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Journal de bord de décembre 2005

 

La rubrique "Journal de bord" est le point d'entrée sous forme de billets de longueurs variées du site Gestion Santé depuis fin  2005.  Les billets sont éventuellement repris,  regroupés et actualisés sous forme d'article spécifique accessible depuis la page d'accueil lorsque le sujet le justifie. Comme pour les autres dossiers traités ailleurs sur le site j'espère pouvoir apporter des informations intéressantes et souvent difficilement accessibles au non spécialiste et tout cela d'une façon accessible et plaisante si possible ! Bonne lecture...

Journal de bord de Jacques Valentin Archives : - 12/16 - 04/16- 07/14 - 05/14 - 04/14 - 01/14 - 12/13 - 11/13 - 10/13 - 09/13 - 08/13 - 07/13 - 05/13 - 12/12 au 0313 - 08/12 - 06/12 - 04/12 - 03/12 - 02/12 - 01/12 - 11/11 - 10/11 - 09/11 - 08 et 06/11 - 02/11 - 12/10 - 10/10 - 09/10 - 05/10 - 03 et 04/10 - 02/10 - 01/10 - 12/09 - 11/09 - 04/09 - 01/09 - 10/08 - 08/08 - 04/08 - 11/07 - 09/07 - 05 et 06/07 - 04/07 - 03/07 - 02/07 - 01/07 - 12/06 - 11/06 - 10/06 - 09/06 - 08/06 -07/06 - 06/06 - 05/06 - 04/06 - 03/06 -02/06 - 01/06 - 12/05 - 11/05 -

Décembre 2005 : 30/12 : La L-Leucine et la fonte musculaire - 29/12 : Une étude systématique prône 1000 UI de vitamine D par jour pour lutter contre certains cancers - 28/12 : N-acetylcysteine et cocaïne : aide à la désintoxication - 26/12 : Feuilles de cocaïer - 22/12 : ATTAC et les médias ATTAC et la santé - 16/12 : OGM : acquittement à Orléans - 12/12 : Daflon et compagnie - 7/12 : Psychothérapie - 6/12 : Silice -

30 décembre 2005 :

La L-Leucine et la fonte musculaire

Une équipe de l'INRA, je crois qu'il s'agit de l'UR551 Nutrition et métabolisme protéique UNMP, a publié il y a peu une intéressante étude sur le rat concernant la supplémentation en L-Leucine. Le sujet de travail de cette équipe (lire les missions sur sa page) semble intéressant puisque "Les recherches de l'UNMP visent à éviter ou tout au moins à ralentir la sarcopénie des personnes âgées par une nutrition protéique appropriée ainsi que l'apparition des pathologies associées." Je rappelle que la sarcopénie peut être définie comme la perte de masse, de force et de fonction du muscle liée notamment a l'âge. C'est un problème clé du vieillissement chez la personne âgée. La difficulté à la marche et aux efforts un peu soutenu, les chutes, les fractures et d'innombrables problèmes de santé sont étroitement liés à ce phénomène. La page menant à l'un des auteurs, Dominique Dardevet, complète le propos en signalant le rôle très important du phénomène de l'inflammation dans la sarcopénie, l'inflammation sollicitant pour d'autres organes les acides aminés musculaires et perturbant la synthèse protéique.

On est au coeur d'un des problèmes clé lié au vieillissement : les cycles protéiques. Sur Gestion Santé nous avons régulièrement évoqué d'autres catégorie d'acides aminés dont les cycles méritent aussi d'être optimisés, ainsi la cystéine et les acides aminés soufrés qui donnent le glutathion, un antioxydant majeur (cf. nos pages sur la vitamine C, les vitamines B, l'homocystéine et notre journal du 28/12. Nous avons aussi évoqué le rôle de la lysine, de la proline et de la glycine dans la synthèse du collagène, un agent de structure essentiel de l'organisme (la vitamine C et le collagène). Ici il s'agit d'optimiser un autre cycle, celui en rapport avec le pool protéique musculaire. Celui-ci est fondamental car le vieillissement s'accompagne presque toujours d'une fonte musculaire souvent importante, d'où une faiblesse dangereuse et l'incapacité de plus en plus grande des muscles à donner leurs protéines à d'autres organes en cas de besoin.

Les résultats de l'étude en question sont résumés en anglais sur sciencedaily.com. Les chercheurs se sont aperçus que chez le rat âgé il continuait à y avoir des pertes protéiques même après la prise du repas, au lieu d'une restauration par relance de la synthèse protéique. L'apport de L-Leucine a permis de rétablir un fonctionnement similaire au rat jeune.

La sarcopémie est aussi à l'oeuvre chez l'homme et prend souvent des proportions massives après la soixantaine mais commence dès la quarantaine avec, je suppose, des variations individuelles très marquées. L'intérêt de l'étude est que c'est la L-Leucine et non un autre acide aminé qui joue un rôle clé dans la fonte musculaire. En effet la L-leucine fait partie des acides aminés branchés (L-Leucine, L-Isoleucine, L-Valine). En abrégé les américains parlent de BCAA (Branch Chain Amino Acid) souvent proposés en association dans des compléments alimentaires. Ils sont dits aussi essentiels car ils ne peuvent être synthétisés par l'organisme à partir d'autres acides aminés et doivent donc être fournis en quantité adéquate par l'alimentation. Ils constituent le tiers des protéines musculaires. On sait déjà que la L-leucine est parmi ces AA celui qui est le plus consommé même suite à un effort musculaire modéré. C'est pourquoi les produits de qualité sont en général dosés à 50% de L-leucine et 25% des 2 autres AA. L'étude que nous examinons ne contredit pas ces dosages mais incline à se centrer sur la L-leucine en priorité. Les dosages que j'ai vu citer en complémentation vont de 600mg par jour de L-leucine en traitement d'entretien à 2g en traitement d'attaque. Les suppléments de BCCA comportent aussi souvent de la L-glutamine et ce à juste titre, car cet AA est très sollicité en cas de fonte musculaire. Une étude a par exemple récemment confirmé que la L-glutamine raccourcissait significativement les séjours hospitaliers, réduisait le stress oxydatif et diminuait la fonte musculaire. L-glutamine est aussi très présente dans les cellules de l'ensemble du tube digestif qu'elle contribue à fortifier et elle stimule la libération d'hormone de croissance qui favorise la synthèse protéique, ce qui en fait aussi un excellent candidat pour lutter contre la fonte musculaire.

Un produit classique apportant les BCAA (L-Leucine à 300mg, L-isoleucine à 150mg, L-Valine à 150 mg), 500mg de L-glutamine, 5mg de vitamine B6 (un co-facteur) coûte autour de 10$ pour 120 gélules chez les meilleurs vendeurs de suppléments américains soit 2 mois de supplémentation (à la dose "d'entretien"). 100g de poudre brute de L-Leucine seule vaut environ 13$ soit plus de 3 mois de complémentation à la dose d'entretien chez les fournisseurs américains et des fournisseurs français proposent aussi des prix très compétitifs. Ces valeurs de dosage sont données à titre tout à fait indicatives et ne résulte pas de l'étude précitée sur les rats qui ne mentionnent pas de dosage précis. Il s'agit plutôt de données vraisemblables à partir des besoins estimés de l'organisme en acides aminés. Merci de prendre un avis médical avant de vous supplémenter si vous avez un problème de santé.

Je pense qu'il n'est pas inutile que je donne toutes ces précisions au lecteur car les recherches sur les nutriments menées à très grands frais par les chercheurs français sur les nutriments ont toute la même caractéristique : être menées à fonds perdus sans débouchés pratiques. N'attendons pour ces recherches comme pour tant d'autres aucune application que ce soit pour les hôpitaux (malgré les économies énormes qui pourraient en résulter pour un investissement dérisoire), pour les médecins en pratique privé, ou pour tous via des campagnes d'informations publiques. Plus c'est simple, moins c'est cher, meilleur c'est pour la santé, moins ça intéresse les "décideurs". Ce sont une fois de plus les rares personnes qui en France s'intéressent à la supplémentation qui seront quasiment les seuls à en profiter.

[ce billet à été complété par celui du 28/01/06]

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http://gestionsante.free.fr/journal_de_bord_1205.htm#30_12_05

29 décembre 2005 :

Une étude systématique prône 1000 UI de vitamine D par jour pour lutter contre certains cancers

Gestion Santé ne propose pas de page sur la vitamine D et c'est peut-être dommage. Celle-ci ne serait de toute façon pas facile à écrire compte tenu de l'action variée et très complexe de la vitamine D dans le corps, du flot d'étude qui sortent sur le sujet et de la multitude d'effets positifs de la vitamine D sur le système osseux, cardio-vasculaire, immunitaire et contre le risque de divers cancers. Par ailleurs de nombreux sites écrivent déjà d'excellentes choses sur la question notamment celui du Dr Mercola (cf. présentation par Gestion Santé) qui en traite abondamment et de façon très pertinente depuis au moins début 2002 ( Test Values and Treatment for Vitamin D Deficiency).

