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Journal de bord de décembre 2009

Faute de temps pour écrire des pages longues, structurées et relativement exhaustives sur tel ou tel sujet, je laissais souvent passer sans les commenter ou les citer une multitude d'excellents articles sur Internet ou dans des revues, sans parler de livres que j'ai lu et sur lesquels je souhaiterais attirer l'attention ou faire quelques commentaires utiles pour le lecteur de ce site. D'où cette nouvelle rubrique "Journal de bord" que j'ai lancé à la fin novembre 2005. La santé sera comme d'habitude le principal sujet traité ici, mais pas le seul, mes intérêts dépassant souvent ce domaine. Comme pour les autres dossiers traités ailleurs sur le site j'espère pouvoir apporter des informations intéressantes et souvent difficilement accessibles au non spécialiste et tout cela sur un ton plaisant si possible ! Bonne lecture...

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Décembre 2009 - 25/12/09 : Quels sont les dangers du staphylocoque doré antibiorésistant SARM d'origine porcine ? Quelle est la responsabilité du SARM porcin dans les maladies nosocomiales hospitalière ? 19/12/09 : Gestion Santé a contribué à faire reformuler l'un des principaux multi-suppléments US, le Life Extension Mix ! 3/12/09 : Vitamine D et hépatite C

25 Décembre 2009 : Quels sont les dangers du staphylocoque doré antibiorésistant SARM d'origine porcine ? Quelle est la responsabilité du SARM porcin dans les maladies nosocomiales hospitalière ?

Une information tirée du blog de Fabrice Nicolino

Alors que l'on ne parle que de la grippe A(H1N1) pourtant bénigne et que l'on investit des sommes colossales le plus souvent à fond dilapidés pour lutter contre elle (vaccins et tamiflu ad nauseam), d'autres problèmes de santé publique d'une particulière gravité se développent dans l'indifférence quand ils ne font pas l'objet d'une occultation délibérée.

Nous avons eu l'occasion de tomber un peu par hasard récemment sur le blog de Fabrice Nicolino que certains connaissent peut-être pour ses ouvrages d'investigation sur divers sujets de société à l'intersection de l'économie, de l'écologie et de la santé publique, comme "Pesticides : Révélations sur un scandale français" (qui attend, faute de temps, au fond de ma bibliothèque d'être lu, depuis quelques mois...), "La faim, la bagnole, le blé et nous : Une dénonciation des biocarburants" ou le récent "Bidoche. L'industrie de la viande menace le monde".

Un de ses articles a plus particulièrement retenu notre attention, "Flagrant délit sur le staphylocoque doré (ce qu’on nous cache)" qui fait le point sur le SARM, en anglais MRSA ( Methicillin-Resistant Staphylococcus aureus) et qui établit un lien entre les maladies nosocomiales liées au SARM et la contamination des élevages porcins industriels au niveau mondial par cette bactérie.

Le staphylocoque doré (staphylococcus aureus) et le SARM antibiorésistant

La fiche de Wikipédia sur le Staphylocoque doré donne une bon aperçu de cette peu sympathique bactérie. Une autre page de Wikipedia évoque le SARM et une autre variété également antibio-résistante, le SARV. Par contre Wikipedia ignore pour l'instant complètement le problème posé par les élevages industriels de porc infestés aux USA, au Canada et dans plusieurs pays européens par le SARM. Le problème est très sérieux car les personnes travaillant dans l'environnement des porcs sont beaucoup plus porteurs du SARM que la population générale.

Une grande partie de la population humaine est porteuse asymptomatique du staphylococcus aureus mais pas des formes antibiorésistantes. Lorsqu'une personne a un problème de santé qui déprime son système immunitaire et / ou subit une intervention chirurgicale, qui permet au staphylocoque de pénétrer dans les organes, peuvent alors se produire de très graves problèmes de santé, que ce soit avec le staphylocoque doré normal ou le SARM. Les staphylococcus aureus "normaux" sont en effet tout aussi dangereux que les SARM mais alors qu'une antibiothérapie pourra venir à bout des formes normales, le SARM sera résistant à de nombreux antibiotiques ce qui pourra provoquer des complications gravissimes comme les septicémies et la personne infectée sera également susceptible de transmettre les germes résistants dans l'hôpital aux autres malades et au personnel soignant.

