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Journal de bord de Jacques Valentin

 

Faute de temps pour écrire des pages longues, structurées et relativement exhaustives sur tel ou tel sujet, je laissais souvent passer sans les commenter ou les citer une multitude d'excellents articles sur Internet ou dans des revues, ou sans parler de livres que j'ai lu et sur lesquels je souhaiterais attirer l'attention ou faire quelques commentaires utiles pour le lecteur de ce site. D'où cette nouvelle rubrique "Journal de bord" que j'ai lancé à la fin novembre 2005. La santé sera comme d'habitude le principal sujet traité ici, mais pas le seul, mes intérêts dépassant souvent ce domaine. Comme pour les autres dossiers traités ailleurs sur le site j'espère pouvoir apporter des informations intéressantes et souvent difficilement accessibles au non spécialiste et tout cela sur un ton plaisant si possible ! Bonne lecture...

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Janvier 2007 (et le Journal des 30 derniers jours) : - 7/01 - Le picolinate de chrome, la biotine et le diabète -

7 Janvier 2007 : Le picolinate de chrome, la biotine et le diabète

Dans notre page sur les vitamines B nous avions indiqué à propos de la biotine que diverses recherches tendaient à montrer que la biotine agissait particulièrement bien en synergie avec le chrome. Nutrition 21 le fabricant du Diachrome® (constitué d'un mélange de picolinate de chrome et de biotine) mène de nombreuses études cliniques sur ce sujet depuis plusieurs années. Une étude récente en double aveugle commentée par Doctor's Guide montre que ce produit en complément du traitement habituel [mes traductions] "améliore sans danger les niveaux de glucose sanguin et le métabolisme du cholestérol chez des personnes ayant un diabète de type 2."

L'année prochaine devrait sortir une étude sur l'action du même produit centrée sur l'hémoglobine A1c (hémoglobine glycosylée) le meilleur prédicateur du risque diabétique disponible. Lire "A1c : l'alliée indispensable du diabétique" sur Doctissimo : "La mesure du taux d'hémoglobine glycosylée ou A1c est le dosage le plus adapté à l'évaluation de l'équilibre glycémique total. Il permet d'évaluer le taux de glucose sur une période de trois mois. Sa valeur doit être inférieure à 7 % afin de réduire au mieux les risques de complications." L'hémoglobine A1c mesure le contact des sucres sanguins avec les protéines des globules rouges lesquels ont une durée de vie de 120 jours. C'est donc une valeur moyenne d'exposition au glucose sur cette période. L'intérêt c'est que la valeur obtenue synthétise l'impact de toutes les variations journalière du glucose sanguin qui peut varier considérablement, ce qu'une mesure ponctuelle de la glycémie est incapable d'évaluer. Les valeurs normales sont de 4 à 6%, et plus la valeur est basse mieux c'est. La Life Extension Foundation spécialisée dans l'antivieillissement estime que les taux optimum santé sont <4.5%. Outre qu'elle est un bon indicateur de suivi du diabète, l'hémoglobine A1c est un bon indicateur de suivi du veillissement.

Toujours selon l'article de Doctor's Guide qui interviewe le médecin Gregory Singer "Des études précédentes ont démontré que le picolinate de chrome peut impacter significativement A1c et d'autres marqueurs critiques chez les personnes ayant un diabète de type 2". L'enjeu n'est donc pas de démontrer l'efficacité du picolinate de chrome, mais de savoir si biotine plus chrome est plus efficace que chrome seul. En réalité il faudrait traiter un groupe chrome seul versus chrome + biotine pour en être sûr et je ne sais pas si une telle étude est programmée...

Le site Doctissimo propose une bonne page en français sur "Le chrome, un oligo-élément essentiel". On peut aussi consulter l'excellent document réalisé par Biogassendi (malheureusement sans les ref. scientifiques utilisées) et la monographie de Alternative Medicine Review. Il faut savoir que la quasi totalité de la population est plus ou moins franchement carencée en chrome d'autant que l'on mange plus sucré de nos jours qu'autrefois ce qui augmente l'excrétion du chrome. Je me souviens que ce fait était fort discrètement mais clairement mentionné (sans qu'aucune conséquence ou préconisation n'en soit évidemment tiré) dans le volumineux et coûteux ouvrage en provenance de l'AFSSA sur les apports nutritionnels conseillés qu'un ami m'avait prêté pour consultation ("Apports Nutritionnels Conseillés pour la population française", 3ème Edition, 2001, Afssa, Coordonnateur Ambroise Martin. Edition TEC & DOC).