La nouvelle synthèse dont il est question provient de l'université de Californie - San Diego. Les auteurs ont épluché toute la littérature scientifique des 20 dernières années en cherchant les relations entre taux plasmatique de vitamine D, ensoleillement, prise de compléments et risque de cancer, en particulier du colon. Leur conclusion est qu'un niveau adéquat de vitamine D permettrait de réduire le risque d'un énorme 50% et que la meilleure solution pour y parvenir serait de prendre 1000 UI de vitamine D par jour car les apports actuels ne sont pas suffisant pour fournir une protection adéquate. Pour ceux que cela intéresse je rappelle que la vitamine B6 et la vitamine B9 sont aussi des candidats à la protection contre le cancer du colon avec des % de réduction du risque similaires. De quoi avec ces différents produits, tous très peu coûteux, faire chuter de façon considérable le risque d'un cancer qui tue 16000 français par an en France (2e cancer le plus fréquent derrière le cancer du poumon). Evidemment il faudrait que la supplémentation soit effectuée probablement sur 10 ou 20 ans, ce qui est une contrainte forte. Au moins faudrait-il commencer laisser les gens se supplémenter librement s'ils le souhaitent et ne pas s'adonner à des campagnes de désinformation permanentes sur le sujet.

L'apport alimentaire de la population en vitamine D est relativement faible. Sans doute encore plus en France où les produits sont moins supplémentés en vitamine D qu'aux USA. Les apports d'UVB (ultraviolets B) par la lumière du soleil qui sont les seuls à permettre la synthèse par la peau de vitamine D sont très variables d'une personne à l'autre. Un vitre normale suffit à bloquer 95% desUVB du soleil (mais pas les UVA qui sont plus nocifs pour la peau !). Beaucoup de personnes passent leur journée dans des bureaux à la lumière artificielle et en hiver ne mettent le nez dehors qu'avant ou après le levé du soleil pour aller et revenir du travail. Par contre l'été si vous exposez visage et bras au soleil dans la journée avec au moins 1/2 heure cumulée par jour vous avez assez de vitamine D et pas besoin d'apport alimentaire (sauf si vous êtes enduit de crème écran solaire anti UV en permanence). Si vous jardinez tous les jours de l'année pendant une heure en extérieur ou avez d'autres activités du même type par temps dégagé vous avez aussi probablement des apports significatifs si vous habitez en France. Par contre pour les autres et d'octobre à avril environ (ça dépend de votre région) un supplément de vitamine D pourrait être très utile pour votre santé selon cette étude. Il faut aussi savoir que "Chez la personne âgée de 80 ans ou plus, la synthèse cutanée de la vitamine D ne représente plus que 25 % de celle d’un sujet de 20 ans. (mon souligné)"

Personnellement mes lectures au fil des années m'ont amené à augmenter régulièrement mon apport en vitamine D. Lire ma page sur la vitamine D et les controverses sur les dosages les plus appropriés en complémentation.

Il faut savoir qu'on estime qu'un bain de soleil corps nu en été apporte jusqu'à l'équivalent de 10 000 UI (dix mille) en une 1/2 heure à un adulte (il est inutile de prolonger l'exposition les UVB annulant la synthèse après un certain délai et c'est mauvais pour la peau). Ces 10 000 UI correpondent d'ailleurs au dosage limite supérieur de sécurité généralement admis pour la vitamine D. Par contre pendant toute une partie de l'année, le soleil est trop bas sur l'horizon pour permettre la synthèse de la vitamine D par la peau.

Les apports journaliers recommandés ils sont fixés actuellement à 400 UI. 1 mg de vitamine D correspondent à 40 000 UI de vitamine D (les médecins ont l'habitude de parler en mg et en supplémentation on parle plus souvent en Unité Internationales UI). La vitamine D3 ( cholécalciférol ) est la forme la plus fréquemment disponible en complémentation. En médicament on trouve aussi souvent de la vitamine D2 ( ergocalciférol ). "La vitamine D2 semble n'avoir que 20 à 40 % de l'efficacité de la vitamine D3 à maintenir les concentrations sériques de 25-hydroxy-vitamine D parce qu'elle est plus rapidement dégradée dans l'organisme." (Nutranews) Les compléments alimentaires de vitamine D sont en général dosés à 400 UI en France et jusqu'à 1000 UI aux USA depuis 2 à 3 ans, suite à la publication de nombreux articles révisant les besoins à la hausse. La vitamine D2 et D3 a longtemps été interdite en supplément en France (vente réservée à la pharmacie) mais figure désormais dans la directive européenne sur les suppléments alimentaires, mais les dosages limites de sécurité n'ont pas encore été fixés à ma connaissance.

Il est possible de doser le taux de vitamine D plasmatique. C'est le 25(OH)D ou 25-hydroxyvitamin D qui est le seul fiable (cf. article de Mercola précité ), le nom de l'examen est peut-être un peu différent en France. Je m'interroge toutefois sur l'utilité du test compte tenu des variations saisonnières et des effets progressifs de la complémentation dans le temps qui doivent rendre l'ajustement de la complémentation même avec des tests assez difficile. Cela peut toutefois se révéler utile en cas d'une pathologie comme l'ostéoporose par exemple pour confirmer une carence importante.

Personnellement je pense qu'il serait vraiment très intéressant de pouvoir proposer aux populations ayant des apports naturels faibles de soleil des ampoules de bronzage apportant uniquement des UVB et enlevant par des systèmes de filtres tous les UVA et bien sûr les UVC, sachant que les UVA représentent 95% des ultraviolets du spectre solaire arrivant au sol . Je pense qu'avec les technologies actuelles cela doit être possible mais je n'ai rien lu sur le sujet à ce jour. Cela constituerait en tout cas un dispositif médical du plus grand intérêt permettant d'effectuer naturellement et en toute sécurité des apports très élevés chez les personnes en ayant le plus besoin.

Les prix des compléments alimentaires de vitamine D sont très faibles. On en trouve chez les fabriquants aux USA à des dosages très variés (1000UI, 2000UI, 5000UI). Gestion Santé conseille de ne pas dépasser 5000UI en saison froide et de diminuer ou d'interrompre la complémentation à la belle saison en fonction de l'exposition au soleil et de la région de résidence.

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http://gestionsante.free.fr/journal_de_bord_1205.htm#29_12_05

28 décembre 2005 :

N-acetylcysteine et cocaïne : aide à la désintoxication

La N-acetylcysteine (NAC) est un acide aminé soufré qui fait partie des produits déremboursés totalement ou qui doivent l'être prochainement, si j'ai bien suivi les préripéties complexes de déremboursement des différents médicaments ces dernières années. On le connait notamment sous la dénomination de BRONCOCLAR mais il existe de nombreux analogues sous d'autres noms (cf. Acétylcystéine dans la liste proposée par Doctissimo). Dans un ouvrage médical récent sur les pratiques de références, la fiche sur les infections respiratoires basses de l'enfant, indiquait que les "mucolytiques et mucorégulateurs sont indiqués dans le traitement des troubles de la sécrétion bronchique, notamment au cours des affections bronchiques aiguës : bronchite aiguë et épisode aigu des bronchopneumopathies chroniques." Il est toutefois déconseillé chez les plus jeunes enfants qui ont de la difficulté à se débarasser des mucosités bronchiques.

Un des problèmes des produits en pharmacie c'est qu'ils sont bourrés d'excipients (contrairement aux suppléments made in USA qui ne contiennent que de la NAC). La N-acetylcysteine est aussi souvent utilisée par les partisans de la supplémentation nutritionnelle, en général dans des dosages de 500mg à 1g par jour pour son efficacité pour alimenter le corps en soufre ("Sulfur in Human Nutrition and Applications", chercher "NAC" dans ce document).

C'est un précurseur de l'antioxydant principal à l'intérieur des cellules, le glutathion, lequel a des affinités fortes avec la vitamine C (lire par ex : Glutathione: Systemic Protectant Against Oxidative and Free Radical Damage). En supplémentation la vitamine C et NAC sont pris en synergie dans l'optique d'optimiser le cycle des antioxydants soufrés. La vitamine C est en général prise de 500mg à 3g ou plus aux USA par les personnes qui pratiquent la supplémentation. Il est préférable de répartir la prise orale de vitamine C sur les 3 repas car les pics plasmatiques de vitamine C orale ne durent que quelques heures.

