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Le journaliste de Sciences et Avenir au Sénat devant la Commission d'enquête sur les sectes et la santé

 

Dans un article, "Attaques virulentes de Sciences et Avenir contre la place des sciences humaines à la faculté d'Angers et contre l'introduction des médecines complémentaires en milieu hospitalier" Gestion Santé avait expliqué comment la revue de vulgarisation scientifique Sciences et Avenir s'associait aux tentatives des milieux conservateurs de la santé et de la politique pour bloquer l’arrivée des médecines complémentaires à l'hôpital, largement souhaitée par la population et par de nombreux spécialistes du monde de la santé.

Le dossier d'enquête de Sciences et Avenir s'inscrivait dans un agenda mis en œuvre par les fractions conservatrices du monde politique, souhaitant, avec l'arrivée du PS au pouvoir, trouver un dérivatif efficace face à la pression croissante des médias et de l'opinion publique, dégoutée par l'affairisme et la corruption dans le monde de la santé. Ce processus de détournement de l'attention du public et des médias a culminé de fin 2012 à début 2013 avec une "Commission d'enquête sur l'influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé" au Sénat, souhaitée par la droite mais soutenue très activement en sous-main par la gauche, dont le rapport final a été remis le 10 avril 2013.

Plusieurs scandales avaient éclatés de 2010 à 2012 montrant dans quelles conditions scandaleuses avaient été mis et maintenus sur le marché différents médicaments et des dispositifs de santé nuisant gravement à la santé publique. Gestion Santé avait par exemple traité des scandales du Médiator et du Protelos qui avaient été sur le devant de l'actualité. A l'époque le FORMINDEP avait mené d'importantes campagnes, démarrées en 2009, pour faire abroger des recommandations de la Haute Autorité de Santé sur le diabète et sur la maladie d’Alzheimer. Le FORMINDEP "estimait que ces recommandations avaient été rédigées sans tenir compte des règles et de la législation gouvernant les conflits d’intérêts des experts chargés d’élaborer ces recommandations." Ces actions et ces scandales connaissaient d'important développements en 2010-2011, créant un début d'affolement au sein des classes dirigeantes.

Deux missions d'information furent alors organisées à la hâte, à l'Assemblée et au Sénat, ainsi que des Assises du Médicament, pour faire croire que les préoccupations des français étaient prises en compte et pour gagner du temps avant de prendre quelques mesures cosmétiques et sans portée et pouvoir reprendre, comme si de rien n'était, les mêmes pratiques, sur fond de collusion de la classe politique et de la haute administration avec l'industrie pharmaceutique.

A titre d'illustration, Le Quotidien du Médecin indiquait tout récemment que la CNAM estimait le potentiel d'économie sur UNE SEULE CLASSE de médicaments, les statines anticholestérol à 500 millions d'euros (par an !) du fait des aberrations persistantes dans les prescriptions et les conditions de mises sur le marché des différents produits substituables. Selon Gestion Santé cette estimation est très prudente et probablement largement sous estimée. En 2001, Gestion Santé avait publié un article sur ces médicaments, ce qui nous avait déjà amené, à l'époque, au même constat sur les économies possibles. Cela fait donc plus de 12 ans que, pour une seule classe de médicaments, on poursuit cette gabegie inimaginable. En 12 ans on est à un minimum de 6 milliards de gaspillage et en réalité beaucoup plus, à comparer au 5,5Md du déficit 2012 de la branche maladie de la Sécurité Sociale pour se faire une idée du problème ! L'austérité ce n'est pas, comme on peut s'en rendre compte tous les jours, pour tout le monde ! Sachant que plusieurs grandes classes de médicaments sont dans la même situation et présentent un potentiel d'économie du même ordre...

Le PS, qui vient d'arriver au pouvoir, est, tout autant que la droite, lourdement compromis dans la collusion avec l'industrie pharmaceutique. Il suffit de prononcer le nom de Cahuzac pour se faire une idée du potentiel de révélations explosives qui peuvent éclabousser à tout moment le PS jusqu'au plus haut niveau de l'Etat.

