Gestion Santé

Retourner à la liste des sujets traités.

Gestion Santé : Depuis 12 ans une information indépendante et sans conflit d'intérêt au service de votre santé

Faire une recherche Google sur Gestion Santé    Pour être tenu au courant des mises à jour : envoyez une demande par mail à gestionsante@gmail.com

 

L'homocystéine

Une révolution dans le traitement et la prévention des maladies cardio-vasculaires

 

Nous avons vu dans une autre page du site sur l'acide folique et la grossesse que la question du niveau d'acide folique était probablement à considérer en relation avec la question du taux d'homocystéine, qui s'avère dangereux quand il est élevé, mais qui peut être assez facilement ramené à la normale par la prise de quelques vitamines. Mais qu'est-ce que l'homocystéine dont on parle encore très peu en France dans les milieux médicaux, et qui est quasi inconnue du grand public, alors que cette notion est en train de s'imposer aux USA, à la fois dans la médecine orthomoléculaire, mais aussi traditionnelle?

Travaux du Dr Kilmer McCully
Le cycle de la méthionine
Prévention et traitement par les vitamines
Utilité du dosage de l'homocystéine et résistances du milieu médical
En France il n'y a pas de multivitamine B adapté au traitement de l'excès d'homocystéine en pharmacie et pas de remboursement du test de l'homocystéine par la Sécu !
Régulation du taux d'homocystéine et ostéoporose

Travaux du Dr Kilmer McCully

Cette théorie simple et élégante s'appuie sur les travaux du Dr Kilmer McCully, un médecin et chercheur américain, et concerne tout particulièrement, mais pas exclusivement les maladies cardio-vasculaires dont le risque s'accroit fortement avec l'augmentation du taux d'homocystéine. Depuis, on trouve sans cesse d'autres pathologies liées à l'augmentation du taux d'homocystéine, en particulier pour tout ce qui concerne le vieillissement et les dégénérescences du système nerveux. Les recherches du Dr McCully ont commencé à être publiées aux USA à la fin des années 60 (1) et ont fini par s'imposer à la fin des années 90 (mieux vaut tard que jamais !) au vu de nombreuses études convergentes menées par différents chercheurs (2). Il ne faut donc pas désespérer de les voir également s'imposer en France, mais pas avant un "certain temps", le sujet semblant encore quasi-tabou en France. Le sujet y est en effet abordé de façon confidentielle, quand il l'est, dans les revues médicales spécialisées et n'a été traité par aucune revue ou journal à grand tirage à ce jour, contrairement aux USA. La raison en est probablement que cela ne ferait guère l'affaire des gros laboratoires, mais probablement aussi à cause d'une fascination souvent sans fondement des médecins pour la haute technologie et la médecine "de pointe", au détriment de tout ce qui peut ressembler à des mesures de santé préventives ou curatives simples, efficaces et peu coûteuses!

Le cycle de la méthionine

L'homocystéine est un acide aminé soufré apporté par les protéines de l'alimentation (les acides aminés sont les "briques" à partir desquelles sont fabriquées les protéines de l'organisme). L'homocystéine est formée durant le cycle métabolique de la méthionine, un cycle très important de l'organisme qui aboutit à la formation de donneurs de méthyl et à la réparation cellulaire.

Ci-dessous un schéma (un peu complexe) en anglais expliquant le cycle de la méthionine et d'autres cycles qui lui sont liés.

Cycle de la méthionine (cf. la figure 2 du document au format pdf de la revue Alternative Medecine Review)

Le début de ce cycle métabolique commence par l'absorption de la méthionine, qui est obtenu par la digestion des protéines, qui contiennent des quantités variables selon les aliments des différents types d'acides aminés. Si l'apport alimentaire est riche en protéines contenant de la méthionine, la formation d'homocystéine est susceptible d'augmenter d'autant. Ce n'est pas forcément un problème en soi, puisque la méthionine est très utile en elle-même et que, mis à part le risque de hausse du taux d'homocystéine, ce cycle du métabolisme est à l'origine de matériaux protéiques indispensables à l'organisme soit à travers son cycle propre, soit au travers de cycles liés (cycle du folate, voie de transsulfuration).