Une question fondamentale est donc de savoir si une bonne partie des infections aux SARM retrouvées en fin de course à l'hôpital n'auraient pas une origine porcine, les personnes contaminées via les élevages venant introduire et diffuser le germe à l'hôpital, alors que l'on supposait jusqu'à présent que les SARM des maladies nosocomiales (infections contractées dans un établissement de santé) avaient uniquement pour origine le développement de résistances aux antibiothérapies humaines.

Les incertitudes concernant la sélection et la circulation des SARM

En ce qui concerne le SARM hospitalier, Fabrice Nicolino donne à penser, mais sans vraiment apporter d'éléments de preuves, que l'explosion des maladies nosocomiales au SARM en milieu hospitalier au niveau mondial serait directement liée à l'infection des élevages de porcs. Mais les articles qu'il donne comme élément de preuve portent sur le développement très rapide des cas de SARM à l'hôpital, mais ces articles n'évoquent pas la question de savoir si les souches SARM rencontrées proviennent des élevages porcins. Comme les humains sont très souvents porteurs sain du staphylococcus aureus, les souches SARM peuvent très bien avoir été sélectionnées par le développement de résistances aux antibiothérapies humaines à répétition en médecine de ville et à l'hôpital et diffusées du fait des déficiences dans les mesures d'hygiènes dans les hôpitaux. Dans le cas de la France, on sait par exemple que l'amélioration des pratiques en matière d'hygiène et de lutte contre les maladies nosocomiales de ces dernières années, ainsi que la diminution nette, bien qu'encore très largement insuffisante des prescriptions d'antibiotiques en médecine de ville a permis de faire baisser ou de contenir (selon les régions) les contaminations au SARM et à d'autres bactéries à l'hôpital. Cel montre que si colonisation par des souches de SARM d'origine porcine existe, elle se fait selon des mécanismes très complexes et encore très mal connus. Il est donc particulièrement difficile de savoir quelle serait la part liée aux contaminations d'origine porcine.

L'étendu de la contamination des élevages et ses conséquences

En tout cas, le SARM porcin existe bel et bien dans les élevages où la contamination est souvent massive et il a été sélectionné in situ dans les élevages industriels par des traitements systématiques aux antibiotiques. Lorsque nous avions écrit en 2003 notre article "Angine et surprescription générale des antibiotiques en France", nous avions évoqué dans une des parties la question de "La résistance aux antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire" et indiquions que "La résistance aux antibiotiques trouve peut-être aussi une partie de son origine dans l'élevage industriel (par opposition à l'élevage traditionnel), où les animaux sont bourrés d'antibiotiques pour augmenter leur vitesse de croissance et éviter qu'ils ne soient décimés par les épidémies liées à une excessive promiscuité (cas des élevages de poules pondeuses, des porcheries industrielles, des "usines à lait"...)." Nous montrions aussi l'opacité des pouvoirs publics dans ce domaine et la très grande difficulté de savoir si les types d'antibiotiques utilisés en médecine vétérinaire étaient susceptibles de sélectionner des bactéries résistantes aux antibiotiques utilisés en médecine humaine. A l'époque en analysant un article du journal Le Monde sur la question, je montrai qu'on y trouvait tout et son contraire d'un paragraphe à l'autre : les antibiotiques vétérinaires étaient différents des antibiotiques humains et il n'y avait donc pas de problème, mais plus loin on apprenait que différentes "classes" d'antibiotiques humains et animaux se superposaient et donc que la résistance aux antibiotiques vétérinaires risquait de sélectionner des souches bactériennes résistances aux antibiotiques humains... Cela donnait une bonne idée du discours contradictoire et de l'omerta qui régnait à cet époque dans les milieux officiels de l'agriculture et de la santé sous la pression des lobbies de l'agrobusiness. En tout cas une question importante serait de savoir quelles sont les antibiothérapies vétérinaires qui entrainent le développement du SARM chez le porc avec probablement une situation assez différente aux USA et en Europe, les classes de médicaments utilisés étant sensiblement différentes.