Dans ces conditions et avec les illusions liées à un changement de majorité et de politique, les éminences grises du PS ont du estimer que le recours au bouc émissaire méritait d'être à nouveau utilisé au maximum pour détourner l'attention. Dans ce contexte, le nouveau président de la Miviludes, Serge Blisko, a été nommé par le président Hollande en août 2012, en remplacement de l'UMP Georges Fenech, pour développer en l'aggravant encore, l'agenda répressif sécuritaire de son prédécesseur, prétendument destiné à lutter contre les sectes, et désormais massivement orienté vers le secteur des médecines dites « complémentaires » ou « alternatives ». En coordination avec cette nomination, une commission d'enquête sur les sectes et la santé était annoncée au Sénat.

Dans le cadre de cet agenda sur la prétendue infiltration sectaire dans le domaine de la Santé, un élément important aura été la sortie dans Sciences et Avenir de fin octobre 2012, d'un dossier sur l'infiltration sectaire dans le monde hospitalier, après "six mois d'enquête" [sic], qui était remarquablement positionné par rapport à la décision de juillet 2012 de créer au Sénat une commission d'enquête et avec le début des auditions (la réunion constitutive de la commission d’enquête s’est tenue le 10 octobre 2012).

L'inénarrable Olivier Hertel, l'investigateur vedette de Sciences et Avenir a été accueilli le 5/12/12 par les sénateurs, dans le cadre des auditions menées par la Commission d'enquête sur l'influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé. Hertel a servi aux sénateurs son discours brouillon et décousu habituel. Il s'est attaqué à nouveau, comme il l'avait fait dans Sciences et Avenir, à l'université d'Angers, bien que comme nous l'avons expliqué dans notre article précédent, celle-ci avait apporté entre temps toutes les informations nécessaires permettant de démentir les accusations ridicules de Sciences et Avenir.

L'université, reçue dans une audition suivante, a déclaré (Pr Isabelle RICHARD, doyen de la faculté de médecine d'Angers) : " Nous considérons l'article que vous citez, d'ailleurs repris dans un récent numéro de Paris Match, comme diffamatoire, et nous avons déposé une plainte. L'université d'Angers a exigé un droit de réponse. L'article comporte des inexactitudes : les sciences humaines représentent 200 points sur 1 000 et non sur 500. L'ouvrage mis en cause comprend un premier chapitre sur la médecine préscientifique ; c'est là qu'est évoqué le chamanisme, dont il n'est nullement fait l'apologie. Le chapitre en question a été mis en ligne sur le site de l'université d'Angers, afin que chacun puisse en juger. L'enseignement en sciences humaines dispensé en première année répond parfaitement aux objectifs, faisant appel à l'épistémologie, au droit, à la sociologie, à l'histoire, pour aider les étudiants à comprendre le contexte dans lequel se situe la médecine."

Hertel a aussi persévéré dans ses accusations sur la fasciathérapie qui, comme chacun sait, est un repère sectaire majeur qui menace de faire basculer à tout moment la médecine et la cancérologie française dans les abimes de la superstition. François-Régis Bataille, directeur général de l'Institut de cancérologie de l'Ouest a pu s'exprimer lors d'une audition ultérieure sur l'essai thérapeutique d'évaluation de la fasciathérapie qui a été mené dans son établissement, qui a fait, paraît-il, rentrer le diable lui-même dans un sanctuaire de la cancérologie. La fermeté  intellectuelle et morale de ce médecin confronté à une succession de questions déstabilisantes des sénateurs nous a semblé digne d'éloge.

François-Régis Bataille a déclaré "Je ne suis pas fasciathérapeute et ne me forme pas à cette discipline. En revanche, je suis sensibilisé, depuis de nombreuses années, au développement des soins de support qui sont à mon sens essentiels pour accompagner les patients, notamment durant leurs soins oncologiques mais aussi durant les phases d'annonce et après leur traitement. Ces soins peuvent améliorer la tolérance du traitement, favoriser la compliance des patients à leur traitement et, potentiellement, augmenter l'efficacité de celui-ci. Si l'on adhère mieux à son traitement, on peut le réaliser en totalité dans de meilleures conditions et optimiser les résultats."