Ces cycles biologiques peuvent aboutir à une augmentation importante du taux d'homocystéine, s'ils fonctionnent mal, en cas d'insuffisance en certaines vitamines, notamment l'acide folique (vitamine B9), la vitamine B6 et B12 ou si la personne présente certaines particularités génétiques (relativement fréquentes) qui font qu'elle utilise mal lesdites vitamines.

Dans le cycle propre de la méthionine, des substances très utiles sont produites comme la SAM (S-adénosyl méthionine) ou le DMG (dimethylglycine ou acide pangamique, parfois appelé vitamine B15). L'homocystéine peut aussi se retransformer en méthionine ce qui s'appelle la reméthylisation. Mais pour que ce processus puisse s'effectuer de façon suffisamment importante, il faut que des substances donneuses de méthyl (qui retransforment l'homocystéine en méthionine) soient disponibles en quantité suffisante ce qui n'est pas toujours le cas.

Une autre voie de reméthylisation s'effectue via le cycle du folate, ce qui nécessite des apports suffisants en acide folique principalement, ainsi qu'en vitamine B12. Si suite à une anomalie génétique assez fréquente (une personne sur huit d'après le Dr McCully !), la personne utilise mal l'acide folique, son taux d'homocystéine va augmenter plus ou moins fortement, la prédisposant entre autres aux maladies cardio-vasculaires. Ce phénomène devrait à lui seul plaider pour faire du test du taux d'homocystéine dans le sang un classique au même titre que celui du cholestérol.

La voie dite de la transsulfuration qui, elle, ne vise pas à la reméthylisation mais à la production d'autres substances à partir de l'homocystéine est très importante car elle transforme, en plusieurs étapes, une grande partie de l'homocystéine en cystéine à l'aide de la vitamine B6. La cystéine est à l'origine d'un acide aminé soufré antioxydant majeur, le glutathion, et d'autres acides aminés utiles, notamment la taurine.

La cystéine et ses dérivés soufrés sont aussi des protecteurs majeurs contre le risque de cancer (Cf. Sulfur in Human Nutrition and Applications in Medicine). Parmi de nombreuses recherches concordantes, une étude récente montre que les femmes situées dans le quintil supérieur de cystéine mesuré dans le sang ont un risque de cancer du sein minoré de 56% par rapport aux femmes situées dans le quintil inférieur. La protection est encore supérieure si l'on considère les cancers invasifs.

D'un point de vue biologique nous avons donc besoin de niveaux élevés d'acides aminés soufrés mais aussi de cofacteurs vitaminiques permettant de métaboliser correctement ces acides aminés afin d'éviter d'augmenter le taux d'homocystéine. C'est là que la vitamine B6 et la vitamine B9 avec l'aide de la B12 jouent un rôle clé en évitant selon 2 mécanismes différents la hausse du taux d'homocystéine.

Suite aux travaux du Dr McCully on s'est ainsi rendu compte que le niveau d'homocystéine était un bien meilleur prédicteur du risque cardio-vasculaire que le taux de cholestérol (le taux de "mauvais cholestérol" LDL reste néanmoins un facteur de risque spécifique, dont un taux élevé d'homocystéine semble renforcer la dangerosité). Il faut bien comprendre que le taux d'homocystéine est un facteur de risque per se et non un marqueur indirect du risque cardio-vasculaire dont l'origine serait ailleurs. Les différents mécanismes biochimiques par lesquels l'homocystéine génère des pathologies cardio-vasculaires sont maintenant bien documentés (Cf. en lien une interview en anglais du Dr McCully " The Homocysteine Revolution ").

Prévention et traitement par les vitamines

Les mesures préventives et curatives sont relativement simples. Il suffit de complémenter dans les principales vitamines B indiquées, à savoir la B6, la B9 et la B12. Un régime pauvre en méthionine est parfois proposé, en particulier en France, dans les milieux médicaux, mais il ne me semble reposer sur aucune donnée scientifique validée. Rappelons qu'aux niveaux des acides aminés essentiels l'acide aminé en carence constitue un facteur limitatif pour la synthèse protéiques d'éléments indispensables à l'organisme. L'acide aminé manquant constitue aussi un facteur limitant qui bloque l'assimilation des autres acides aminés. De plus l'apport des vitamines précitées permet de ramener facilement l'homocystéine à la normale. Ainsi, l'idée de réduire par un régime l'apport en méthionine, par un refus dogmatique et a priori d'utiliser la complémentation en vitamines, alors qu'il s'agit de produits exceptionnellement sûrs, très peu coûteux et faisant partie de la pharmacopée de très longue date, paraît scientifiquement et éthiquement inacceptable. Ajoutons enfin qu'un tel régime suppose un régime pauvre en protéines animales, car la viande est la source alimentaire principale de méthionine. Or des recherches récentes montrent que ceux qui consomment le plus de protéines alimentaires ont le plus faible taux d'homocystéine (Cf Fig. 8 p. 5 de la lettre de vrp.com) !