Si comme il est probable la contamination des élevages porcins est relativement ancienne (mais il semble y avoir peu d'informations sur l'ancienneté de cette contamination) on ne peut pas exclure qu'un flux important de contaminations en provenance d'élevages industriels se soit progressivement répandue dans les hôpitaux via des patients contaminés. Mais il faut bien comprendre qu'il s'agit d'hypothèses et non de certitudes établies. Néanmoins la contamination actuelle, et à un niveau souvent élevé, des élevages de porcs dans de nombreux pays d'Europe étant établie, il convient d'étudier les moyens qui permettraient de diminuer l'infection dans les élevages et de prendre des précautions particulières pour les travailleurs infectés et leur famille qui risquent d'être porteurs du SARM.

Le site US Keep Antibiotics Working (KAW)

Pour en savoir plus nous avons consulté le site Keep Antibiotics Working (KAW) donné en lien par Fabrice Nicolino dont les informations nous ont semblé nuancées et pertinentes (mes traductions de l'anglais). "Ce que beaucoup de gens ne savent pas c'est que le SARM a également été retrouvé chez des animaux élevés pour l'alimentation humaine, en particulier les porcs. Ces animaux reçoivent souvent dans leur alimentation des antibiotiques à faible dose pour la prévention de diverses pathologies et pour favoriser la prise de poids, créant des conditions particulièrement favorables au développement de résistances des bactéries aux antibiotiques."

C'est KAW analysant une étude de Veterinary Microbiology (Khanna et al. 2007) qui explique que les porcs américains sont infestés par le SARM et que le personnel fermier est également souvent porteur du SARM dans des proportions beaucoup plus élevées que la population générale (qui en général est porteur des staphylococcus aureus non antibiorésistants). En ce qui concerne les variétés génétiques des SARM porcins transmissibles à l'homme, "Deux types différents de SARM ont été détectés chez les porcs canadiens. Une souche ST398 a été trouvée principalement chez les cochons et chez les personnes en contact avec ces animaux. L'autre souche USA100 était l'une des causes les plus fréquentes d'infection aux SARM dans la population des USA et du Canada. Les deux types de SARM sont connues pour avoir causé des infection sérieuses dans la population." Une étude plus récente de 2009 montre que dans l'Iowa et l'Illinois les porcs et le personnel en contact avec eux sont porteurs de la souche SARM ST 398 (porc infectés à 49% humain 45%). Il s'agit se "sondages" dans le cadre de recherches universitaires et KAW mène une action de lobbying, pour obtenir que des contrôles systématiques soient effectuées tant sur les animaux et que sur les travailleurs du secteur.

Dans ces conditions de "non recherche" on ne s'étonnera pas que l'on ignore quelle proportion de souches SARM humaine provoquant des problèmes de santé graves proviennent de la diffusion de souches de staphylococcus aureus d'origine porcine par rapport à celles sélectionnées seulement via des résistances aux antibiothérapies humaines. Mais les types de souches présentes chez l'homme pourraient provenir des élevages porcins. Il est cependant difficile d'être absolument formel puisque les études sur la question sont récentes et n'ont été réalisées que ces toutes dernières années, ce qui confirme au passage le laxisme inouï des autorités sanitaires dans ce domaine.

Une question annexe mais révélatrice est la façon dont les problèmes sanitaires posés par les élevages porcins mexicains qui avaient été évoqués au début de l'épidémie de grippe A(H1N1) ont été escamotés par l'OMS et les différents Etats, de façon aussi discrète qu'efficace, pour devenir rapidement un non problème. C'est très révélateur de la "culture" sanitaire qui règne dans ce domaine...