Cela fait plaisir de constater que le bon sens et l'humanité restent des valeurs centrales pour de nombreux médecins français et les sénateurs ont finalement du saluer la qualité des interventions des cancérologues auditionnés qui n'ont pas cédé d'un pouce devant les sénateurs dans la défense de leur professionnalisme et de leur intégrité.

Les paroles tenues par les auditionnés sont importantes car l'enjeu est clairement, sous prétexte de lutter contre une infiltration sectaire imaginaire, de mettre la barre tellement haute pour l'introduction de nouvelles approches complémentaires aux soins classiques, que cela en devient de facto impossible et que la déshumanisation de la relation médecin - malade est ainsi systématiquement confortée.

Le Dr Bataille a fait, avec esprit et humilité, allusion à ceux, confits dans leurs certitudes, qui sont toujours prêt à imposer leurs dogmes et leurs certitudes bornées du moment (mon souligné) : "Autrefois, on conseillait aux patients recevant une chimiothérapie et qui se plaignaient de la fatigue de se reposer. Aujourd'hui, on sait qu'il s'agit d'une aberration scientifique ! Enormément d'études remarquables démontrent que l'exercice physique, qui peut être considéré comme un traitement préventif, a un effet spectaculaire, dans le cancer du sein, sur le délai d'apparition de la récidive, sur l'apparition d'un second cancer, voire des cancers en général. Qui l'aurait cru il y a vingt ans ? Pas moi, puisque nous affirmions exactement l'inverse !" (...) "Beaucoup de traitements demeurent empiriques mais, dans l'absolu, tout peut être expertisé scientifiquement. La plupart des livres scientifiques rapportent toutes sortes d'expertises très rigoureuses, dont certaines, réalisées aux Etats-Unis, portent sur l'efficacité de la prière. Ceci est d'ailleurs rapporté dans le rapport du Centre d'analyse stratégique."

Le Dr Bataille a également été interrogé sur les "révélations" de Sciences et Avenir sur la fasciathérapie à Angers :

"Il fallait qu'on en vienne là, le sujet n'aurait pas été complet sans cela ! Cette affaire est désolante pour Angers, qui est victime collatérale dans une affaire où ni le CHU ni nous-mêmes ne sommes impliqués !
J'estime l'article de
Sciences et Avenir ambigu, malhonnête intellectuellement partisan. On le voit fort bien avec la publication d'autres articles, dans les jours qui ont suivi. Nous portons donc plainte, comme l'a fait l'université d'Angers...
Cet article est ambigu, car j'ai réalisé qu'il avait donné l'impression à un certain nombre de mes collègues que j'avais été interviewé par Olivier Hertel, que je ne connais pas et que je n'ai jamais rencontré ! Je n'ai pas été interviewé par Olivier Hertel, alors que d'autres l'ont été. Ce qui est dit dans l'article ne relève donc pas d'un contact avec ce journaliste.
Cet article est malhonnête sur le plan intellectuel, car il laisse croire que l'Ico pratique des médecines non conventionnelles, ce qui est entièrement faux. Nous restons dans un cadre strict d'étude de recherche clinique. Olivier Hertel s'étonne en particulier du fait que l'Ico ait réalisé un essai sur la fasciathérapie : oui, nous venons d'en parler !
Il confond par ailleurs une information critique sur des médecines non conventionnelles que nous assurons - nous sommes là dans notre rôle, en accord avec la Miviludes - avec du prosélytisme en faveur de ces mêmes médecines. J'estime cette confusion extrêmement grave. Il s'agit d'une malhonnêteté intellectuelle, à la limite de la diffamation, ceci laissant entendre que nous abandonnerions nos malades à ce type de médecine, alors que nous sommes parmi les centres qui innovent le plus, chiffres à l'appui !
Enfin, c'est un article partisan. Ce n'est pas moi qui le dis mais
Libération ; le 7 novembre, Libération a publié, à propos de l'article de Sciences et Avenir, un article ayant pour titre : « L'affaire Gascan rebondit ». Chacun a le droit d'être partisan, mais je pense qu'Olivier Hertel a écrit cet article pour des raisons autres que celles qu'il met en avant.
Tout ceci est extrêmement décevant et violent. Une corrélation n'est pas un lien de causalité, mais je note, lorsqu'on considère cette affaire dans laquelle nous ne sommes pas impliqués, qu'il existe une certaine corrélation entre l'émergence d'articles comme celui de
Sciences et Avenir et l'évolution du processus judiciaire, proche de la cassation. Ce n'est qu'un constat mais il est important et on ne peut s'abstenir de l'évoquer."