L'analyse sanguine permet de vérifier si le taux d'homocystéine revient à la normale. Si ce n'est pas encore le cas, il peut s'agir d'une anomalie génétique qui nécessite des apports vitaminiques plus élevés en vitamine B9 ainsi qu'en vitamine B12 et B6. On peut aussi envisager de donner des formes plus assimilables de vitamines, comme le pyridoxyl-5-phosphate, forme coenzimée de la B6 (forme intéressante uniquement en injection), ou le dibencozide et la méthylcobalamine formes coenzimées de la B12 ou encore la forme coenzymée de la B9 (Lederfoline en pharmacie). Des apports suffisants en minéraux comme le zinc permettant un fonctionnement optimum des systèmes enzymatiques sont aussi conseillés de même que les autres formes de vitamines B qui peuvent jouer le rôle de cofacteurs.

Pour plus de détail sur les vitamines du groupe B vous pouvez consulter la page de Gestion Santé qui leur est consacré.

A noter que l'on a découvert que le TMG (trimethylglycine aussi appelé bétaine qu'on trouve en pharmacie sous forme de citrate de bétaine) était un puissant donneur de méthyl dont la complémentation permet la reméthylisation de l'homocystéine (dans le cadre du cycle propre de l'homocystéine) en se transformant en DMG, produit dont les propriétés toniques sont également connues. Le TMG est disponible en complément nutritionnel et est peu couteux. La reméthylisation par le TMG entraîne une augmentation importante de la production de SAM (S-adenosylmethionine), produit intéressant qui est aussi souvent utilisé en complémentation nutritionnelle, mais reste assez coûteux alors qu'il peut être ainsi apporté, dans de nombreux cas, plus simplement et à moindre coût par le TMG accompagné d'un apport suffisant en protéines riches en méthionine.

En fait, il faudrait à mon avis complémenter d'abord avec un multivitamine B et du TMG (pour ne citer que les produits les plus importants !) et étudier le résultat avant d'envisager la nécessité de prendre de la SAM. Ce produit est toutefois intéressant et a une efficacité démontrée pour des troubles spécifiques en particulier la dépression, l’ostéo-arthrite les les maladies chroniques du foie.

C'est ici l'occasion de préciser que sur Gestion Santé nous plaidons toujours pour l'utilisation en première ligne de nutriments et vitamines de base qui vont avoir un effet positif en cascade sur de très nombreux aspects du métabolisme, plutôt que de prendre des suppléments qui sont des sous-produits très spécialisés de cycles métaboliques particuliers. Ceux-ci peuvent toutefois se révéler utile en deuxième ligne et en plus des premiers soit si leur utilité est démontrée à un niveau très élevé difficilement atteignable via leurs précurseurs, soit parce qu'ils sont très efficaces dans des pathologies particulières dont souffre la personne.

Pour une recension des études sur le TMG, voir la page TMG abstracts de la Live Extension fondation. D'un point de vue clinique, c'est un moyen extrêmement efficace de faire baisser très rapidement le taux d'homocystéine lorsque les vitamines B habituelles ne suffisent pas ou lorsque le niveau initial est très élevé (3).

Enfin, la N-acetylcysteine, un autre acide aminé soufré qui agit notamment en synergie avec la vitamine C, pour augmenter le niveau des antioxydants cellulaires joue également un rôle important pour réguler le taux d'homocystéine. Il en va de même pour un autre supplément nutritionnel bien connu la choline (un alcool azoté) qui est aussi un nutriment très utile pour de nombreuses fonctions organiques et qui agit sur l'homocystéine en se transformant partiellement en bétaine lorsqu'il est métabolisé.

