mêmes effets et d'autres que ne permet pas la MK7 pour un prix nettement plus réduit, n'est pas autorisée, aucun fabricant n'ayant déposé de demande.

Seuls les marchés américains et japonais proposent à des dosages adéquats de la forme MK4. Au Japon, la MK4 est utilisée comme médicament de prescription pour protéger les nourrisons du risque hémoragique à la place de la vitamine K1 utilisée dans les pays occidentaux  et pour la protection osseuse de la femme ménauposée (à 3x15mg par jour), le dosage de 45mg pouvant être considéré comme une limite supérieure de sécurité pour une prise au long cours.

De nombreuses recherches préliminaires ont été faites pour d'autres problèmes de santé, mais n'ont pas débouché sur un élargissement des indications de prescription, la  MK4, non brevetable, étant d'un coût de fabrication très faible et n'intéressant pas l'industrie pharmaceutique, car il semble très difficile d'obtenir un brevet dans une nouvelle indication. C'est probablement pourquoi aucun industriel n'a même fait l'effort de déposer une demande de mise sur le marché aux USA et en Europe de la MK4 pour l'ostéoporose, pourtant autorisée au Japon sur la base de solides études cliniques. Il faudrait des résultats vraiment sensationnels dans une pathologie spécifique pour que la puissance publique prenne l'initiative, hélas tellement rare, de se substituer au privé pour introduire ce produit sur le marché du médicament des USA ou de l'Europe.

La MK4 est disponible sur les marchés américains et japonais de la complémentation à des dosages allant le plus souvant de 5 à 15mg. On trouve ausi une forme en goutte à 1mg. Nous nous référons au marché américain, la vitamine K2 MK4 n'étant pas disponible sur le marché européen.

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Créé le 06/01/09. Dernière modification le 01/07/11.