Gestion Santé est heureux de lire tout cela, qui confirme en tout point le sérieux du travail d'enquête que nous avions effectué de notre côté.

Cette audition qui aurait du normalement être parmi les mieux préparées et les plus abouties s’est révélée totalement inconsistante et constitue sans doute le plus magistral ratage de la série d'audition sénatoriale.

Tout cela conforte, s'il était besoin, le jugement extrêmement sévère que nous avions précédemment porté sur la qualité du travail journalistique sur ces questions au sein de Sciences et Avenir.

Par ailleurs les auditions que j'ai consulté sont impressionnantes par l'absence de problèmes sectaires effectivement rencontrés. J'ai par exemple lu l'intervention de Claude Evin de l'Agence Régionale de Santé d'Ile-de-France (qui chapote tous les hôpitaux et cliniques de la Région) et celle du responsable des douanes, tous ces hauts fonctionnaires semblent se demander ce qu'ils peuvent bien faire là et essaient, non sans peine, de trouver, tout de même, quelques éléments susceptibles d'alimenter les lubies sectaires de la gérontocratie sénatoriale.

Une autre audition importante a été celle du Centre d'analyse stratégique, rattaché au Premier ministre, violemment pris à parti par les sénateurs pour avoir osé rendre un rapport qui ne soit pas un tissu de contre-vérités dictées par les adversaires des médecines complémentaires. Jean-Luc Martin-Lagardette a rendu compte de cette aspect important des auditions dans son article Zizanie au sein des services du premier ministre. Dans notre article précédent nous avions expliqué qu' "On peut à cet égard distinguer deux courants clairement opposés dans le monde de la santé. Un courant est représentée par le Rapport Médecines complémentaires à l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris et les préconisations du Centre d'analyse stratégique ... qui vont dans le sens d'un accompagnement raisonné de l'introduction des médecines complémentaires dans les pratiques de santé et à l’hôpital."

Il y avait là matière à engager un véritable débat. Mais la qualité des arguments de la Miviludes et de ses relais sénatoriaux sont de si piètre qualité qu’ils préfèrent visiblement une stratégie de la censure et de l'intimidation pour imposer leur point de vue. D'où la violence des échanges avec le Centre d'analyse stratégique. Tout cela montre la fragilité de la position des "éradicateurs" même dans les sphères officielles où visiblement les diktats de la Miviludes et de ses affidés passent mal.

Un autre aspect de l'intervention de Hertel, c'est la collusion entre le journaliste scientifique et le rapporteur pour occulter les ratées de la médecine officielle, qui démarre par cet échange des plus révélateur :

"M. Jacques Mézard, rapporteur. - Il existe un débat de fond qui met en cause la médecine traditionnelle. Certains articles prétendent qu'on ne peut nier l'existence de dérives entraînant des pertes de chances ou des dégâts réels mais qu'ils sont exceptionnels : « En comparaison, les dégâts causés chaque année par la " médecine officielle ", par l'usage des médicaments " normaux " et normés et par des pratiques médicales iatrogènes s'élèvent à plus de 34 000 morts ».