A part, la SAM qu'il convient de n'utiliser, à mon avis, que pour des problèmes bien spécifiques et en deuxième intention, les vitamines B6, B9, B12, la N-acetylcysteine et la vitamine C sont des produits de base de la complémentation nutritionnelle.

L'article suivant de Alternative Medicine Review, "Homocysteine Metabolism: Nutritional Modulation and Impact on Health and Disease" de Alan L. Miller, N.D. and Gregory S. Kelly, N.D. reprend en détail tous les aspects de la biochimie de l'homocystéine.

A noter, pour ceux qui s'intéressent aux différents types de compléments alimentaires, que le MSM, le DMG et le TMG seraient des produits chimiquement proches (selon www.bulkmsm.com). Le TMG on l'a vu, cède un de ces groupes méthyl (CH3) à l'homocystéine en donnant du DMG. Le MSM (Methyl-Sulfanyl-Methane ou DMSO2), est une source de soufre organique, présent dans les fruits et légumes frais (non cuits). On lui attribue des vertus désintoxiquantes, antiallergiques et protectrices pour les problèmes articulaires (4). Le produit vendu comme complément alimentaire et qui a obtenu un grand succès ces toutes dernières années, est obtenu par l'oxydation du DMSO, un liquide qui est lui-même un sous produit inutilisé de la fabrication de la pâte à papier (voir les explications, en anglais, du fabricant américain de MSM, www.bulkmsm.com). Le MSM peut être utilisé comme une source alternative de cystéine, le précurseur du glutathion en se substituant partiellement aux acides aminés soufrés lorsque cela est nécessaire. Son rôle semble donc plutôt se situer en aval du cycle de l'homocystéine proprement dit (Cf. Sulfur in Human Nutrition and Applications in Medicine).

 

molécule d'homocystéine

La question du niveau souhaitable d'homocystéine est évidemment fondamentale. Jusqu'à une date récente on pensait qu'un taux de 5 à 15 micromoles par litre se situait dans la normale. Au vu des dernières études rapportées par la Life Extension Foundation, une des principales organisations américaine de recherche et de vente de compléments alimentaires, il semble que le niveau de sécurité ne devrait pas dépasser la zone située entre 6.3 et 7. A partir de ce niveau, le risque cardio-vasculaire augmenterait en moyenne de 35% toutes les 3 unités supplémentaires. Un tel niveau de 6.3 à 7 peut difficilement être tenu à partir d'un certain âge (le niveau d'homocystéine augmentant régulièrement avec l'âge), sans la prise de multivitamines B et de TMG et le recours à une vérification sanguine serait alors indispensable pour optimiser à la fois la prise de vitamine et le cas échéant de TMG, pour être sûr de se maintenir à ce niveau relativement bas d'homocystéine. Il semble en effet que si l'efficacité de ces nutriments est indéniable chez toutes les personnes, la quantité nécessaire pour revenir à des niveaux de 6,3 à 7 est très variable en particulier chez la personne âgée.

Utilité du dosage de l'homocystéine et résistances du milieu médical

De toute façon ainsi que nous l'indiquions, l'ensemble des études plaident déjà en faveur de la mise en place du contrôle de l'homocystémie sanguine comme examen de routine tout comme celui du cholestérol (pour en savoir plus sur les techniques d'analyses disponibles qui ne semblent pas encore normalisées en France, (cf. la page sur les analyses biologiques d'un site de biochimistes de l'APHP). C'est pourquoi le blocage psychologique assez général du milieu médical (ou plutôt au sein de celui-ci du petit nombre de médecins qui semble avoir entendu parler du sujet !) vis-à-vis d'un dépistage général du taux d'homocystéine laisse pantois ! A mon avis le seul dépistage des personnes fixant mal l'acide folique suffirait à le justifier et nous avons vu qu'en fait le nombre de personnes qui pourraient grandement bénéficier d'un tel dispositif est beaucoup plus important.

La page ci-après du site d'Esculape donne un exemple navrant des pseudo raisonnements couramment tenus au sujet du test de mesure de l'homocystéine. On propose le dosage uniquement dans l'après coup de maladies cardio-vasculaires gravissimes, alors que des mesures préventives simples et efficaces pourraient être mises en œuvre! (A noter qu'Esculape a mis notre page en lien et nous ne pouvons que les remercier pour cette attitude de dialogue constructif).