La situation européenne et le rôle de l'EFSA

Selon KAW la situation européenne serait meilleure que celle des USA du fait d'une législation européenne moins laxiste que la législation américaine. Par exemple les classes de médicaments données aux animaux se superposeraient moins aux classes humaines et, sous l'influence de deux pays "vertueux", la Suède et le Danemark, l'Union Européenne a banni récemment certaines classes d'antibiotiques spécifiquement destinés à promouvoir la prise de masse des animaux. Mais en fait KAW "rosit" la situation européenne ce qui lui sert à appuyer la faisabilité de ses propositions de réformes aux USA. la situation européenne est globalement encore très éloignée des bonnes pratiques suédoises et danoises qui bannissent l'utilisation préventive et curative en masse des antibiotiques sur les animaux, ce qui semble par contre être encore une pratique courante dans les reste de l'Union avec en plus toutes les incertitudes entourant les contrôles qui sont réellement effectués sur l'utilisation des antibiotiques dans les exploitations. On sait que dans ce domaine, en l'absence de contrôles fréquents et de sanctions dissuasives, la réalité est souvent très éloignée de la théorie...

L'EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) a mené des études sur le SARM au cours des dernières années. Nous avons par exemple consulté "Évaluation d’importance, du point de vue de la santé publique, de Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) chez les animaux et dans les denrées alimentaires". Ce document qui noie, de façon probablement délibérée, le lecteur avec des données techniques disparates sans en effectuer de synthèse intellectuellement exploitable par le profane, permet seulement de comprendre que les données de suivi animales et humaines sont encore très inuffisantes et doivent être développées dans les différents pays de l'Union. Une autre étude citée par Fabrice Nicolino, résumé en français, "Analyse de l’étude de référence sur la prévalence du Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) dans les exploitations ayant des porcs d’élevage, au sein de l’UE, 2008", étude complète en anglais, donne des tableaux de fréquence tellement bas en France pour le SARM comparé à ses voisins comme l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne et l'Italie (d'un facteur 10 !) qu'on s'interroge sur la cohérence et la fiabilité des méthodes de recueil et d'analyse utilisées, en particulier pour la France.

Conclusion

On peut donc constater le manque criant d'une expertise interdisciplinaire de qualité, indépendante des pressions politiques et économiques, entre les meilleures équipes de recherches en maladies nosocomiales humaines et animales. Celles-ci pourraient effectuer un état des lieux et définir un programme de recherche et formulant des préconnisations réalistes au service de la santé publique et des besoins de la santé animale qui ne soit pas perverti par les préoccupations de rentabilité capitaliste à court terme.

En tout cas, Fabrice Nicolino a bien raison de tirer la sonnette d'alarme et nous sommes confrontés à un vrai problème de santé publique agravé par les dérives anciennes dans l'élevage industriel et par l'extraodinaire négligence des pouvoirs publics à établir de bonnes pratiques vétérinaires ainsi qu'à mener les études de contrôle et de suivi indispensables. Néanmoins l'article de Fabrice Nicolino ouvre le sujet plus qu'il n'en fait un examen complet et nous ne manquerons pas de revenir, si nous optenons des informations complémentaires, sur cette importante question de santé publique.

Pour approfondir la question

L'école nationale vétérinaire de Toulouse a mis en ligne un cours très bien fait de A. Bousquet-Mélou "Antibiorésistance chez les animaux, usages vétérinaires des antibiotiques et santé publique" (d'importantes sections du texte sont en anglais) qui permet un tour d'horizon très complet des interractions entre santé humaine - élevage - animaux de compagnie - santé animale dont la lecture pourra compléter utilement ce billet.

19 Décembre 2009 : Gestion Santé a contribué à faire reformuler l'un des principaux multi-suppléments US, le Life Extension Mix !

Un petit autosatisfecit pour Gestion Santé en cette fin d'année, ça fait toujours du bien et nous n'en abusons pas, je crois !

Donc voici l'histoire. Il y a à peine plus d'un an le 30 novembre 2008 arrivait dans ma boite au lettre mail la Vitamin D Newsletter de décembre 2008 du Dr John Cannell un médecin psychiatre passionné par la vitamine D qui gère le site Vitamin D council que nous évoquons régulièrement lorsque nous traitons de la vitamine D, compte tenu de ce qu'il rend compte de façon très pédagogique et très pointue de l'état des connaissances sur cette vitamine.