M. Olivier Hertel. - On est là face au schéma classique qui oppose les pratiques ancestrales à la médecine conventionnelle. Il s'agit d'un discours anti-médical. Plutôt que de compter les morts dues à certaines pratiques médicales, on pourrait recenser toutes les personnes que la médecine a sauvées ! "

Les pratiques médicales iatrogènes et les décès supplémentaires évitables qui résultent des mauvaises pratiques médicales sont de mieux en mieux connus et reconnus dans le monde médical depuis plusieurs années. Ainsi cet article sur les effets indésirables des médicaments indique que "Devant la cour du tribunal de Nanterre, lundi 27 mai [2013], le docteur Bernard Bégaud (Inserm/Université de Bordeau), entendu comme témoin, a estimé que les effets secondaires de médicaments étaient responsables d'au moins 18.000 décès par an". Précisons que le Pr Bégaud est, contrairement à MM. Mézart et Hertel, l'un des meilleurs spécialistes français pour les questions de pharmacovigilance.

Ajouté aux maladies nosocomiales, aux erreurs médicales, aux erreurs de prescription des médecins, à la surprescription énorme et bien documentée des antibiotiques et de plusieurs autres classes de médicaments en France et à d'innombrables autres problèmes de santé publique, le chiffre de 34000 décès n'a donc rien d'exagéré.

Il s'agit en outre de décès qui ne constituent pas du tout quelque chose d'inévitable et d'incompressible, d'une sorte de fatalité consécutive à la qualité des soins apportés par ailleurs, mais de décès souvent évitables par des mesures peu coûteuses, parfois même sources d'économies, comme le retrait des médicaments mal évalués et l'arrêt des prescriptions inutiles. De ce point de vue la déclaration de MM. Mézart et Hertel est aussi scandaleuse qu'irresponsable.

En plein scandales sanitaires, tels que nous les avons évoqué en introduction, alors que les élus et les journalistes scientifiques sont sensés avoir en mémoire les ravages causés par les dernières générations de médicaments mal évalués et mal prescrits, sur lesquels les sénateurs ont travaillé tout récemment dans le cadre de missions d'information, ils font tous deux l'apologie d'une amnésie de principe sur ces graves scandales et dérives, alors que de très nombreuses améliorations sont à portée de main et que seule manque la volonté politique.

Ces déclarations confortent notre analyse que la Commission d’enquête vise avant tout à détourner l'attention des scandales récents concernant la médecine classique. Ceci nous invite à revenir brièvement sur les conflits d'intérêts qui, dans le monde politique, créent cet immobilisme si défavorable à des réformes indispensables, soit dans le domaine de la médecine classique soit pour l'ouverture aux médecines complémentaires.

Dans notre article précédent, nous avions proposé en "Lectures complémentaires" des pistes de réflexions sur Alain Milon, UMP, le président de la Commission d'enquête sur les sectes et la santé, homme orchestre des dossiers santé au Sénat, malgré le passage du Sénat à gauche, dont les conflits d'intérêts avec les industriels sont nombreux et avérés, lire "Alain Milon, un sénateur trop lié à l’industrie pharmaceutique ?" et "Alain Milon, suite : « La guerre des sectes au Sénat »".

Il faut savoir que les firmes pharmaceutiques, sous prétexte de réunions d'informations sur divers sujets santé, organisent et financent de longue date, via des sociétés de communication, les relations incestueuses permanentes grâce auxquelles se construit la connivence entre le monde de la politique, de la haute administration et de l'industrie pharmaceutique. Lire "Ces élus qui se font subventionner par les firmes pharmaceutiques ..." sur les conflits d'intérêt des députés et sénateurs qui se font financer par les labos via le Club Hippocrate. Lire aussi : Sanofi goûte à son tour aux fruits défendus du Club Hippocrate. Mais vous préfèrerez peut-être le champagne et les petits fours du plus classique Club Avenir de la Santé ? Alors lisez Le Club Avenir de la Santé : 23 années de lobbying pharmaceutique intensif. "Gérard Bapt : un député financé à l’insu de son plein gré" apporte aussi des informations précieuses notamment sur le lobbyiste Daniel Vial, un personnage qui joue apparemment en coulisse un rôle clé dans la vie politique et économique du monde de la santé (lire régulièrement pour plus d'informations sur toutes ces questions les dossiers bien étayés du groupe Pharmaleaks sur Agoravox).