D'ores et déjà, au vu des études disponibles, il est certain que des millions de personnes bénéficieraient d'un tel dispositif de dépistage et de régulation vitaminique du niveau d'homocystéine, même en interprétant de façon très restrictive et pessimiste les études disponibles. Les cardiologues ont-ils peur de se retrouver au chômage ? Il est clair en tout cas que le dépistage remettrait le généraliste au centre du dispositif de prévention et de traitement des maladies cardio-vasculaires. Il est vraisemblable aussi qu'une des principales raisons de cette hostilité tient au refus de mettre en avant l'intérêt des compléments alimentaires et des vitamines dans la prévention et le traitement des différentes pathologies humaines. Le contrôle de l'homocystéine qui illustre de façon exemplaire l'intérêt de cette complémentation mettrait certainement à mal la politique de désinformation menée activement dans ce domaine par les pouvoirs publics et les différents lobbies concernés par les questions de santé publique.

Qu'on imagine seulement la situation: on généralise le test de l'homocystéine, quelques millions de personnes en France ont un taux nettement supérieur à la normale... et le seul traitement, excellent au demeurant, qu'on peut leur proposer, c'est un multivitamine composé de B6, B9 et B12! C'est toute la politique de désinformation d'Etat de ces dernières années sur les vitamines qui s'effondre. Du côté de l'industrie pharmaceutique (à savoir les commanditaires occultes de ladite politique) ce sont des hurlements d'horreur puisque les grands laboratoires ont tout misé sur les anticholestérols, notamment les statines (5) et font tout pour minimiser le problème de l'homocystéine qui ne peut être traité par des produits brevetables. Catastrophe supplémentaire, on risque de s'aperçevoir après avoir largement prescrit les vitamines B que celles-ci ont d'autres effets remarquables sur la santé des personnes qui les utilisent en dehors de la prévention des maladies cardiovasculaires... Voilà donc pourquoi vous ne risquez pas d'entendre parler de l'homocystéine dans les prochaines années, sauf de façon allusive, ou si vous avez la chance d'être suivi par un médecin anticonformiste qui sait résister à la pression des visiteurs médicaux...

En France il n'y a pas de multivitamine B adapté au traitement de l'excès d'homocystéine en pharmacie et pas de remboursement du test de l'homocystéine par la Sécu !

Le site Pharmacorama note et s'étonne qu'aucun laboratoire ne propose un multivitamine à base de B9, B6 et B12 permettant de réguler le taux d'homocystéine, à l'occasion de la publication d'une étude ayant montré la remarquable efficacité de ces vitamines sur des malades coronariens. Ceux qui ont l'habitude de parcourir mon site seront beaucoup moins étonnés... Par ailleurs dans ma page sur les multivitamines B, j'étudie les constituants des meilleurs produits de complémentation alimentaire dans ce domaine.

Et bien entendu, pour achever de vérouiller le système, la Sécurité sociale ne rembourse pas le test... Il faut dire que très peu de médecins ont entendu parler de l'importance du taux d'homocystéine. Touchez en un mot à votre médecin vous serez surement surpris du résultat ! Nous sommes en France dans un système d'information santé totalement verrouillé et de collusion entre industrie et expertise santé dont on constate tous les jours les résultats dévastateurs. Le problème de l'homocystéine n'est évidemment dans ce domaine qu'un problème parmi tant d'autres.

Pour conclure, ajoutons que les compléments alimentaires que nous avons cité à propos de l'homocystéine ne doivent pas faire oublier l'intérêt d'autres produits également très efficaces dans le domaine de la prévention des problèmes cardio-vasculaires comme les vitamines E et C et le co-Q10 et l'importance d'une diététique appropriée, cela va de soi, en particulier un apport en corps gras équilibré (avec suffisamment d'omega 3 d'huiles de plantes comme le colza et de DHA et EPA des huiles de poisson). Enfin, la pratique de l'exercice physique régulier contribue lui aussi à faire baisser le taux d'homocystéine.