La lettre de décembre évoquait les effets antagonistes de la forme active de la vitamine A, le rétinol sur la vitamine D. C'est pourquoi la lettre expliquait que l'huile de foie de morue qui contient beaucoup de vitamine A en plus de la vitamine D n'est pas un bon supplément si la vitamine A n'est pas éliminée.

En fait il y a deux formes de vitamine A, les caroténoïdes d'origine végétale, dont fait partie le beta-carotène des fruits et légumes et la vitamine A retinol, dont les formes physiologiquement actives sont le rétinol, le rétinal et l'acide retinoïque, que l'on trouve dans le foie des animaux terrestre et marins. Le retinol a une toxicité en cas de surdosage (notamment chez la femme enceinte) et c'est le seul qui ait un effet inhibiteur par rapport à la vitamine D. "Le surdosage par prise de très fortes doses de rétinol est bien documenté : hypertension intracrânienne, vertiges, alopécie, arthralgies, hépatomégalie et splénomégalie. Le surdosage de rétinol peut engendrer une hypovitaminose C et surtout un risque fracturaire. En effet de fortes doses de vitamine A peuvent stimuler la résorption osseuse et inhiber les ostéoblastes, contribuant ainsi au risque d'ostéoporose et de fracture du col du fémur" (Dr Catherine De Goursac) Il faut savoir que 6 mg de béta-carotène ont la même activité que 1 mg de rétinol. "Lorsqu'on consomme 5 fruits et légumes par jour, on reçoit 5 à 6 mg de bêta-carotène. Les caroténoïdes sont absorbés à moins de 50% et ont ensuite une activité rétinol like qu'à 1/12°" (même source Dr Catherine De Goursac - cet auteur dont l'article contient des informations factuelles pertinentes que j'utilise ici mais alimente par ailleurs les peurs habituelles en France à l'encontre des suppléments en se fondant sur une analyse superficielle des études publiées).

En lisant la lettre du Dr Cannell, je me suis souvenu que je m'étais parfois interrogé sur le niveau de vitamine A retinol de mon supplément de base, le Life Extension Mix (LEM) de la Life Extension Foundation (LEF) (je prend seulement 2/3 de la dose recommandée par le fabriquant), que je trouvai très élevé. Ce supplément contenait à l'époque comme source de vitamine A 54% de Betatene® D. salina, un extrait naturel de béta-carotène et accompagné de divers caroténoïdes; le reste étant sous forme de rétinol. Le Betatene® est un extrait breveté de l'algue verte Dunaliella salina réputée pour la qualité de son beta-carotène et de ses caroténoïdes.

C'est toujours le problème avec les suppléments "tous en un", très pratiques d'utilisation, mais où on est pas toujours en accord avec le détail de la composition. Malgré les hauts standards de qualité le LEM a d'ailleurs d'autres défauts par ex. il ne contient qu'une seule forme de vitamine E ce qui oblige à prendre les autres formes séparément. Mais dans le cas d'espèce je me suis concentré sur le problème du retinol, ayant un interlocuteur potentiel via le Dr Cannell.

Comme je l'écrivais peu après au Dr Cannel, le LEM m'apportait , avec mon dosage des 2/3 du montant recommandé, quand même un peu plus de 1500 UI de vitamine A acetate, ce que je trouvai trop élevé. Dans le mail, je suggérai au Dr Cannell d'utiliser son autorité en matière de vitamine D pour écrire une sorte de lettre ouverte amicale à LEF les invitant à reformuler leur produit en remplaçant l'essentiel de la vitamine A acetate par du beta carotène. Je me disais aussi que la reformulation de ce produit leader su marché aurait un effet positif sur d'autres prosuits du marché.