Par l'intermédiaire de ces rouages, soigneusement lubrifiés, les intérêts bien compris de l'industrie pharmaceutique se transforment progressivement en un pseudo intérêt général que relaient docilement les élus de la République. La compréhension de ces mécanismes d'influence est indispensable pour pouvoir comprendre le mélange apparemment paradoxal de scandaleuse gabegie (cf. notre introduction sur les statines) et de pénurie révoltante des soins de base indispensables, qui se développe inexorablement dans le monde français de la santé.

Les manigances parlementaires se sont également illustrées par les tentatives de donner une immunité aux membres de la Miviludes lorsque Georges Fenech était son président. Ceux-ci n'auraient plus pu être "poursuivis, recherchés, arrêtés, détenus ou jugés à l’occasion des opinions qu’ils émettent ou des actes qu’ils accomplissent dans l’exercice de leurs fonctions". Cette tentative avait été retoquée par le Conseil Constitutionnel le 15 Mars 2012. Il s'agissait d'une "Loi relative à la simplification du droit et à l’allègement des démarches administratives" dans laquelle avait été rajoutée, entre autres, par amendement, les dispositions sur la Miviludes. L'argument du CC est qu' "En revanche, le lien même indirect, d’autres dispositions introduites au cours de l’examen en première lecture par l’Assemblée nationale, avec le texte initial de la proposition de loi, n’est pas apparu. Le Conseil constitutionnel les a donc soulevées d’office et les a déclarées contraires à l’article 45 de la Constitution (cons. 16 à 21)." C'est ainsi que l'article sur la Miviludes a été supprimé de la loi par le CC. Le Conseil Constitutionnel aurait très bien pu faire semblant de ne rien voir et le fait qu'il se soit saisi de son propre chef d'un article sans que cela ait été demandé dans le recours constitutionnel des parlementaires contre la loi constituait probablement une discrète mise en garde du CC aux parlementaires et au gouvernement sur certaines limites à ne pas dépasser...

Les élus du Sénat ont n"anmoins fait une nouvelle tentative le18 décembre 2012, pour procurer une immunité aux membres de la Miviludes par l'intermédiaire de Jacques Mézard (le rapporteur cité ci-dessus), en pleine commission d'enquête sur les sectes et la santé. De ce fait le projet a été reporté en janvier et son vote semblait devoir intervenir rapidement, puis tout a été annulé en catastrophe, une procédure très rare (voir détail de l'affaire). Mon impression est que le ministère de la justice, alerté, a réussi à bloquer le projet, compte tenu du caractère exorbitant de ces dispositions d'immunité.

Les rapports de la Miviludes constituent déjà des monuments d'approximations et de propos douteux. On imagine les dérapages qui n'auraient pas tardé à intervenir si la Miviludes n'avait plus été soumise à la loi sur la diffamation. Une personne diffamée déboutée de ses recours aurait pu saisir le Conseil Constitutionnel et la Cour européenne des droits de l'homme aurait été inondée de recours. Bref d'énormes ennuis à venir pour le président Hollande. Malgré la tentation de l'arbitraire, il a du sembler urgent de repousser ces dispositions.

Jean-Luc Martin-Lagardette a également dressé la liste des propositions liberticides présentées par la Miviludes lors de l’audition de celle-ci au Sénat. En fait, la Miviludes propose de façon décomplexée aux élus ses propositions répressives et ses demandes d'impunité judiciaire. Il y a toujours du souci à se faire pour la démocratie lorsque ce genre d'officines répressives, sans aucune représentativité sociale, tente de faire ainsi passer ses textes de lois aux élus.

Pour l'instant tout cela n'a heureusement pas eu de suite, même s'il faut rester très vigilant, ce qui explique la couverture importante que Gestion Santé donne à ses sujets avec deux articles successifs approfondis. Le rapport sénatorial est retombé comme un soufflet. Evidemment la presse dominante a « informée » avec son zèle habituel, à la remise du rapport, sur les graves dangers que posaient les médecines complémentaires et les sectes, mais avec nettement moins d'enthousiasme et de conviction que d'habitude. Assez peu de temps après, les principaux magazines grand public sortaient à nouveau des articles favorables à toutes sortes de médecines complémentaires, sans plus faire référence au "péril sectaire".