Quant aux personnes qui se sentent concernées par une gestion prévisionnelle de leur potentiel santé dans le cadre d'une prévention des pathologies du vieillissement, le cycle méthionine-homocystéine est un des premiers cycles à optimiser,compte tenu de ce qu'il permet de conserver une santé cardio-vasculaire optimum et de ce qu'il est à l'origine de la production de nombreux sous-produits antioxydants qui permettent d'améliorer la santé et la longévité.

Régulation du taux d'homocystéine et ostéoporose

Nous avons vu que les vitamines B9, B12 et B6 avaient une utilité certaine sur le risque cardiovasculaire via la régulation du taux d'homocystéine ou même directement (pour ce qui concerne la vitamine B9). L'action sur le système nerveux et certains troubles comme la dépression est également bien documentée. En fait les résultats pleuvent qui démontrent le lien entre telle ou telle pathologie et le niveau d'homocystéine ou plus directement avec tel ou tel des vitamines qui en régulent le taux.

On soupçonnait (section " Homocysteine and Osteoporosis ") de longue date l'homocystéine élevée d'avoir un lien avec l'ostéoporose car les enfants ayant une hyperhomocystéinémie ont souvent des problèmes d'ostéoporose. Une étude sur Pubmed avec des mots clés, par exemple "homocysteine bone osteoporosis" remonte un grand nombre d'études pertinentes sur le lien général entre ostéoporose et homocystéine ou avec les apports en vitamines B9 et B12 pour toutes les classes d'âge.

Les résultats s'accumulent dans ce domaine, mais on ne savait pas avec certitude si les vitamines qui régulent le taux d'homocystéine pouvaient avoir un impact positif sur l'os si elles étaient prise en complément. On a une première réponse avec une étude parue dans JAMA " Effect of folate and mecobalamin on hip fractures in patients with stroke: a randomized controlled trial" qui montre des effets spectaculaires après deux ans de supplémentation avec des niveaux élevés de B9 et B12 (respectivement 5mg et 1500mcg, pour des infos sur les dosages habituels cf. ma page sur les vitamines B). Le risque de fracture de la hanche a été divisé par 4 à nombre de chutes équivalentes dans une population traitée par rapport au groupe placebo. La population sélectionnée était constituée de personnes âgées se remettant d'hémiplégie suite à une attaque cérébrale. Cette population est très vulnérable aux chutes ce qui permet d'observer l'effet de la complémentation sur le grand nombre de fractures de la hanche qui intervient généralement dans cette population. Dans le même temps le taux d'homocystéine élevé avant le traitement baissait dans la population traitée et continuait d'augmenter dans la population du groupe placebo.

Il faut savoir que ces taux de protection sont extraordinairement élevés. Je dois dire que même un partisan convaincu comme moi de la complémentation nutritionnelle reste stupéfait d'une telle efficacité sur une durée aussi courte. Il faut par exemple la comparer avec les résultats obtenus avec le strontium qui passe pourtant à juste titre, d'après les dernières études publiées récemment, pour un traitement sûr et efficace de l'ostéoporose et qui semble néanmoins beaucoup moins efficace que le traitement par les vitamines B9 et B12. Le strontium est efficace sur les fractures vertébrales, mais beaucoup moins sur les fractures périphériques comme celles de la hanche.

On sait que le taux d'homocystéine n'est pas relié à la densité minérale de l'os. Comment expliquer alors l'efficacité du traitement ? Il semble que la réponse soit liée à la capacité de l'homocystéine à interférer avec la mise en liaison croisée du collagène qui joue un rôle clé dans la stabilité et la force de résistance du réseau de collagène qui soutient les tissus osseux. Ainsi, même sans interférer avec la densité minérale de l'os, l'homocystéine induirait une fragilité majeure de l'os à densité minérale équivalente. C'est en tout cas l'hypothèse explicative la plus vraisemblable, mais il faut savoir que cette explication reste discutée. Mais malgré les résultats qu'il est difficile de décrire autrement que franchement sensationnels de cette étude, la réaction du milieu médical est plutôt glaciale comme le montre l'éditorial de JAMA qui accompagne l'article :