Quel rapport avec la cocaïne ? Juste une conférence à l'American College of Neuropsychopharmacology par Peter Kalivas qui est citée par le site LEF (cf. présentation de ce site par Gestion Santé) qui montre que les rats traités avec la N-acetylcysteine cessent de chercher la cocaïne et reprennent une recherche normale de nourriture. Une petite étude humaine (pas en double aveugle) semble confirmer la découverte et une véritable étude en double aveugle est déjà démarrée. L'efficacité proviendrait d'un chemin métabolique commun avec la cocaïne pour l'activation de diverses protéines. Le dosage utilisé dans l'étude n'est malheureusement pas précisé et l'importance des effets n'est pas clairement précisé même s'il semble significatif.

Evidemment il est trop tôt pour se réjouir mais cette recherche illustre la possibilité d'utilisation des nutriments en psychiatrie. Le fait qu'il s'agit de nutriments fait que la toxicité est le plus souvent très faible et qu'il est donc possible d'utiliser plusieurs produits en synergie. Souvent les modèles animaux sont beaucoup plus fiables avec les nutriments car les molécules testées ne sont pas des molécules inconnus de l'organisme et elles ont donc un traitement relativement similaire chez l'homme est l'animal contrairement aux xénobiotiques (molécules de synthèse non présentes dans la nature ou qui ne font pas partie de l'alimentation) qui sont des molécules médicamenteuses ou autres souvent traitées très différemment par les différentes espèces, ce qui rend les études de toxicologies si complexes et qui fait de l'animal un modèle très peu fiable pour le test de l'efficacité et de la toxicité des médicaments et des produits de synthèses industriels en général. Les médicaments sont souvent (mais pas toujours) des xénobiotiques, et pas toujours malheureusement à cause de leur efficacité, mais beaucoup plus souvent parce que c'est le moyen le plus efficace de breveter un médicament (ce que bien peu de personnes savent alors que c'est un des problèmes fondamentaux de la médecine actuelle)!

Un autre avantage des suppléments est qu'il est possible d'utiliser une multitude de produits de façon synergique et non toxique, approche totalement impensable en médecine traditionnelle. Cette synergie permet d'obtenir des effets qui peuvent être majeures dans la durée, voir à court terme. Cela permet aussi de se baser sur des hypothèses crédibles et pas seulement sur des quasi certitudes alors que la toxicité de nombreux médicaments nécessitent une telle certitude avant de les utiliser compte tenu des effets secondaires.

La nutrition et la supplémentation ont toutefois un inconvénient, c'est que les personnes concernées par les troubles psychiatriques ont souvent (mais pas toujours) des troubles de l'alimentation et de la difficulté à suivre un protocole alimentaire et de supplémentation élaboré et relativement strict. Une autre difficulté beaucoup plus rédhibitoire est que très peu de médecin en France sont sensibilisés à cette approche contrairement aux USA où de plus en plus de médecins s'y intéressent. Il y a là bas une histoire qui l'explique et qui ne tient pas qu'à l'accès infiniment plus facile aux suppléments nutritionnels par rapport à la France. Il faut en effet savoir que le Dr. Abram Hoffer est, avant même Linus Pauling, un des pionniers de la supplémentation nutritionnelle en psychiatrie avec ses recherches sur la vitamine B3 et la vitamine C dans la schizophrénie, menées suivant les meilleurs critères académiques, mais totalement refoulés par l'establishment après la découverte des neuroleptiques. Depuis, beaucoup de médecins se sont intéressés soit à l'optimisation des processus mentaux chez les personnes en bonne santé mentale par les nutriments soit à l'utilisation des nutriments dans différents troubles mentaux.

Par ailleurs les industriels de la pharmacie voient d'un très mauvais oeuil les recherches sur les aliments et les nutriments appliquées aux problèmes psy. Les médicaments de cette classe sont en effet une des vaches à lait des industriels. En ce qui concerne l'addiction à la cocaïne, c'est aussi un secteur de recherche important et qui pourrait déboucher sur un médicament hors de prix si l'on trouvait un inhibiteur de l'adiction efficace. C'est pourquoi vous ne risquez pas de voir de si tôt de la NAC en pharmacie dans cette indication de désintoxication !

N-acetylcysteine et cannabis : aide à la désintoxication

Une étude en double aveugle de 2012 "A Double-Blind Randomized Controlled Trial of N-Acetylcysteine in Cannabis-Dependent Adolescents", montre que sur des adolescents dépendants du cannabis, la prise sur une période de 8 semaines de N-acetylcysteine (NAC) à 1200 mg / jour contre placebo doublait la probabilité d'arrêt de la prise de cannabis (constatée par test urinaire). Le traitement était accompagné de brèves cessions de conseil hebdomadaire. Un contrôle plus tardif après l'arrêt du traitement montrait la persistance d'un avantage non statistiquement significatif pour le groupe NAC.

Selon nous, la dose de 1200mg / jour est relativement élevée sans présenter de risque particulier. La prise de cofacteurs comme la vitamine C devrait permettred'améliorer certains effets de la NAC. Cette complémentation peut être menée sans difficulté à long terme, en ayant même des effets favorables en terme de santé générale pour les sujets traités.

Ce type de traitement mériterait d'être testé systématiquement car les troubles de la dépendance ont une composante neurologique très sensible à la complémentation.

Malheureusement on voit combien de 2005 à 2012 la recherche peut progresser avec lenteur, malgré des résultats prmetteurs. Cela signale des préjugés tenace des médecins et des interférences massives de la part de l'industrie pharmaceutique.

La NAC est un produit assez peu couteux. On le trouve par exemple aux USA chez Source Naturals, par 120 tablettes fragmentables de 1000 mg pour environ 24$.

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http://gestionsante.free.fr/journal_de_bord_1205.htm#28_12_05

26 décembre 2005 :

Feuilles de cocaïer

Un des enjeux des élections qui viennent de se tenir en Bolivie est le statut légal de la feuille de coca et le problème de la classification de ce type de produit au regard de la législation internationale sur les stupéfiants. L'élection du président Evo Morales il y a 8 jours en Bolivie est à cet égard un énorme pavé dans la mare. Il est en effet un ardent partisan de la légalisation de la culture traditionnelle de la coca qui en Bolivie et au Pérou est un produit alimentaire stimulant, un peu comme le café ou le thé et dont on tire aussi des thés médicinaux. Le produit semble avoir différentes vertus, c'est semble-t-il notamment un bon anti-inflammatoire. Malheureusement il sert à faire de la cocaïne et pire du crack. Si le produit était légal on pourrait aussi concevoir des médicaments pour l'usage national et international, des compléments alimentaires, etc.

Imaginez que vous soyez un pays gros producteur de café ou de thé, que ce soit une des ressources principales des paysans dans plusieurs régions, remarquablement adapté aux terrains et climats, et qu'une grande puissance vienne vous voir et vous dire qu'il faut supprimer vos plantations sous prétexte que certains produits dérivés servent à fabriquer des drogues dures. Et cette grande puissance tenterait d'imposer la destruction des cultures et bien sûr il serait impossible d'exporter du thé et du café dans d'autres pays. Sympa non !

Chrystelle Barbier est une journaliste française qui vit au Pérou. Elle a mis une page intéressante en ligne sur son blog "La coca, une feuille sacrée qui pose problème au Pérou" avec des réactions tout aussi pertinentes de ses lecteurs. Au Pérou comme en Bolivie, il y a d'énormes campagnes populaires pour légaliser l'usage traditionnel de la coca. Le contrôle de la plantation du cocaïer est fixée par une convention internationale sur les stupéfiants de 1961 de l'ONU qui est contrôlée par l'organe International de Contrôle des Stupéfiants, chargé de surveiller l’application des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. Dans la convention s'applique les articles 23, qui concerne le pavot et l'opium et la coca par extension, via l'article 26, alors qu'il s'agit de produits très différents. C'est l'article 26 qui assimile le cocaïer au pavot et l'opium et incite fortement à détruire les cocaïers non autorisés. Si ces articles n'interdisent pas formellement la culture du cocaïer, ils prévoient un système de licence strict accordé aux cultivateurs portant sur des surfaces précises et prévoient que le produit récolté est remis à un organisme public qui en fera l'usage limité approprié. Toutefois l'alinéa e de l'article 23 sur le pavot, applicable aussi au cocaïer, prévoit que cette autorité publique pourrait ne pas être compétente pour les "stocks détenus par les fabricants d’alcaloïdes de l’opium, d’opium médicinal ou de préparations à base d’opium. Les Parties ne sont pas tenues d’étendre cette clause à l’opium médicinal et aux préparations à base d’opium." Dans ces conditions on peut supposer que ces dispositions ouvre une fenêtre légale pour le commerce des feuilles et produits médicinaux dérivés du cocaïer, bien qu'on voit bien que le traité ne soit pas très clair sur ce point et plutôt éradicateur dans son esprit. A cela s'ajoute les positions variables de l’Organisation des États Américains (OEA) qui à une période considérait la feuille elle-même comme une drogue. D'où des allés et retour entre libéralisme et répression comme RISAL l'explique bien sur le cas du Pérou. De toute façon ces textes posent des problèmes complexes pour la libre culture du cocaïer dans des pays d'Amérique ou la culture se fait dans des régions traditionnelles très pauvres et peu administrées où il est difficile d'accorder de façon restrictive des licences aux paysans, sous prétexte qu'une partie de la culture est accaparée par les fabricants de cocaïne. Tout cela explique les grandes révoltes de paysans dans les régions concernées. Ajoutons à cela que les USA, jamais génés par une contradiction lorsqu'elle est à leur avantage, autorisent la société Stepan à importer 175.000 kg de coca du Chapare chaque année pour fabriquer, entre autres choses, un arôme décocaïné pour Coca-Cola.