A noter qu'il n'existe pas actuellement, à ma connaissance, de test standardisé largement utilisé mesurant le niveau de chrome organique et donc permettant de cerner le degré de carence en chrome, ce qui complique de façon importante la recherche clinique dans ce domaine. Différentes études humaines et animales évaluant l'impact du chrome sur la sensibilité cellulaire à l'insuline permettent de préciser les apports nécessaire. L'analyse des aliments courants permet d'évaluer les apports moyens de la population. Le croisement de ces données évoque un état de sub carence général de la population d'autant que les apports de sucre dans la population sont important et augmentent la consommation de chrome. Le Dr. Walter Mertz, qui a découvert les liens entre insuline et chrome considère pour sa part que l'analyse des urines des 2 heures après un test de réaction insulinique à une charge de glucose + fructose permet d'évaluer de façon très satisfaisante le statut en chrome des sujets (plus l'excrétion de chrome est importante plus le chrome disponible est élevé). A mon avis ce test devrait être systématiquement effectué avant le démarrage des études cliniques et à intervalle régulier pendant celles-ci, car cela permet d'évaluer le rapport entre carence en chrome et intérêt thérapeutique de la complémentation et de se faire une idée plus précise des niveaux d'apports utiles en thérapeutique. Cela permettrait aussi de mieux comparer les études de différents pays entre elles.

La forme de chrome la plus testée dans les études et le picolinate de chrome. Cela ne signifie pas qu'elle soit forcément la plus intéressante (on la suspecte même d'induire un stress oxydatif, lire la fin de cet article). Une autre forme dont l'intérêt semble bien documenté est le polynicotinate de chrome ou le chrome est lié à une molécule de niacine (vitamine B3) (le produit correspondant le mieux testé est appelé ChromeMate®). L'intérêt est que cette forme se rapproche d'avantage du GTF, le facteur de tolerance au glucose car il contient de la vitamine B3 un constituant de celle-ci. Dans le GTF, le chrome trivalent occupe le centre de la molécule, qui renferme également 2 molécules de niacine (vitamine B3) et 3 acides aminés, l'acide glutamique, la glycine et la cysteine. De ce point de vue les levures type saccharomyces cerevisiae (levure de boulanger) enrichies en chrome pourraient constituer une forme d'apport intéressant (lire p. 13/18 l'efficacité comparée de différentes formes de chrome). C'est d'ailleurs à partir de levures que le Dr. Walter Mertz a isolé pour la première fois le GTF (lire le bon article déjà cité plus haut en forme de bilan de Walter Mertz). Le GTF des levures est toutefois différent de celui des mammifères (où il s'appelle LMWCr ou chromodulin, lire p. 10/18). Il semble en effet que le LMWCr ne contienne pas de vitamine B3 : "Récemment un oligopeptide de faible poids moléculaire une substance de liaison au chrome (LMWCr) a été isolée de tissus animaux. Cet oligopeptide est composé des acides aminés glycine, cystéine, acide glutamique, acide aspartique, avec les deux acides carboxyliques (glutamique et aspartique) constituant plus de la moitié des résidus d'acides aminés. On suppose que LMWCr fait partie d'un système d'amplification du signal insulinique. Sa participation possible dans l'activité de régulation du glucose serait la suivante : les ions chrome sont transférés de la transferrine au LMWCr [G.S. : sur la transferrine]. LMWCr existe normalement dans les cellules dépendantes à l'insuline sous la forme apo dite inactive. Le fait de se lier à des ions chromes transforme la forem inactive en sa forme holo dite active. Les LMWCr contenant du chrome se lient aux recepteurs à insuline activés, stimulant l'activité tyrosine kinase du recepteur et potentialisent l'activité de l'insuline."