“Dans ce dernier JAMA, Sato et ses collègues présentent la première preuve qu'un niveau élevé d'homocystéine pourrait effectivement rendre les os plus fragiles (...) Dans cette (...) étude, les patients japonais qui suite à une attaque étaient traités avec des folates et de la vitamine B12 avaient un risque de fracture de la hanche divisé par cinq dans un suivi à deux ans comparé au groupe placebo. C'est une réduction de risque très importante mais l'interprétation de ces résultats demande des précautions (...) En dépit des limitations possibles de l'étude de Sato et al, les résultats montrent que - au moins pour les patients après attaque cérébrale - les folates et la vitamine B12 sont efficaces dans la prévention de la fracture de la hanche. Q'une protection similaire puisse être obtenue avec d'autres groupes de patients (à risque de fracture élevé) ne pourra avoir de réponse que par d'autres études d'intervention. Après l'observation initiale il y a moins d'un an d'une association entre niveau d'homocystéine circulant et risque de fracture, ces résultats soutiennent maintenant un lien de causalité. [ma traduction] ”

Rien donc du déchaînement d'enthousiasme et de la campagne de presse mondiale qui aurait accompagné un résultat similaire avec un médicament brevetable. En France par exemple, le Quotidien du médecin, un bon indicateur des réactions de l'establishment médical s'est contenté d'une très courte recension de l'étude dans sa section "Etude". Sur l'internet de langue française, silence assourdissant...

Dans JAMA lui-même, rien qui ressemble à un conseil en faveur d'une prescription générale de ces produits aux malades concernés alors que le risque thérapeutique est nul et que de nombreuses études ont montré par ailleurs que l'apport de ces vitamines et la baisse du taux d'homocystéine induite sont très positivement liées à la santé du système nerveux et à celle du système cardio-vasculaire. On se pince aussi en lisant que l'étude ne serait valable que pour les patients victimes d'attaque cérébrale ! En effet il faudrait plutôt dire qu'elle est extrapolable aux patients d'âge comparable, ayant le même niveau d'ostéoporose et de taux d'homocystéine, l'accident vasculaire cérébral n'étant pour rien dans l'affaire, sinon qu'il a permis de sélectionner une population où les chutes sont extrèmement fréquentes et le taux d'homocystéine souvent relativement élevé, et donc de tester facilement l'hypothèse avec une population pas trop importante. Une fois de plus quand il s'agit de nutriments non brevetables la réaction du corps médical semble la même. Le niveau de preuve que doit apporter le nutriment pour être cautionné par l'establishment tend vers l'infini, et même lorsque la démonstration semble faite de façon irréfutable, on constate une réticence majeure de la majorité du corps médical à mettre en oeuvre le protocole de traitement. A l'opposé avec les médicaments brevetables on reste dans la logique le rapport risque / bénéfice malgré les dérives massives que l'on constate : risques minimisés et bénéfices grossièrement surévalués ! Pourquoi deux poids deux mesures ? Evidemment la dévalorisation des nutriments malgré leur efficacité à un corollaire : la difficulté de financer les études et le fait que de telles recherches plombent la carrière des chercheurs qui s'y adonnent... Dans le cas qui nous intéresse des études complémentaires de vérification paraissent effectivement indispensable, mais on peut être sûr qu'elles n'auront jamais un caractère de santé publique prioritaire, malgré les perspectives qu'elles ouvrent et que bien au contraire, cela sera toute une affaire pour les monter et les financer. A l'opposé la médecine génétique qui nous promet des landemains qui chantent (mais qui sont toujours renvoyés au lendemain) bénéficie de toute les prioritiés et d'énormes financement. Idem évidemment pour tous les médicaments brevetables...

Tout cela au détriment des patients et de la santé publique, car rappelons quand même que l'ostéoporose et les fractures liées sont un des plus grands problèmes de santé publique chez les personnes âgées, qui générent des dépenses extrêmement élevées pour la collectivité, sont source de terribles invalidités et sont liées à une mortalité précoce pour les fractures les plus graves.

Enfin cette étude ouvre la voie à de fécondes hypothèses de recherche. Utilisation dans la même population, d'autres inhibiteurs de l'homocystéine que nous avons évoqués dans ce qui précède mais aussi comme l'étude semble mettre en avant l'importance du collagène, pourquoi ne pas supplémenter en précurseur de la synthèse du collagène comme certaine formes de silices facilement assimilables, et les acides aminés précurseurs du collagène, la glycine, la proline et la lysine ? Quid aussi de l'impact de l'homocystéine sur la qualité du collagène des parois artérielles pour les affections cardio-vasculaires ?