Avec l'élection de Morales c'est toute la politique éradicatrice menée en Amérique latine sous tutelle américaine qui est en train de voler en éclat. Toute la politique américaine dans la région est déjà en miette avec un basculement à gauche qui touche les pays les uns après les autres et une montée sans précédent de l'antiaméricanisme. De plus ce n'est pas la gauche libérale assurant une pseudo alternance à l'ultralibéralisme, c'est une gauche imprégnée d'un marxisme rénové qui s'est éloigné du tout Etat et invente une nouvelle façon de gouverner au service du peuple, le populisme, terme qui se veut presque injurieux chez nous, mais qui dit bien ce qu'il veut dire ! En ce qui concerne la coca et la lutte stupide et brutale contre la drogue que mène les USA dans la région, le pire est certainement encore à venir pour les USA. Dans son programme, Morales "a promis de modifier à la fois la convention internationale sur les plantes illicites et la législation locale, qui entraîne un contrôle aussi tatillon qu'inefficace sur la feuille de coca (Le Monde du 25/12/05)". Pour la législation nationale cela ne devrait pas traîner, pour ce qui concerne la modification de la convention, il faut espérer à Morales le soutien d'un prochain gouvernement de gauche au Pérou et cela promet de toute façon une belle foire d'empoigne.

Ajoutons à cela que les services de renseignement US ont une responsabilité accablante dans la diffusion des drogues dures dans leur pays et dans le monde. Depuis la fin de la 2e guerre mondiale c'est une constante des services secrets de plusieurs pays que que de financer une multitude d'activités illégales théoriquement réprouvées (guérilla et contre-guérilla notamment) par l'argent de la drogue qui permet de récolter des sommes énormes avec peu de moyens pour financer les achats d'armes et toutes sortes d'activités légales ou illégales. C'est ainsi que l'Afghanistan et surtout le Pakistan sont devenus et restent toujours de véritables "narco-états" sous protectorat des USA depuis l'invasion de l'URSS, et sans discontinuer depuis (lire aussi ce travail universitaire un peu plus ancien). Moins connu en France est le cas de la Bolivie et de la cocaine. On connaît bien les transferts d'armes illégaux de Reagan en Amérique latine pour liquider le régime de gauche au Nicaragua mais on sait beaucoup moins que tout cela a été financé en grande partie par le commerce de la cocaïne avec le soutien permanent de la CIA. On peut consulter sur ce sujet cette bonne page de "Poivre rouge" et l'ouvrage Black list cité en note (écrit par des grands du journalismes US grillés pour avoir travaillé sur des sujets interdits) traduit en français et très bien reçu par la critique en France à sa sortie. Lire aussi "La drôle de guerre de la coca" sur le réseau Voltaire. Michael Levine ex. de la DEA a aussi écrit deux livres, dont l'un est traduit en français "Blancs comme neige, la drôle de guerre à la cocaïne, Dagorno, 1996" (lire à ce sujet cette page du Monde diplomatique). Tous ces sujets sont bien connus et en général acceptés mais, par une sorte de système de double pensée, les médias dominants font comme s'ils n'existaient pas ou plus. Si cela a existé c'est dans une loitain passé.... même si les années 80 c'était hier. Et pourtant tout indique que cela continue toujours sous d'autres formes (cf. par ex. l'affaire Sibel Edmonds) qui mêle terrorisme et narco-trafic.

Espérons que les élections en Bolivie vont faire évoluer la situation et que tout cela va contribuer à revoir la stratégie des pays ératiquateurs, partisans du tout répressif dans la lutte contre la drogue, et qui entretiennent la confusion entre drogues "douces" et "dures" (terminologie d'ailleurs peu adaptée à la description des produits), dont les USA et hélas la France font partie.

En France on attend toujours la distribution sous contrôle thérapeutique d'héroïne qui pourrait servir de sas avant la substitution. Depuis la libéralisation des produits de substitution qui a été une grande avancée, plus grand chose ne bouge. Le conservatisme français habituel a repris le dessus.

En France, la répression du canabis se poursuit sans répis. Il me semble qu'il faudrait réfléchir à une distribution légale et régulée des produits accompagnée d'une réflexion approfondie et continue sur la modération de la consommation. Tout cela n'est d'ailleurs pas incompatible, bien au contraire, avec l'interdiction de la consommation de tabac dans les lieux publics. On peut tout à fait réduire, par des mesures bien ciblées, la consommation génante et nocive d'un produit avec l'accord général de la population et légaliser et enlever aux mafias la consommation d'un autre produit sans d'ailleurs nécessairement beaucoup augmenter la consommation. Tout en réflechissant en même temps sur les risques, qu'il ne faut pas nier, par exemple en créant des produits d'inhalation indépendants du tabac qui pourraient éliminer les produits toxiques comme les goudrons du canabis et du tabac, chercher à limiter la consommation des jeunes, éviter la conduite sous l'emprise du canabis etc. Ce sont là les tâches parfois de simple bon sens, parfois complexes et délicates à mettre en oeuvre, mais stimulantes, que devrait se fixer une société moderne plaçant la liberté, la solidarité et l'autonomie aux centres de ses préoccupations.

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22 décembre 2005 :

ATTAC et les médias ATTAC et la santé

ACRIMED, un site d'action critique sur les médias publie sous la plume de Henri Maler un article intéressant "Quand les médias dominants arbitrent les débats au sein d’Attac". ACRIMED souligne à juste titre le manque de clarté de la ligne d'ATTAC à l'égard des médias. ATTAC est comme on sait une très grosse "Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne" qui propose des projets de contre société hésitants sans cesse entre la rupture et l'intégration dans l'ordre capitaliste bourgeois.

C'est probablement une des raisons pour laquelle il n'y a pas à ATTAC de ligne claire d'analyse politique du rôle des médias dans notre pays. Quelques ébauches générales dans ce domaine semblent être restées sans suite pratique. D'où des stratégies de communication plutôt incohérentes de séduction - rejet de diverses personnalités d'ATTAC à l'égard des médias accompagnées de nombreuses récriminations. ACRIMED a déjà traité les relations complexes d'ATTAC et des médias dans plusieurs articles qui méritent lecture si on s'intéresse au sujet.

Ceci dit même si les médias sont souvent fielleux à l'égard d'ATTAC, certaines critiques organisationnelles qui sont portées sont malheureusement tout à fait fondées. Le soutien d'ATTAC au non au referendum constitutionnel a été l'heureuse occasion de couper quelques ponts par rapport au pseudo consensus précédent entre certains dirigeants d'ATTAC et l'ordre politico-médiatique dominant façon gauche caviar. Mais on est probablement encore loin du compte.

Dans le domaine de la santé on peut lire les contributions d'ATTAC dans le cadre de la lettre INFOSANTE. Difficile de faire plus ennuyeux et de mieux justifier l'adage "qui trop embrasse mal étreint". Non qu'il ne faille faire des analyses globales. L'ouvrage de Jean-Claude Salomon "Le complexe médico-industriel" (lien vers l'analyse de Gestion Santé) publié par ATTAC va par exemple dans le sens d'analyses théoriques de fond très utiles et pertinentes même si elles sont encore insuffisantes. Philippe Pignarre a aussi publié des analyses allant dans le même sens. Philippe Pignarre propose d'ailleurs dans son analyse de l'action sociale possible dans le domaine de la santé de définir des points nodaux sur lesquels il est possible d'agir pour provoquer de grands changements à partir d'actions cibles bien circonscrites. Il est donc possible de coupler des analyses théoriques générales avec des actions concrètes susceptibles de mobiliser différents acteurs sociaux dans le domaine de la santé. Tout le contraire du soupoudrage actuel mené par ATTAC qui va à mon avis dans le sens d'un intellectualisme stérilisant.