On trouvera une description du récepteur ici Fig. 3 p. 10/18. On pourra lire aussi cet article du spécialiste de la question John B. Vincent qui précise que la forme activée holoLMWCr contient 4 ions Cr. Cet autre article du même auteur montre qu'une fois activée pour stimuler la pénétration cellulaire de l'insuline holoLMWCr ne peut plus être retransformée en la forme inactive apo et doit être éliminée de l'organisme (on la retrouve dans l'urine). Cela explique la nécessité d'apport régulier suffisant de Chrome. Le mode de synthèse de la chromodulin et la manière dont sa concentration cellulaire est régulée est encore inconnue. Un schéma a aussi été proposé pour le transport et la libération de Cr par la transférine (figure 2 du même article).

Nous conseillons aux lecteurs de Gestion Santé qui se complémentent ou qui envisagent de bien étudier le type de chrome utilisé dans leur multisupplément ou leur supplément individuel de chrome. On trouve du chrome dans de nombreux produits combinés ou isolément. C'est un supplément peu coûteux (aux USA un an de complémentation de polynicotinate de chrome à 200mcg/j revient à environ 20$).

On dispose maintenant de grosses études de suivi de patients diabétiques de type 2 supplémentés en chrome comme celle menée sur 6 ans à Cape Town en Afrique du Sud sur des populations d'âges variés montrant une amélioration cumulative sur 6 ans de traitement. Par ailleurs la sécurité d'utilisation du chrome est bien documentée pour les formes que nous venons d'évoquer. Ceci malgré quelques cabales menées sur la supposée toxicité du chrome à partir du résultat d'étude isolées (non faites sur l'homme), dont par exemple cet article très approximatif (mais très bien classé dans Google...) se fait l'écho. Sur la sécurité d'utilisation du chrome on peut lire "Safety/Toxicity of Chromium" p. 5-9, dans cet article qui date de 2002.

D'après cet autre article les dosages de certaines études menées avec Diachrome sont de 600 mcg de picolinate de chrome et de 2mg/jour de biotine. Ce sont des dosages adaptés pour le diabète en particulier pour des personnes en surpoids mais qui sont trop élevés (en ce qui concerne le chrome) pour des personnes en bonne santé pour lesquelles le dosage usuel est de 200mcg. Le dosage de la biotine ne pose par contre aucun problème cette vitamine B étant extrêmement sûre.

En ce qui concerne le cholestérol le chrome agit en augmentant le HDL et en diminuant le LDL. Mais à ma connaissance il n'y a pas eu d'étude démontrant un intérêt sur le risque cardio-vasculaire proprement dit via cette amélioration du profil lipidique. Il est vrai que la seule amélioration des paramètres diabétiques suffit à améliorer le risque cardiovasculaire le diabète augmentant considérablement le risque cardiovasculaire.

Et que dire de l'intérêt de l'association chrome + biotine par rapport à chrome seul ? Il semble y avoir peu d'étude spécifique sur la question et les fabricants du Diachrome semble s'appuyer surtout sur des études cellulaires : " [Selon Komorowski] "La biotine est impliquée dans de nombreuses réactions enzymatiques dans le corps, dont certaines sont aussi en lien avec le niveau de sucre sanguin." Bien que les chercheurs ne comprennent pas le mécanisme exact de ce fonctionnement combiné, des études de cellules musculaires ont montré que lorsque le chrome et la biotine sont présents tous les deux, les cellules répondent mieux que ce qui serait attendu en cumulant leur efficacité utilisés séparément." Dès que vous mettez les deux ensemble, vous avez une bien plus forte augmentation du métabolisme du glucose," A-t-il expliqué à WebMD."

Je crois que l'on pourrait généraliser cette remarque qui expliquerait certains des résultats contrastés de différentes études de complémentation avec le chrome. Par exemple le chrome est lié à des niveaux adéquats de ferritine pour son transport jusqu'à la cellule, de tyrosine qui est utilisé par le récepteur cellulaire à l'insuline et de nombreux autres cofacteurs connus ou inconnus. La supplémentation en chrome devrait donc à mon sens être incluse dans une supplémentation générale bien construite elle-même associée à une alimentation équilibrée.

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Créé le 7/01/07. Dernière modification le 07/01/07.