Je devais m'apercevoir que le Dr Cannell qui semble bien connaître les gens de LEF (qui font régulièrement depuis quelque temps allusion à son travail dans leur magazine - ici par exemple) leur avait tout simplement envoyé un petit mot avec copie de mon mail, accompagné de divers articles scientifiques pour défendre la position que je lui avais suggérée. C'est ainsi qu'à la mi-décembre 2008 j'eu la bonne surprise d'être mis en copie d'un mail de réponse de Bill Faloon un des co-fondateurs de LEF indiquant au Dr Cannell qu'il allait faire étudier par ses équipes les articles fournis par le Dr Cannell pour savoir si le rapport bénéfice - risque de l'acide rétinoïque justifiait son remplacement partiel ou total par du béta-carotène. Pas de nouvelle jusqu'à ce que ces jours-ci où j'ai eu l'occasion de consulter la formulation du LEM et de découvrir une mise à jour probablement toute récente avec :

Vitamin A (as 90% Betatene® 1 D. salina natural ------------------ 5000 IU
beta-carotene with mixed carotenoids and 10% acetate)

Autrement dit le béta carotène est passé de 54% dans la version précédente à 90% dans la version actuelle, ce qui est tout à fait satisfaisant puisque l'acide rétinoïque ne constitue plus que 10% de l'apport soit 500UI. En parallèle la dose de vitamine D est passée de 1000UI à 2000UI.

Donc un an pour faire reformuler un produit aussi connu et important, c'est très raisonnable. Gestion Santé est vraiment heureux et fier de sa modeste mais réelle contribution dans cette affaire.

Bonne fête si je ne poste pas de nouveau billet d'ici là

Jacques Valentin

3 Décembre 2009 : Vitamine D et hépatite C

Il y a presque chaque semaine des résultats remarquables concernant la vitamine D. Cela nous avait d'ailleurs amené à regrouper l'ensemble des billets que nous avons écrits sur la question dans une page sépcifique "Quoi de neuf sur la vitamine D". Les derniers résultats dont nous allons parler concernent un effet antiviral possible sur le virus de l'hépatite C. Rappelons que la vitamine D stimule des facteurs cellulaires qui interviennent dans la production de peptides antimicrobiens et de facteurs qui stimulent la différenciation des cellules immunitaires. On soupçonne donc la vitamine D d'être un antiviral et un antibactérien puissant, même si l'importance de l'effet serait encore à préciser selon les souches virales et bactériennes et à démontrer par des études ad hoc. Etant donné que la quasi totalité de la population française est déficiente en vitamine D en hiver par manque d'irradiation par les UB-B solaires et que d'autre part les chercheurs relèvent constamment les besoins en vitamine D (lire le dossier vitamine D du site Lanutrition.fr), ces données sont très importantes et il est important de suivre l'actualité scientifique sur ces questions.

C'est dans ce contexte qu'une nouvelle étude vient d'être publiée concernant le traitement de l'hépatite C. Le traitement de référence de l'hépatite C consiste en une bithérapie longue et souvent invalidante avec un pourcentage d'échecs élevé. Le traitement étant très coûteux les firmes pharmaceutiques lancent régulièrement des essais thérapeutiques pour tenter de concurencer la bithérapie de référence qui est une association d'une variété d'interféron et de ribavirine. Les résultats actuels restent dans l'ensemble décevants même si on parle beaucoup des effets plus ou moins importants sur la charge virale des différents traitements nouveaux ou anciens pour masquer les échecs à obtenir une véritable guérison ou même une baisse durable de la charge virale chez une majorité de patients après la fin du traitement.

C'est dans ce contexte qu'un chercheur israélien, Saif M. Abu-Mouch, sans doute suite à tout ce qui s'est publié récemment sur la question de la vitamine D a eu l'idée de rajouter de la vitamine D à la bithérapie standard de l'hépatite C. [ma traduction de l'anglais dans la suite de l'article "Vitamin D has benefits in chronic HCV infection (Medscape - 9 Nov 2009)"

"Dans cette étude, 58 patients atteints d'un HCV confirmé (de génotype 1) ont été distribués au hasard pour être traités avec du peginterferon-alfa2b (1.5 µg/kg toutes les semaines) plus ribavirin (1000 to 2000 mg/jour). 31 patients ont également reçu de la vitamine D (1000 à 4000 IU/jour ; serum level >32 ng/mL).