Bien qu'ATTAC ait la sympathie, voire bénéficie de l'engagement en sa faveur de nombreuses personnalités s'intéressant à la remise en question du système de santé, cette organisation est pour l'instant dans la quasi incapacité de créer des mobilisations concrètes et audibles sur le sujet.

Comme nous l'avons indiqué à diverses occasions sur le site, le fait que beaucoup de spécialistes et notamment les médecins, même les plus ouverts à une critique constructive du système de santé actuel, soient en pratique enfermés dans un modèle étroit et étonnamment sclérosé d'anthropologie médicale pèse lourd dans ce phénomène. Dans ces conditions l'hygiène de vie, la nutrition (et ne parlons même pas des suppléments nutritionnels voués au plus profond mépris) font l'objet de très vagues invocations mais de rien de bien concret en pratique. Seule les dangers d'exposition des travailleurs et des populations à divers produits toxiques est traité à peu près sérieusement.

Il est frappant et navrant de voir à quel point la culture dite de gauche qui autrefois (mais il faudrait en réalité probablement remonter à avant la 2e guerre mondiale !) savait créer une dialectique entre intellectuels, culture populaire, action sociale et politique, ne fait plus aujourd'hui confiance qu'au contrôle bureaucratique des processus sociaux de changement. Ce phénomène explique pour une bonne part l'atmosphère de plus en plus irrespirable qui sévit dans notre culture. Elle explique l'essentiel de la faillite de la gauche depuis 1981.

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16 décembre 2005 :

OGM : acquittement à Orléans

Vendredi dernier bonne nouvelle surprenante, l'acquittement général des nombreux prévenus faucheurs volontaires jugés à Orléans. Je recopie ci-dessous une contribution que j'ai faite sur un site juridique intéressant que je consulte de temps en temps http://maitre.eolas.free.fr à la suite de la contribution de l'avocat qui gère ce site, "La relaxe de faucheurs volontaires". L'article est intéressant en ce qu'il montre pourquoi il est hélas peu probable que les faucheurs bénéficient de la même mansuétude en cours d'appel.

On notera tant sur le ton que sur le fond les parallèles souvent artificiels et idéologiquement extrèmement conservateurs dans leur connotation que fait maître Eolas du texte entre les gamins brûleurs de voitures et les faucheurs ou les commandos anti-avortements et les remarques sur les supposés "pré-supposés idéologiques" des faucheurs. Faut-il rappeler que ces personnes prennent des risques personnels considérables, que les frais d'avocats sont très importants et pas toujours couverts par les dons sollicités, qu'il faut préparer collectivement sa défense en y consacrant un temps considérable, que les peines de prison et les amendes peuvent constituer d'énormes handicaps à la vie sociale, personnelle et professionnelle des intéressés...

Tout ça pour un engagement qui ne bénéficie matériellement en aucune façon aux intéressés. Il n'est pas inutile de rappeler cette évidence tant il est vrai qu'un tel désintéressement est déjà presque insupportable dans une société tout entière dominée par l'avidité générale et la compétition de tous contre tous. Il est d'ailleurs remarquable que ceux qui attaquent les faucheurs dans les médias et sur Internet cherchent desespérément une motivation intéressée qui, faute d'intérêt matériel identifiable, ne peut donc selon eux que provenir d'un désir supposé de notoriété des intéressés ou alors on les présentera comme des benêts manipulés par des leaders ayant de telles motivations. Que l'on ait des idées à défendre quitte à prendre des risques personnels, ça n'est pas pensable pour certains par les temps qui courent.

Eolas souvent mieux inspiré sur son site se rapprocher dangereusement du niveau du café du commerce d'extrème droite avec cet article. L'article d'Eolas est néanmoins intéressant en ce qui concerne la question spécifique de "L'état de nécessité" invoqué pour la relaxe, mais passe sous silence d'autres problèmes important sur la transposition de la directive européenne sur les essais d'OGM, sur la légalité des essais menés, sur l'invocation possible de la charte de l'environnement, arguments qui pourraient aussi justifier la mensuétude du tribunal en appel.

On remarquera sur le site d'Eolas la violence de certaines réactions pro-OGM. Je retrouve là la même violence et la même rhétorique que dans le débat sur le référendum entre des élites qui savent et le peuple ignorant, aux partis pris idéologiques, quasi enfoncé dans la superstition, refusant avec entêtement l'évidence du pouvoir en place et des vérités scientifiques, la vérité scientifique allant ici au-delà du scientisme d'autrefois et devenant l'emprise technico-scientifique même qu'exerce les classes dominantes sur la société, emprise qui doit visiblement pouvoir s'imposer au-delà de tout débat d'idée. Le cadrage préalable du débat par le système de domination technico-scientifique fait qu'il n'y a même plus de questions à poser, plus de débat d'idée puisque le cadrage a été fait pour donner la réponse qui convient au système de domination. On ne négocie plus que le tempo d'application en fonction des résistances du corps social et de quelques menus détails pour une application fluide et efficiente des décisions prises.

Ce qui est tragique c'est la façon dont tant de citoyens qui n'y ont pas forcément intérêt se laissent instrumentaliser par ce système de domination, suite notamment au dressage intensif par les médias. Ce qui fait notre humanité et fonde notre citoyenneté c'est entre autre notre capacité à questionner les lieux communs qui nous font prendre pour des évidences des structures de pouvoir sédimentées éminnement questionnables.

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Je vous conseille de lire l'interview de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire et président du Conseil scientifique CRII-GEN. C'est un homme respecté et un expert reconnu. Je pense qu'une recherche par son nom devrait remonter d'autres documents intéressants.

Je site un passage intéressant : "Oui, je viens de citer les effets sur la santé qui ont été mesurés chez des rats après trois mois de consommation d’ OGM en voie de commercialisation en Europe. Il s’agissait d’augmentation du taux de sucre sanguin, dans le cas d’un OGM précis, d’anomalie dans les taux de globules blancs et de globules rouges, de lésions rénales... "

Le problème c'est qu'il faudraient pour tous les OGM des études sur la vie entière d'un animal comme le rat ou la souris où ce type d'étude est assez facile à mener. Pour l'instant ce n'est pas fait et Séralini expliquait dans une autre interview l'incroyable indigence des études menées et acceptées par les pouvoirs publics. Ces études sont d'ailleurs faites par les industriels et non par des autorités indépendantes et les experts évaluateurs ne sont pas toujours indépendants.

Les problèmes de sécurité santé des OGM avait commencé il y a déjà pas mal de temps avec la mise à mort institutionnelle en Angleterre du Dr. Arpad Pusztai et son travail sur la pomme de terre.

Depuis les firmes ont réussi à empécher toute étude de sécurité sérieuse. Un exemple récent sur un projet OGM qui a du être abandonné parce qu'une protéine avait subit des changements de structure et se transformait en allergène pour la souris de façon imprévue est extrèmement intéressant sur le type de problème que l'on peut rencontrer avec les OGM.

Le problème n'a été mis en évidence que parce que l'OGM venait d'un labo de recherche publique et qu'un des chercheurs était un spécialiste de la toxicologie qui a monté tout une série d'expériences astucieuses et bien ciblées pour mettre en évidence la toxicité de la protéine. Mené par le privé le même produit aurait été autorisé sans problème ! La encore on retombe sur le même problème : pas de tests sérieux = pas de danger pour la santé.

Que ce passera-t-il si les OGM sont diffusés massivement et que toutes sortes de protéines subissent ce type de problème en passant d'une espèce à l'autre par hybridation ? Conséquence sur l'homme mais déjà sur toute les chaînes écologiques !

Je pense que toutes ces considérations ne sont pas totalement négligeables devant un tribunal et il faudrait avoir pu assister au débat du procès des faucheurs pour savoir les arguments scientifiques échangés.

Par ailleurs même si je n'aime pas trop le ton de certains passages de votre article, je vous remercie de votre expertise sur cette affaire. J'ai eu l'occasion de croiser par hasard un des prévenus il y a quelques mois, fort inquiet de son sort à cause de la réputation de sévérité du tribunal. Etait-il mal informé ? Y a-t-il eu un très gros effort de présentation du contexte lors du procès ? Cela mériterait d'être creusé !