Il ne faut donc pas désespérer, la lutte contre les médecines complémentaires est portée par une poignée d'activistes largement coupés de la population et même très isolés au sein de l'administration. Certes, chacun souhaite pouvoir trier intelligemment le bon grain de l'ivraie et bloquer l'entrée de méthodes sans intérêt avéré et de potentiels illuminés à l'hôpital. Il faut donc développer une expertise et des évaluations régulières. L'intégration des approches complémentaires peut aussi prendre des formes diverses depuis des propositions qui sont plutôt de l'ordre de l'animation et des loisirs, périphérique aux soins, mais importantes pour l'humeur et le bien vivre à l'hôpital, jusqu'à des approches d'avantage intégrées aux soins. Quoi qu'il en soit, la population appelle de ses vœux et à juste titre l'introduction raisonnée des médecines et approches complémentaires au côté et en soutien de la médecine académique en visant à une humanisation de la vie à l'hôpital et à une prise en compte de la des patients qui doivent être traités comme des personnes à part entière et non réduits à des pathologies à traiter de façon autoritaire dans des usines à soins.

Lectures complémentaires :

Attaques virulentes de Sciences et Avenir contre la place des sciences humaines à la faculté d'Angers et contre l'introduction des médecines complémentaires en milieu hospitalier. Dans cet article de février 2013, Gestion Santé a mis en évidence le comportement douteux de la revue de vulgarisation scientifique Sciences et Avenir qui collabore ouvertement aux tentatives des fractions les plus conservatrices du monde de la santé et de la politique pour faire échouer l’arrivée des médecines complémentaires à l'hôpital en soutien de la médecine académique, largement souhaitée par la population et par de nombreux spécialistes du monde de la santé.

Audition au Sénat de M. Olivier HERTEL, journaliste à Sciences et Avenir (mercredi 5 décembre 2012) Les vaticinations et les oracles confus du journaliste de Sciences et Avenir écouté avec dévotion et dans le recueillement par les sénateurs.

Miviludes : une proposition de loi retirée subitement de la commission des lois au Sénat (Article de Paris Tribune)
Cet article porte sur les tentatives parlementaires en cours, d'origine sénatoriale, pour donner l'immunité au président de la Miviludes afin qu'il puisse déverser sans entrave les calomnies de son rapport annuel.

Alain Milon, un sénateur trop lié à l’industrie pharmaceutique ? (Article de altermonde-sans-frontiere)
Le portrait de l'homme, si proche de l'industrie pharmaceutique, qui truste tous les dossiers santé du Sénat et préside la Commission d'enquête sénatoriale sur les sectes et la santé évoquée dans notre article.

Alain Milon, suite : « La guerre des sectes au Sénat » (Article de altermonde-sans-frontiere)
Un complément utile au portrait précédent, l'auteur faisant une analyse similaire à la notre sur les enjeux de la Commission d'enquête sénatoriale sur les sectes et la santé.

Ces élus qui se font subventionner par les firmes pharmaceutiques ... Les conflits d'intérêt des députés et sénateurs qui se font financer par les labos via le Club Hippocrate. Lire aussi : Sanofi goûte à son tour aux fruits défendus du Club Hippocrate. Mais vous préfèrerez peut-être les petits fours du plus classique Club Avenir de la Santé ? Le Club Avenir de la Santé : 23 années de lobbying pharmaceutique intensif  financé par la firme pharmaceutique GSK France. (liens via l'excellent groupe Pharmaleaks sur Agoravox, une mine d'or que nous vous invitons à consulter !).

Zizanie au sein des services du premier ministre (Le 03/07/13, par Jean-Luc Martin-Lagardette)
Le centre d'analyse stratégique, rattaché au Premier ministre, violemment pris à parti par nos inquisiteurs sénatoriaux pour avoir osé rendre un rapport qui ne soit pas un tissu de contre-vérités dictés par les fondamentalistes anti  médecines complémentaires.

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Créé le 07/07/13. Dernière modification le 07/07/13.