Le groupe sous vitamine D avait un plus fort taux moyen d'index de masse corporelle (27 vs 24 kg/m2 ; P < .01), de charge virale (68% vs 58% ; P < .01), et de fibrose (Metavir scores > F2, 55% vs 18% ; P < .001) que le groupe ne recevant pas de vitamine D. Les critères démographiques, les caractéristiques de la maladie, l'ethnicité, les paramètres biochimiques de base et l'adhésion au traitement ont été similaires dans les deux groupes étudiés.

Une réponse virologique rapide a été observée à la semaine 4 dans 44% du groupe sous vitamine D et dans 18% du groupe contrôle. A la 12e semaine, comme le Dr. Abu-Mouch l'a expliqué à Medscape Gastroenterology, 96% du groupe sous vitamine D (26 des 27 patients) étaient HCV RNA-négatif, selon une estimation effectuée par la reverse-transcriptase polymerase chain reaction, comparé à 48% du groupe de contrôle (15 des 31 patients), ce qui est une différence significative (P < .001), a-t-il déclaré.

La combinaison de peginterferon et de ribavirine, le traitement standard pour le HCV chronique, obtient une réponse virologique prolongée dans 40% à 50% de la population de patients naïfs de traitement atteints pour le génotype 1, ont expliqué les chercheurs dans le compte rendu de présentation. La vitamine D en combinaison avec le peginterferon-ribavirine "pourrait avoir des effets de synergie" a expliqué le Dr. Abu-Mouch."

Commentaire de Gestion Santé :

Le résultat de cette recherche est en tout point remarquable. L'échantillon est faible mais le résultat est démonstratif du fait de la puissance de l'effet obtenu avec 26 des 27 patients sous vitamine D séro-négatifs en fin de traitement.

Le compte rendu est intéressant mais il manque le taux de vitamine D plasmatique du groupe non supplémenté en vitamine D comparé au groupe traité. On ne comprend pas bien non plus ce qu'il faut comprendre par la prise de vitamine D de 1000 à 4000 IU/jour. S'agit-il d'une variation dans le temps ou de dosages différents pour les patients en fonction du taux de vitamine D sanguin initial, de façon à avoir un taux plasmatique relativement uniforme dans le groupe traité ? Une des choses qui m'a le plus étonnée est qu'un tel effet puisse être atteint avec ces apports en vitamine D que je trouve assez modestes. Comme le rappelle le Dr Mercola, les cliniciens en pointe sur la vitamine D préconisent d'atteindre des taux plasmatiques sensiblement supérieurs, surtout lorsqu'un effet thérapeutique est recherché. Dans cette optique le taux plasmatique optimum serait dans la fourchette 50-65 ng/mL, bien supérieur au 32ng/mL de l'étude, mais là encore prudence, car le résumé indique seulement serum level >32 ng/mL ce qui là encore est assez vague. Ajoutons que l'étude se passe dans un hôpital israélien une région nettement plus ensoleillée que le l'Europe occidentale, ce qui explique que l'on ait pu augmenter le taux plasmatique avec des apports relativement modestes de 1000 à 4000 UI de vitamine D qui seraient probablement nettement insuffisants ailleurs.

Il serait en tout cas intéressant d'étudier la vitamine D en monothérapie en visant des taux plasmatiques de 50-65 ng/mL, voire même une cible thérapeutique de 65-90 ng/mL, la limite de sécurité thérapeutique de la vitamine D étant de 100ng/mL, afin d'étudier les effets de quelques mois de traitement sur la charge virale. Ces recherches seraient à rapprocher de celles ayant mis en évidence que de l'ordre de 20% des personnes atteintes par l'hépatite C guérissent spontanément. Ces guérisons spontanées sont probablement liées à l'intensité de la charge virale initiale qui serait plus faible chez les personnes ayant guéri, mais aussi, selon la revue Science "à l'action de gènes capables de supprimer le système de freinage de certaines des défenses immunitaires de l'organisme, les cellules naturelles tueuses." Or nous retrouvons là le mode d'action spécifique de la vitamine D sur le système immunitaire.

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Créé le 20/11/09. Dernière modification le 19/12/09.