[Voir aussi le billet du 11/02 - Le Monde évoque la possible toxicité des OGM]

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12 décembre 2005 :

Daflon et compagnie

Le Daflon est un médicament des laboratoires Servier qui devait être déremboursé très prochainement et qui finalement in extremis ne serait plus remboursé qu'à 15% (au lieu de 35% précédemment) avec d'autres médicaments initialement voués au déremboursement total ! Ce produit très connu sous le nom de Daflon a beaucoup d'analogues dans des spécialités comprenant de la diosmine (le Dafon contient 90% de diosmine et 10% d'hespéridine, des flavonoïdes extraits de plantes). Les flavonoïdes sont bien connus pour renforcer l'intégrité des tissus veineux, il existe aussi de nombreux autres flavonoïdes provenant de différentes plantes, qui ont des propriétés intéressantes dans le domaine veineux, avec des molécules actives différentes de la diosmine ou de l'hespéridine.

Nous avons eu des mots très durs dans notre article "L'expertise santé à la française : L'AFSSAPS déclare que 840 médicaments ont un service médical rendu insuffisant" sur le travail scientifique fourni par l'AFSSAPS dans ce domaine. Dans un 2e article "Revirement de jurisprudence au Conseil d'Etat" nous avions souligné comment, sur la base de quelques avis en contentieux, le Conseil d'Etat avait laminé le prétendu travail scientifique de la "commission de la transparence" de l'AFSSAPS (un nom si finement trouvé et qui reflète si bien les activités de cette commission).

Cet épisode rocambolesque a semble-t-il abouti à l'annulation discrète de tous les SMR litigieux et à leur réexamen par une nouvelle commission qui est désormais rattachée à la Haute autorité de santé ! Je met le conditionnel tant il est difficile de trouver des infos sur le sujet dans les médias même lorsque l'on suit l'affaire avec attention et intérêt et donc de savoir exactement quels produits ont été réévalués. En effet, le plus extraordinaire de l'affaire c'est que cet incroyable pataquès ait pu être totalement occulté par tous les médias. C'est ce que nous avons appelé comme tant d'autres la République des copains, un réseau complexe dont les médias sont la clé et où on laisse passer peu d'informations qui ne soit pas préalablement filtrées et reformatées par l'idéologie dominante.

En tout cas le Daflon a visiblement été réévalué puisque le dernier avis date du 11 mars 2005. Nos félicitations d'abord à la commission qui daigne enfin réaliser des avis conséquents et correctement argumentés. Fini donc, pour toujours j'espère, les avis de trois lignes se résumant en pétitions de principe. L'approche de cet avis est strictement médicale et les données sur la biochimie et la pharmacologie même élémentaire en sont absentes (on ne saura pas par exemple que la diosmine est transfomée en un métabolite actif la diosmétine). On pourra à ce sujet consulter par exemple la monographie récente de Alternative Medicine Review (voir notre présentation cette revue) sur la Diosmin. Ce manque n'est pas anodin car, lorsque l'on a un doute au vu des études cliniques sur des patients, et que l'on sait que le métabolite est bien distribué dans l'organisme vers le tissus cibles et que d'autres études permettent de clarifier son action pharmacologique favorable sur les tissus veineux cela pourrait éclairer la décision. Ce n'est pas l'orientation retenue par l'évaluateur.

Il faut également souligner la négligence du laboratoire qui n'a pas demandé d'élargissement de son AMM en particulier à la cicatrisation des ulcères qui constituaient pourtant une AMM bien définie pour lesquels plusieurs études récentes que la commission a refusé d'examiner ont été réalisées. Le refus tient à ce que seuls les études correspondants aux indications sont retenues. On est quand même choqué selon le principe "qui peu le plus peu le moins" que des pathologies graves comme la cicatrisation des ulcères veineux ne soient pas prises en compte alors qu'elles permettent de se faire une idée quand même assez précise de l'action générale du produit sur les tissus veineux. Il y a quelques chose de spécieux dans la façon dont l'AFSSAPS récuse ces études dont certaines récentes.

Ceci dit on est quand même aussi frappé par le morcellement et le soupoudrage des études que pratique le fabricant dans une optique probable de faire parler du produit sans vraiment mener des études fortement structuées et démonstratives. Nous avons dit un mot de ce problème à propos des statines sur "les essais de phase IV" qui sont les études que mène le fabricant après l'obtention de l'AMM (autorisation de mise sur le marché).

On sait que tout le problème tient au fait que lorsque les études en double aveugle se sont imposées dans les années 50-60 comme préalable à la mise sur le marché des médicaments, la contrepartie colossale accordée à l'industrie pharmaceutique a été que la direction des essais était totalement abandonnée aux laboratoires, ceux-ci n'étant d'ailleurs même pas astreints à les publier de façon exhaustive. Cela veut dire que dès le départ les gouvernements nationaux ont totalement renoncé à piloter la politique du médicament selon des intérêts de santé publique. Cela veut dire aussi au passage que déjà à l'époque il y avait de gigantesques lobbyes professionnels organisés au niveau international pour soutenir les choix des industriels privés et qui ont réussi à imposer dans les coulisses à tous les grands pays industriels les mêmes choix aberrants de santé publique. Ce sont tous ces organismes, tel la commission trilatérale et d'autres structures confidentielles du même type qui, depuis l'après 2e guerre mondiale, créent massivement du  consensusréglementaire entre décideurs publics et privés et médias au mépris de la réflexion démocratique et du débat d'idée ouvert, le seul qui puisse dégager les enjeux et de prendre en compte l'intérêt général. 45 ans après nous payons au prix fort les conséquences folles sur notre santé et sur nos dépenses publiques de ces choix catastrophiques. Ces choix sont aujourd'hui devenus de gigantesques routines bureaucratiques et économiques structurant des pans entiers de l'économie et que seul un énorme sursaut démocratique permettrait de réformer (lire aussi le journal du 24/11/05).

Cela explique que les entreprises du médicament aient pris l'habitude du n'importe quoi, que les AMM anciennes aient été délivrées pour des indications parfois fantaisistes, que le fabricant ne se donne même pas la peine de faire modifier son AMM au vu des études disponibles, etc. Dans l'idéal il faudrait que le gouvernement prélève une fraction du prix de vente des médicaments pour financer les études post AMM en fonction des intérêts de santé publique. Mais tout est lié et il est difficile de réformer l'aval quand à l'amont on continue à autoriser l'arrivée de nouveaux produits incroyablement mal évalués ! Lire par exemple ce qu'écrit Philippe Pignarre de l’Erbitux et d'autres pseudo innovations récentes dans une intéressante communication "L’avenir menaçant de l’industrie pharmaceutique" reprise sur le site de Martin Winckler. (dans notre article sur un ouvrage de Philippe Pignarre nous avons aussi évoqué le cas incroyable d'un autre produit de cancérologie, l'EPO (dans la section "Le privé est-il plus efficace?"). Tout cela ne risque pas de s'arranger comme le montre cet autre article de Philippe Pignarre "L’addition de Sanofi-Aventis", ou de l'art de construire un nouveau Titanic façon Crédit Lyonnais.

Ainsi la commission de la transparence peut-elle se montrer impitoyable dans son évaluation a posteriori d'un produit très sur et peu cher et d'un autre côté on laisse rembourser l'EPO ou l'Erbitux à des prix démentiels sur la base de données d'une étonnante inconsistance. Evidemment tout cela s'explique très bien dans la langue de bois ambiante : on remplace des produits "de confort" par des produits indispensables pour des pathologies gravissimes sur lequel il faut mettre "le paquet" pour sauver des vies. Ce discours est repris mot pour mot par tous les médias, mais si l'on se donne que la peine de gratter sous le discours pour s'intéresser à la réalité des faits, on est tout simplement atterré devant l'étendue de la gabegie et l'irrationalité des chois scientifiques ! Tout cela conduit à une catastrophe sur le long terme par l'éviction de produits surs et peu couteux par des produits nouveaux, hors de prix et pas mieux évalués que les anciens.

Puisque nous évoquions le prix il faut savoir que même si le Daflon et ses analogues coute cher compte tenu du volume de consommation, le prix de vente du Daflon est raisonnable. Cela tient surement à ce que ce produit très prescrit et ancien a eu une évolution de prix très encadrée depuis longtemps. J'ai souvent remarqué que, à qualité égale, la distribution des produits type suppléments nutritionnels en pharmacie française était énormément plus cher qu'aux USA. Ce n'est pas le cas pour ce produit. Il est vrai aussi que les américains s'intéressent à d'autres flavonoïdes et que les produits à base de diosmine sont rares aux USA (l'hespéridine est par contre bien connue et distribuée largement à un prix très raisonnable), les américains utilisant plutôt d'autres concentrés de flavonoïdes de plantes pour la protection veineuse. Même si le remboursement de 15% est faible, il devrait permettre d'éviter l'apparition de la publicité et l'explosion des prix de pharmacie qui accompagnent ordinairement le déremboursement complet des médicaments.