(1) McCully K : Vascular pathology of homocysteinemia : implications for the pathogenesis of arteriosclerosis. Am J Pathol 1969, 56: 111-128.

(2) Par ex: Welch G : Homocysteine and atherothrombosis. New Eng J Med 1998, 338 (15): 1042-1050. (8) Morrison H : Serum folate and risk of fatal coronary heart disease. JAMA 1996, 275 (24): 1893-1896.

(3) Il est donc navrant de voir que le citrate de bétaïne (dénomination française du TMG, Cf. description de BIAM pour le BETAINE CITRATE) dont les propriétés hépatoprotectrices sont pourtant bien connues n'est désormais plus remboursé par la sécurité sociale. L'AFSSAPS (l'agence du médicament) qui est à l'initiative de cette opération confirme ici comme ailleurs sa capacité de nuisance, en s'employant à faire dérembourser de nombreux produits utiles (Tous les produits à base de ginkgo biloba sont aussi concernés parmi de nombreux autres produits, comme l'hydergine et le piracétam pour ne citer que quelques produits aux qualités exceptionnelles dans le domaine neurologique). Ces opérations de déremboursements sont intervenues à la suite d'une campagne de désinformation soigneusement orchestrée dans les médias français (même le "Canard" s'est réjouit de l'opération !). On peut en tout cas se demander s'il ne s'agit pas en fait d'évincer du marché des produits efficaces, à large spectre d'action et quasi dépourvus d'effets secondaires pour faciliter la mise en place de produits coûteux, au plus grand bénéfice des multinationales pharmaceutiques. Pour voir la liste des produits déremboursés : J.O. Numéro 179 du 4 Août 2000 page 12114. Voir aussi la liste initiale (qui n'a pas été intégralement retenue) des 262 médicaments ayant un soit-disant "Service Médical Rendu" insuffisant, selon les "experts" de l'AFSSPS. Voir aussi notre nouvelle page sur les soit-disant SMR insuffisant.

(4) A noter que l'AFSSAPS (agence du médicament) en interdisait encore récemment l'importation via les services des douanes (comme d'une multitude d'autres compléments alimentaires). Toutefois ce produit est désormais couramment disponible dans les catalogues de vente par correspondance des sociétés spécialisées dans les compléments alimentaires européennes. En l'absence de contrôle douaniers dans l'Union Européenne, la mesure ne s'applique donc plus dans les faits qu'aux produits provenant directement des USA.

(5) Sur ce sujet, consulter notre page "Le scandale de la cérivastatine de Bayer : Les médicaments anti-cholestérol et la politique de santé publique".

Sujets liés :

Vitamines B, baisse du taux d'homocystéine et protection contre le déclin neurologique et l'Alzheimer

Acide folique (vitamine B9) et grossesse

Mais que mettent-ils dans mon multivitamine B ?

 

Retourner à la liste des sujets traités.

Ce site est administré par Jacques Valentin. Tous les articles présentés ici ont pour but de vous inciter à une réflexion ouverte et critique. Je ne suis pas professionnel de santé. Les articles présentant des médicaments, des compléments alimentaires, des aliments, des techniques de bien être et de santé n'ont pas pour but de vous inciter à les utiliser ou à les consommer, ni de se substituer à un avis médical autorisé! Les informations disponibles sur le site peuvent comporter des erreurs, des lacunes ou des omissions et ne visent pas à l'exhaustivité; merci d'en tenir compte lors de votre lecture. D'une façon générale, je ne peux que vous inciter à vous documenter, à prendre plusieurs avis et à faire preuve de retenue et de bon sens que ce soit en matière de médecine traditionnelle ou alternative et plus largement pour tout ce qui concerne la gestion de votre santé.

Contenu sous copyright © 2001 Jacques Valentin (ou autres auteurs suivant indications). Tous droits réservés. Aucune portion de ce site Web ne peut être copiée ou reproduite sans permission expresse. Questions et commentaires sont à adresser à gestionsante@gmail.com

Créé le 04/01/01. Dernière modification le 28/03/05.