En conclusion on peut donc dire que la diosmine est un produit intéressant mais qui devrait s'inscrire dans une stratégie de médecine nutritionnelle globale de prise en charge des pathologies veineuses.

Lire  aussi le billet du - 02/02 - Remboursement des veinotoniques.

[Ajout 2014 :  La diosmine seule ou en combinaison avec l'hesperidine ou d'autres ingrédients se trouvent maintenant sur le marché des USA à des prix raisonnables. Par ex. chez Doctor's Best, "Best Vein Support, Featuring DiosVein", 60 Caps pour environ 17$ avec diosmine, hesperidine et un peu de vitamine K2]

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7 décembre 2005 :

Psychothérapie

Fin 2003 (deux ans déjà !) nous étions un des premier à mettre sur Internet un texte structuré et approfondi alertant sur le projet de loi sur la réglementation de l'exercice de la psychothérapie qui venait de passer sous la forme de l'amendement Accoyer. Notre texte avait été bien reçu par les psychothérapeutes opposés au projet. Un texte de loi profondément remanié et fort mal rédigé, car comportant des dispositions contradictoires, a finalement été voté et il va poser de sérieux problème de légalité au décret d'application indispensable pour l'entrée en vigueur du texte de loi. Dans les coulisses c'est toujours la coterie du député médecin Accoyer et de ses affidés, les "éradicateurs", qui semble s'activer et tirer les ficelles. Leur projet est de liquider les psychothérapeutes qui ne sont ni médecins ni psychologues, les psychanalystes ayant été finalement et provisoirement épargnés pour cause de rapport de force défavorable. Les choses bougeraient actuellement et le ministre de la santé voudrait apparemment finaliser la rédaction du décret en profitant des fêtes de fin d'année celles-ci étant peu propices à une mobilisation des acteurs concernés. Il a semblé un moment qu'une certaine ouverture se dessinait et que le ministère de la santé recherchait un projet consensuel pouvant satisfaire toutes les parties, mais plus récemment il semblait se confirmer qu'Accoyer, qui pèse lourd à l'UMP, suivait toujours de près la rédaction du décret. Accoyer s'était plutôt mis en retrait lorsque le sujet avait commencé à faire polémique dans les médias et avait laisser dépecer son texte initial sans trop broncher, en feignant bien évidemment de croire que l'esprit de son texte était respecté. L'intérêt médiatique étant retombé et le travail en coulisse lui étant sans doute plus propice, il s'activerait à nouveau.

La situation actuelle serait donc que le décret ne pourra probablement pas sortir sans qu'il donne son accord de principe sur son contenu, à moins que le premier ministre nl'impose une version plus consensuelle, mais une implication de Villepin dans ce dossier n'est pas l'hypothèse la plus probable. Le résultat risque d'être un texte hostile aux psychothérapeutes et d'une grande vulnérabilité juridique. Ce risque juridique pourrait aussi pousser à la rédaction d'un texte particulièrement ambigu. Bref, comme pour tant d'autres affaires, des mois de travail de hauts fonctionnaires vont probablement aboutir à un texte d'une remarquable médiocrité allant à contre sens des besoins de la société. Vive la France !

Depuis 2003 la situation a évoluée de façon contrastée. La volonté du gouvernement de ne pas se mettre à dos les psychanalystes, encore puissants et bien introduits dans les médias, a amené, sous la pression de l'opinion publique, à vider largement de son contenu un texte de loi initialement incroyablement liberticide (élimination de la plupart des psychothérapeutes non médecins ou psychologues - liste des psychothérapies autorisées fixées discrétionnairement par l'Etat !!!). Le législateur s'est une fois de plus ridiculisé dans l'affaire, en produisant un texte contradictoire dans sa formulation, mais il faut sans doute se réjouir de ce mauvais texte quand on sait à quoi on a échappé. Le décret sera probablement d'une extrême fragilité juridique, compte tenu des dispositions contradictoires portant notamment sur les catégories de populations soumises à obligation de formation. Cela va ouvrir la porte à de nombreuses possibilités de recours avec des protagonistes qui n'hésiteront pas à en appeler au juge si leurs intérêts sont trop manifestement lésés.

Du côté des mauvaises nouvelles il faut évoquer l'INSERM devenu un bastion du conservatisme médical le plus intransigeant, qui médicalise et biologise, rapport après rapport, toutes les dimensions des problèmes psychologiques. Seules les thérapies cognitives et comportementales et les médicaments ont désormais droit de citer, la dimension psychologique, psychosociale et économique des troubles de la personnalité est passée au karcher (après être entré en politique, cet outil s'utilise aussi largement de nos jours dans le domaine des sciences humaines). Le gouvernement soutient largement cette nouvelle machine de guerre qui vise à l'éradication de toute prise en compte de la complexité de la dimension humaine de la subjectivité (le retrait du rapport de l'INSERM sur l'évaluation des psychothérapies par Douste Blasy nous paraît l'exemple type d'une dangereuse et fausse victoire). Ce qui est nouveau c'est que le procédé de déligitimation et d'agression vise désormais très directement la psychanalyse et pas seulement les psychothérapeuties dites humanistes (ou "nouvelles thérapies" mises au point pour la plupart d'entre elles dans les années 60 à 80). Les psychanalystes qui se sont associés aux psychothérapeutes en 2003 et 2004, rompant avec des décennies d'ostracisme voient confirmés de façon éclatante la justesse de leurs analyses.

Du point de vue social et politique, on est frappé de voir combien dans l'idéologie en voie de radicalisation des nouvelles classes dominantes mondialisées, le système de contrôle social, dans lesquels les médias sous influence pèsent de plus en plus lourd, supportent de plus en plus mal le questionnement et la critique de l'ordre établi dont sont porteuses les sciences humaines en général et la psychanalyse et les psychothérapies en particulier. Seul le reformatage cognitif visant à une adaptation rapide aux contraintes sociales extérieures, sans recul critique sur la société et ses contraintes ni référence aux besoins profonds de l'individu est désormais toléré. Certes les thérapies cognitivo-comportementalistes sont plus diverses, parfois plus complexes et plus respectueuses des personnes qu'on ne le croit ou le dit, mais c'est bien leur image fantasmatique de normativité et d'usinage en série de la population en complément des insuffisances provisoires de la pharmacologie psychiatrique qui rassure l'idéologie dominante.

La société française qui est ressortie du référendum sur la constitution européenne dans un état de clivage entre classes dominés et dominantes comme on ne l'avait pas connu en France depuis des décennies, est dans un état de crise de légitimité majeure de son pouvoir normatif, ce qui ouvre des espaces de changement mais est aussi propice à des tentatives de reprise en main brutales passant par l'exploitation des angoisses et des peurs sociales de la population. Tout cela résulte notamment et à mon avis pour l'essentiel de la perte de contrôle des classes dirigeantes sur le contenu des médias indépendants sur Internet et de la professionnalisation et de la légitimation éditoriale croissante de ceux-ci. La comparaison éditoriale entre le contenu bidonné ou complètement stéréotypé des médias dominants et la recherche de pertinence et d'objectivité qui se développe dans les médias dominés est de plus en plus perceptible et crée une tension sans précédent dans la psyché collective depuis que le phénomène touche des populations qui deviennent conséquentes.

Le débat sur la psychothérapie à partir de la fin 2003 avait été comme un avant goût de ce que l'on observe aujourd'hui. Dossiers bidonnés ou au mieux stéréotypes éculés faisaient, à quelques notables exceptions près, le quotidien dans les médias dominants, en opposition à la mobilisation en réseau de nombreux sites internets déclinants différents points de vue critiques sur le projet de loi avec des contributions de grande qualité et un suivi impeccable de l'actualité administrative, politique et législative du projet. On assistait à des trajectoires étonnantes de différents protagonistes, à des changements de points de vue inattendus de certains acteurs du débat et au déplacement significatif de plusieurs frontières idéologiques permettant une redéfinition constructives des problèmes. Tout cela fut nouveau, remarquable et passionnant. En ce qui concerne l'exploitation des angoisses sociales on a joué à fond sur la dangerosité supposée des psychothérapeutes, le caractère non scientifique de leurs méthodes assimilées au charlatanisme, voire amalgamées au danger sectaire, argument massue pour clore le débat et mettre tout le monde d'accord !

Pour revenir plus directement au décret sur la psychothérapie : vigilance donc. Les acteurs les plus mobilisés et les contributeurs les plus réguliers au débat d'idée sont le SNPPSY et Bruno Dal-Palu de Psy en mouvement qui diffuse par émail une lettre d'information très pertinente sur la question. Ses propositions sur la formation prévue par la loi dans le domaine de la psychopathologie clinique consistent, si j'ai bien saisi sa pensée, d'une part :

- à fournir un tronc interdisciplinaire commun d'apprentissage aux psychothérapeutes dans le domaine de la psychopathologie clinique pour apporter un langage commun dans la discussion des cas entre professionnels et pour favoriser la gestion coordonnée et intégrée des soins apportés au patient dans la durée,

- et d'autre part apporter une déclinaison théorico-pratique propre à chaque méthode de psychothérapie pour la conduite du traitement, les méthodes de thérapies étant souvent très éloignées dans leur théorie et leur pratique, cette distinction doit pouvoir aussi s'affirmer pour la cohérence et la pertinence des soins propre à la méthode considérée.

Cette approche me paraît marquée par beaucoup de réalisme et de lucidité quant à la nature de la psychothérapie et à ses déclinaisons désormais très variées. Le conseil insistant de Bruno Dal-Palu d'éviter toute polémique agressive avec les cognitivo-comportementaliste (en leur refusant implicitement la qualité de psychothérapeutes digne de ce nom), afin de ne pas se créer, bien inutilement, de nouveaux ennemis me paraît également tout à fait argumentée et fondé. Chaque thérapeute doit pouvoir choisir la méthode qui correspond le mieux à ses conceptions théoriques et à son expérience et chaque patient doit pouvoir choisir la méthode de soins qui lui semble la mieux lui convenir. Dans le respect de ses deux contraintes tout le monde devrait pouvoir cohabiter harmonieusement sans polémique inutile. On ne peut que souhaiter un texte de décret qui respecterait ses règles de base du bien vivre ensemble en société. Regrettons à nouveau que ce ne soit pas dans ce sens que le gouvernement semble vouloir se diriger.

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6 décembre 2005 :

Silice

En France où on est particulièrement mal informé sur les suppléments nutritionnels, même si on parle de la silice (silicium) plus que d'autres produits, grâce, notamment, au fameux G5 de Loïc Le Ribault, produit à base de silice qui a valu de très sérieux problèmes judiciaires, bien peu mérités, à l'intéressé. A ce propos, je conseille la lecture des livres à compte d'auteur de Loïc Le Ribault qui sont particulièrement savoureux et très informatifs.

Il existe de nombreuses formes de silice assimilables. La capacité de l'organisme a assimiler certaines formes est souvent discutée. Le G5 a fait ses preuves, mais on a tendance à le présenter comme la seule forme assimilable, ce qui est inexact. Un autre produit intéressant est l'acide orthosilicique (OSA). Ce produit est vendu sous la dénomination de biosil en Europe et c'est je crois un produit belge (les chercheurs que nous évoquons dans la suite sont d'ailleurs belges). Aux USA il est distribué depuis peu d'années par la marque Jarrow sous la même dénomination. Il faut compter un peu moins de 20$ pour 100 jour de complémentation à 6 gouttes par jour (1goutte = 1mg de silice). Il y existe je crois pas mal d'études animales pour ce produit portant notamment sur la minéralisation osseuse et une étude humaine récente chez l'homme menée à Londres (avec 6 ou 12 gouttes par jour). Le produit à amélioré plusieurs marqueurs importants de la minéralisation osseuse chez des personnes à risque, en particulier le "Procollagen Type I N-terminal Propeptide (PINP)". Pour situer cet indicateur dans le remodelage osseux je conseille la lecture de cet article. Au bout d'un an, l'intérêt serait limité pour la colonne vertébrale, très efficace pour la production de collagène osseux, probable mais à vérifier pour la solidité du fémur. La liaison avec la synthèse du collagène donne à penser que l'acide orthosilicique pourrait être intéressant pour la synthèse de collagène dans l'ensemble des tissus concernés.

Nous avions évoqué la silice dans une section de notre article sur la vitamine C (chercher silice dans la page).Dans nos sites recommandés nous avons évoqué celui du Dr Passwater. Sur son site on trouvera, en complément de cette étude récente plusieurs articles. Une interview avec le Dr. Dirk Vanden Berghe rappelle qu'il s'agit surement d'un élément essentiel mais que pour les autorités de santé les connaissances scientifiques ne permettent pas de fixer des apports moyens recommandés ni de cerner avec suffisamment de précision les fonctions physiologiques dans l'organisme. L'interviewé montre que l'on a pourtant des notions solides sur le rôle de la silice et que l'OSA "procure des liens à l'intérieur et entre les chaines de polysaccharides des glycosaminoglycans (GAGs) et aussi facilite la liaison des GAGs à leurs protéines associées respectives. Dans la classe des GAGs on trouve l'acide hyaluronic, le sulfate de chondroïtine, l'héparine, la glucosamine, le sulfate d'heparan, le sulfate de keratan et le sulfate de dermatan.). L'OSA est l'agent structurel de fixation pour le réseau des GAG dans le cartilage, l'os et la peau. L'OSA améliore l'intégrité structurelle. L'OSA contribue ainsi à la forme, la résistance et la flexibilité de tous les tissus conjonctifs et de toutes les structures de polymères protéiques dans le corps. L'OSA stimule la synthèse du collagène et de la kératine. Des enzymes silicone-dépendantes assemblent des chaînes simples d'acides aminés en fibres de collagènes. L'OSA est un composant important des fluides de lubrification comme le liquide synovial et le mucus. L'OSA affecte aussi les matrices extra-cellulaires.[ma traduction - liens ajoutés par mes soins au texte original]"

Ces matrices extra-cellulaires qu'évoque Vanden Berghe sont les agents de structure de tous les tissus non osseux et elles fonctionnent aussi comme des systèmes de filtres d'une importance majeure pour toutes les cellules (pour les hormones, les nutriments, les toxines, etc.).

Tout cela ouvre des perspectives très stimulantes puisque l'OSA et les précurseurs des GAG peuvent être facilement apportés par la supplémentation alimentaire. Avec par exemple la chondroitine et la glucosamine que nous évoquions le 25/11 au propos de l'ostéoarthrite mais il existe d'autres produits intéressants comme l'acide hyaluronique que le Dr Passwater présente également dans une interview consacrée à ce produit dont le prix est désormais devenu abordable (il faut quand même compter environ 25$ pour un mois de supplémentation mais on peut diviser la dose par deux si on le prend à titre préventif dans le cadre d'une supplémentation alimentaire bien construite). Bien sur il y a aussi la vitamine C et les acides aminés qui servent à la synthèse du collagène. La supplémentation nutritionnelle comme système médical (la médecine orthomoléculaire) est un art de la coordination des apports en nutriments via les suppléments qui repose sur la compréhension détaillée des mécanismes physiologique et biochimiques stimulés par tel ou tel nutriment avec la relation avec les produits associés dans tel ou tel cycle métabolique. Lorsque l'on s'intéresse à un nutriment il convient de l'étudier per se mais aussi dans le contexte de la synthèse cellulaire et des organes cibles préférentiels, ce que nous faisons à l'occasion de ce bref tour d'horizon sur la silice.

Hormis les os et le cartilage, le collagène est fondamental pour la santé de la peau. C'est l'objet d'une interview en deux parties de Passwater avec les chercheurs Dirk Vanden Berghe and Andre Barel (2e partie).

L'action de l'OSA a pu être démontrée sur la santé de la peau, des ongles ou des cheveux. Ainsi pour la peau et en 20 semaines "les rides de surface sont améliorées de 30% et l'élasticité de la peau de 55%". En ce qui concerne la fonction de la peau "Beaucoup de problèmes de santé on leur contrepartie sur la peau. La peau et le plus important des organes du corps. La peau d'un adulte représente 15 à 20% du poids total du corps. La peau accomplie plusieurs fonctions vitales. Tout d'abord elle sert de barrière protectrice entre les organes internes et l'environnement (...)". Le vieillisement de la peau est très variable d'une personne à l'autre et une peau de mauvaise qualité manque de collagène et d'eau. C'est la qualité du collagène et des GAGs associés qui rend les tissus correspondant apte à une bonne hydratation.

Une des découvertes fondamentales de ces dernières années est que la silice n'est pas spécialement un agent de structure du collagène mais participe à deux systèmes enzymatiques qui catalysent la production de collagène. Des expériences ayant réussi à mesurer précisément l'apport en OSA ont montré un lien direct en très important entre apport en OSA et synthèse du collagène. Comme la silice a un rôle de catalyse la quantité d'OSA peut être très faible par rapport à la quantité de collagène produit. L'article se poursuit par une étude approfondie de la synthèse du collagène au niveau moléculaire avec le rôle de la silice et d'autres composants du collagène (intéressante mais assez technique). La 2e partie examine en détail le protocole et les résultats de l'étude des auteurs sur le vieillissement cutané.

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Créé le 22/11/05. Dernière modification le 19/06/12.